La défense de l’Union et l’attaque du Standard ont battu des records cette saison. Dans les huit meilleurs championnats d’Europe, personne n’a fait mieux que les uns, ou pire que les autres.
Cette saison, ils se sont rencontrés deux fois. C’étaient deux des 20 clean-sheets (match conclu sans encaisser de but) rendus par Anthony Moris, le dernier rempart de l’Union Saint-Gilloise. Tout en étant deux des 20 rencontres bouclées par le Standard sans avoir fait trembler les filets adverses. Un scénario presque prévisible, donc, tant les deux équipes se sont distinguées en la matière au cours de cet exercice. Pas seulement à l’échelle belge, mais aussi à celle des autres championnats du Vieux Continent.
Si on ne prend que le chiffre brut, les 28 buts concédés par l’Union Saint-Gilloise sur les 40 étapes de son parcours de championne de Belgique ne sont pas un record. Egalement champions sur leurs terres, le Napoli (Italie) et le Sporting CP (Portugal) ont bouclé la saison en n’encaissant qu’à 27 reprises. Cependant, les championnats italien et portugais sont plus courts que le belge, avec respectivement 38 et 34 journées disputées.
En équilibrant les chiffres en fonction du temps de jeu au cours de la saison, les Lisboètes affichent ainsi un rythme d’un but concédé toutes les 113 minutes. Les hommes d’Antonio Conte, l’entraîneur de Naples, font mieux avec un but encaissé toutes les 127 minutes, mais la performance défensive reste inférieure à celle des coéquipiers de Christian Burgess, patron de la défense de l’Union. Les Saint-Gillois ont conclu la saison à la moyenne d’un but concédé toutes les 129 minutes. Personne ne fait mieux que les Unionistes dans les huit meilleurs championnats d’Europe (en se fiant au coefficient UEFA, qui classe les ligues en fonction des performances de leurs représentants dans les compétitions continentales, cela concerne donc l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Portugal et la Belgique).
De l’autre côté du terrain, le Standard sort d’une saison exceptionnellement négative. Si la solidité défensive des Rouches, mise en place par Ivan Leko, a permis aux Liégeois de passer la saison à bonne distance de la zone dangereuse et même, par moments, de rêver d’intégrer le top six, le plan du Croate a été particulièrement minimaliste offensivement. Loin des idées qu’il avait mises en place à Bruges ou à l’Antwerp, Leko a piloté son Standard sans quitter ses rétroviseurs des yeux. Au final, Andi Zeqiri, meilleur buteur de l’équipe, et ses coéquipiers n’ont fait trembler les filets que 27 fois cette saison. C’est, par exemple, neuf buts de moins que le Beerschot, lanterne rouge tout au long de l’exercice et très rapidement condamné à la relégation.
Là aussi, le chiffre brut n’est toutefois pas le pire quand on franchit les frontières. En France, Montpellier n’a marqué que 23 fois, tout comme Almere aux Pays-Bas. Les Anglais de Southampton et les Espagnols de Valladolid n’ont inscrit que 26 buts. Point commun de toutes ces équipes: elles quitteront la première divison de leur pays au terme de la saison, tout comme les Portugais de Boavista et leurs 24 petites roses plantées. Leurs compatriotes d’Estrela Amadora, 24 buts également, réalisent l’exploit de se maintenir malgré ce bilan offensif famélique, à l’image du Standard.
Tous ceux-là présentent toutefois un bilan moins «impressionnant» quand on le pondère au nombre de minutes jouées. Pire élève sur le papier, le club français de Montpellier a ainsi inscrit un but toutes les 133 minutes jouées, soit 0,676 but par match. C’est un rien mieux que le Standard, avec son but toutes les 133,3 minutes et son 0,675 but par rencontre. Comme l’Union, mais de façon bien moins glorieuse, les Liégeois s’offrent donc un «record» de la saison parmi les huit meilleurs championnats d’Europe. Une invisibilité offensive qui agace déjà Marc Wilmots, le nouveau directeur sportif qui a promis de faire en sorte que le spectacle revienne à Sclessin.
Pour trouver mieux, ou pire, il faut élargir à la neuvième compétition continentale: le championnat de République tchèque. Là, les champions du Slavia Prague n’ont encaissé que 18 buts en 35 matchs, soit un but toutes les 175 minutes disputées. A l’autre bout du classement, le club de la ville de České Budějovice –plus généralement réputé pour être le lieu de fabrication de la bière Budweiser– n’a inscrit que seize buts en 35 rencontres, donc un but toutes les 242 minutes. En moyenne, cela fait plus de cinq mi-temps consécutives nécessaires pour marquer un but.
Long, encore plus que les interminables moments passés à attendre de voir les filets trembler du bon côté depuis les gradins rouches.