Rudi Garcia quittera Washington avec le sourire: ses Diables rouges ont hérité du groupe le plus abordable de la Coupe du monde 2026. Même les deux matchs suivants devraient être prenables, selon les probabilités des meilleurs troisièmes à affronter.
Au 86e rang du classement FIFA, la Nouvelle-Zélande est -et restera sans doute après les barrages, sauf énorme surprise- la nation la moins bien classée parmi celles qui participeront à la Coupe du monde 2026. Le petit poucet océanien est venu compléter le groupe G, celui d’une Belgique déjà épargnée par les pots précédents. Du deuxième, celui des dangereux Sud-Américains ou des demi-finalistes malheureux de 2022 (Croatie et Maroc), les Diables rouges ont vu sortir l’Iran. Du suivant, où le spectre de la Norvège effrayait, c’est l’Egypte d’un Mohamed Salah invisible depuis plusieurs mois avec Liverpool qui a jailli.
A eux trois, les adversaires de la Belgique lors de la phase de poules recensent quatre joueurs évalués au-delà des cinq millions d’euros par le site Transfermarkt: les Egyptiens Marmoush et Salah, l’Iranien Azmoun et le Néo-Zélandais Wood. Lors des douze derniers mois, la Belgique a convoqué 30 joueurs cotés à plus de cinq millions. Le gouffre est tel que Bryan Heynen, le capitaine de Genk, serait entre la troisième et la première marche du podium des joueurs les plus chers dans l’effectif des trois concurrents de l’été américain.
Autant dire que sur le papier, tout autre résultat qu’une première place à l’issue de la phase de groupes serait une contre-performance majeure de la Belgique. Rudi Garcia dira, à raison, qu’il n’y a plus de petites équipes et que chaque adversaire doit être respecté, mais les Diables devront bien admettre que les grandes équipes ne se bousculent pas sur le début de leur chemin estival.
Trois matchs de suite à Seattle?
Au-delà des adversaires, la question logistique était l’autre inconnue du tirage au sort de cette Coupe du monde jouée dans trois pays et sur quatre fuseaux horaires. En héritant du groupe G, la Belgique peut une fois de plus avoir le sourire. Parce qu’à part un déplacement initial à Los Angeles pour y défier l’Egypte, les Diables pourraient rester longtemps dans le nord-ouest des Etats-Unis au tournant des mois de juin et juillet prochains.
Vancouver puis Seattle, distantes d’un peu plus de 200 kilomètres, abriteront ainsi les duels belges contre l’Iran et la Nouvelle-Zélande. C’est dans cette ville de Seattle qu’on surnomme «Rainy City», «la ville de la pluie», que les Diables pourraient élire domicile à plus long terme. Pas par amour d’un climat aux allures nationales, mais parce que le vainqueur du groupe G disputera son seizième de finale et son huitième de finale dans l’enceinte du Lumen Field.
Au bout d’une saison marquée par de longs voyages, un enchainement de trois rencontres au même endroit serait une opportunité unique de s’économiser. Même le quart de finale se jouerait en terrain connu et sans quitter la côte ouest, puisque c’est un retour à Los Angeles qui attendrait les hommes de Rudi Garcia, sans doute pour y défier l’un des grands favoris de la compétition: l’Espagne.
Les Diables préservés jusqu’en quarts
Encore faut-il arriver jusque-là. L’avantage, c’est qu’il est hautement probable que la Belgique puisse atteindre les quarts de finale de l’épreuve sans défier la moindre sélection classée parmi les dix meilleures de la planète. Parce que malgré les grandes incertitudes que représentent le passage à 48 pays, l’ajout de seizièmes de finale et la qualification des huit meilleurs troisièmes des douze groupes, les probabilités sont en faveur d’une suite de compétition plutôt clémente pour les Diables s’ils finissent premiers de leur groupe.
En fonction de l’identité des huit meilleurs troisièmes de groupe, il existe 495 scénarios différents pour fixer l’adversaire que rencontrera le vainqueur du groupe G en seizième de finale, le 1er juillet à Seattle. Si le troisième du groupe A engrange suffisamment de points pour faire partie des heureux élus, il y a toutefois d’énormes chances qu’il soit sur la route de la Belgique à la sortie de la phase de poules. Dans 95% des 330 cas de figure reprenant une qualification du troisième du groupe A, il rencontre effectivement le vainqueur du groupe G à ce stade de la compétition. Cela mettrait donc sur le chemin des Diables la troisième meilleure équipe parmi: le Mexique, l’Afrique du Sud, la Corée du sud et une équipe européenne encore à déterminer (le Danemark, la République Tchèque, l’Irlande ou la Macédoine du Nord). En imaginant que le Mexique, pays hôte, fera certainement mieux qu’une troisième place dans ce groupe très ouvert, la Belgique a de très fortes chances de rencontrer une équipe classée au-delà du 20e rang mondial.
Si le troisième du groupe A ne récolte que trop peu de points pour passer l’écueil des poules, les Diables devraient rester à l’abri des ténors. Sans le groupe A dans l’équation, 49% des scénarios placent sur la route de la Belgique le troisième du groupe H. Probablement dominé par l’Espagne, sans doute suivie de l’Uruguay, ce groupe offrirait alors aux Belges un duel contre l’Arabie Saoudite ou le Cap Vert, 60e et 68e au classement mondial. 29% des cas de figure restants opposeraient la Belgique au troisième du groupe J, composé de l’Argentine (vainqueur probable), de l’Algérie, de l’Autriche ou de la Jordanie. Rien d’inabordable, donc.
Pas de top 10 mondial en huitièmes
Si des cas de figure moins fréquents (8% des possibilités) opposeraient la Belgique au troisième du périlleux groupe I (France, Sénégal et Norvège), la majeure partie des options offre aux Diables une voie très accessible vers le huitième de finale. Et là aussi, le hasard pourrait bien avoir souri à Rudi Garcia.
Toujours à Seattle, le 6 juillet, la Belgique affronterait le vainqueur du duel entre le premier du groupe D (Etats-Unis, Paraguay, Australie ou un Européen à choisir parmi la Turquie, la Roumanie, la Slovaquie et le Kosovo) et… un troisième de groupe. Très probablement (dans 66% des scénarios) le troisième du groupe B, l’un des moins relevés de la compétition. On y retrouve le Canada, le Qatar, la Suisse et un autre adversaire européen qui pourrait être l’Italie. Encore loin de voir l’Amérique, les Transalpins -s’ils ne finissaient que troisièmes de leur poule- deviendraient alors l’adversaire potentiel le mieux placé au classement FIFA, où ils pointent au douzième rang.
Les probabilités sont évidemment souvent démenties au fil d’une Coupe du monde, mais si la Belgique avait pu tracer son chemin idéal vers un quart de finale, stade qui représenterait automatiquement une réussite pour les Diables rouges, elle n’aurait sans doute pas osé imaginer une route si dégagée.