DAZN détient les droits de la Jupiler Pro League et ne trouve pas, pour l’instant, d’accord avec les diffuseurs pour les retransmettre. Un sacré blocage devenu un test qui tombe à point nommé.
Le championnat de Belgique de football a démarré et personne, ou presque, ne l’a vu. Ni en direct ni même en résumé lors du fameux «Studio Foot» du samedi soir, du «Week-end sportif» du dimanche ou des journaux télévisés dominicaux. Pour pouvoir accéder aux premières joutes de l’élite du football belge, il fallait passer par les portiques des stades ou le détour d’une application. Celle du diffuseur DAZN, acquéreur des droits télévisés des deux compétitions professionnelles nationales (la Jupiler Pro League et la Challenger Pro League) en décembre dernier contre la somme de 84 millions d’euros pour la période allant de 2025 à 2030.
Puisque cette somme était bien inférieure à celle du contrat précédent –de 2020 à 2025, les droits s’étaient vendus à 100 millions d’euros–, les opérateurs qui servent de relais entre le détenteur des droits et les téléspectateurs espéraient également revoir leur investissement à la baisse. Vingt pour cent de réduction dans les négociations entre la Pro League et DAZN, cela ne devait-il pas équivaloir à 20% de ristourne de DAZN à Proximus et VOO? Le DAZN Group, société britannique de streaming en ligne, répond «non», justifiant que les droits de diffusion du football en direct n’avaient, dans le package global de la négociation, diminué que de 7% à 8%.
Faute d’accord financier, ragaillardi par les 200.000 spectateurs recensés devant la finale de la Coupe du monde des clubs entre le PSG et Chelsea, diffusée –gratuitement– sur son application le 13 juillet, DAZN a donc durci le ton et rompu les négociations à la mi-temps du mois de juillet. La Supercoupe de Belgique entre l’Union et le Club de Bruges, puis le début du championnat ne seraient disponibles que sur son application. Une façon de mettre la pression sur les opérateurs, selon les uns, une manière de tester le marché pour éventuellement contourner cette négociation à l’avenir, pour d’autres habitués du milieu. Si le fan de football belge s’abonne directement à son application, DAZN aura plus que jamais la main sur un ballon rond belge auquel il dicte déjà le tempo depuis plusieurs saisons.
La Pro League au service de DAZN
Interrogé par Het Laatste Nieuws, Lorin Parys confirme indirectement la puissance de son détenteur de droits. Le CEO de la Pro League défend la posture de DAZN, et lui sert presque de délégué commercial: «Le fan devra installer une application si aucun accord n’est conclu avec les distributeurs classiques.» La posture, critiquée par Testachats, raconte l’histoire d’un championnat belge qui doit désespérément se vendre au plus offrant, à l’heure où les droits télévisés restent les revenus les plus sûrs des clubs professionnels face aux aléas que représentent les résultats sportifs ou le marché des transferts. C’est ainsi que Lorin Parys explique fièrement que la Supercoupe de Belgique, uniquement diffusée par DAZN sur son application, a occasionné 200.000 visionnages, sans qu’on puisse affirmer pour autant que la rencontre a été suivie par un tel nombre de spectateurs.
Le blocage donne ainsi l’opportunité au détenteur des droits de tenter une connexion directe avec les spectateurs, multipliant les promotions pour les attirer sur sa plateforme qu’il rêve comme un «Netflix du sport». De 25 euros par mois en s’engageant pour un an, l’offre diminue ainsi à 20 euros en cas d’abonnement avant la fin du mois d’août; DAZN a proposé par ailleurs une première semaine d’essai gratuite, résiliable sans engagement pour donner un aperçu du produit à l’occasion de la première journée de la saison. Sur les réseaux sociaux, les influenceurs/commentateurs et même les relais médiatiques sont également appelés à la rescousse pour vanter les mérites du produit. Il est évident que DAZN «teste le marché», et tirera très vite les conclusions de cette expérience pour savoir si le consommateur belge de football est prêt à délier plus grands les cordons de la bourse pour ne pas manquer les prestations de son club favori.
La Pro League, elle, devra trouver une solution si le scénario rêvé de DAZN n’aboutit pas. Car les agences de paris sportifs qui paient pour afficher une publicité très peu subtilement détournée à l’avant des maillots des plus grands clubs de l’élite se satisferont bien peu de ce championnat qui a débuté sans que personne, ou presque, ne puisse le regarder.
Le guide du championnat sur levif.be
Chaque année, le «Spécial compétition» hérité de l’époque de Sport/Foot Magazine est publié sous la bannière du Vif Sport. Une publication généralement prévue avant le coup d’envoi de la première journée de championnat, mais dont la date de sortie n’était plus vraiment en phase avec la réalité du terrain footballistique national.
Marquée par le mercato en sa qualité de championnat de transit, la Jupiler Pro League se dessine jusqu’aux derniers instants du marché des transferts. C’est donc en septembre, après la fin de celui-ci, que la version papier du Guide du football belge sera publiée, présentant les trois premières divisions masculines et l’élite du football féminin dans un magazine de 200 pages.
Pour que le fan de football belge ne soit pas orphelin à l’heure d’aborder les premiers matchs de sa compétition préférée, levif.be a mis en ligne un dossier de seize articles, présentant chaque participant au championnat de D1 entre focus sur les nouvelles têtes, les hommes forts qui dictent le destin sportif des équipes ou les grands enjeux de leur saison. Ce guide digital est à découvrir ici.