Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier | Sale temps pour les consultants: Anderlecht et le Standard ruinent les analyses basées sur la culture de l’instant

Guillaume Gautier Journaliste

Anderlecht qui bat Bruges, l’Union et Genk avant de s’effondrer à Westerlo, le Standard qui gagne deux fois en championnat mais est humilié en Coupe: les consultants continuent à donner leur avis, et il part dans tous les sens. Et si on parlait parfois des faits?

Il y a ceux, très nombreux, presque unanimes, qui avaient déjà condamné Dender à finir la saison en dernière position. Les hommes du jeune Hayk Milkon viennent de prendre huit points en quatre matchs, alors qu’ils n’en avaient conquis que quatre lors des treize premières journées.

Ceux qui ont vu dans la victoire d’Anderlecht en coupe contre Genk, précédée de peu par celles contre Bruges et l’Union en championnat, un indice condamnant les Mauves à devenir des candidats au titre dans les médias, avant une lourde défaite à Westerlo qui range déjà ce débat au placard.

Ceux, enfin, qui tentent de ne pas retourner leur veste toutes les semaines en évoquant la situation du Standard, capable d’enchaîner deux victoires à l’extérieur pour la première fois depuis une éternité, mais trébuchant contre Dender en Coupe au milieu de ces deux succès.

Ceux-là, ce sont les consultants. Ceux qu’on paie pour donner leur avis, presque systématiquement sur base de leur passé d’ancien joueur professionnel. Bras droit du commentateur pendant un match, star des caméras sur les plateaux des talk-shows, le consultant est devenu une figure incontournable du paysage médiatico-footballistique. Il doit s’exprimer souvent, généralement après chaque nouvelle journée de championnat, et doit surtout avoir des avis assez tranchés pour qu’ils puissent devenir des articles web ou des capsules vidéos virales. Certains sont devenus des spécialistes de l’exercice de la déclaration exacerbée, quitte à devoir dire tout et son contraire en l’espace de huit jours sans se baser sur grand-chose de factuel. Comme si leur voix et leur passif suffisaient à être crédibles, peu importe la qualité d’analyse du contenu. Inévitablement, même pour les critiquer, ce sont ceux-là qui font parler d’eux dans les conversations de buvette, de vestiaire ou de bureau autour du football belge.

Le plus étonnant, c’est peut-être que le spectateur accepte encore que ces analyses soient basées sur un simple ressenti. Un discours qui pourrait être le leur, sauf qu’il n’a pas la chance d’avoir chaussé les crampons pour affronter Manchester United ou enfilé un casque pour commenter des duels de Ligue des Champions. C’est toujours un débriefing de comptoir, mais dominé par ceux à qui la carrière offre un mégaphone et un piédestal.

Très rares sont ceux qui ramènent leur discours vers les faits. A l’heure où le football a embrigadé des scientifiques pour s’analyser, les consultants restent très souvent à l’abri de ces chiffres qui aideraient pourtant à mesurer leur discours. Au lieu de dire que le Standard ne sera jamais dans le top 6 au milieu du mois de novembre, puis de les voir installés au sixième rang au tiers de décembre, ils pourraient ainsi dire que les statistiques avancées montre que les Rouches ont eu de la réussite à Malines et au Cercle, et produisent toujours trop peu offensivement pour logiquement prétendre à s’installer dans les hautes sphères du championnat. Que malgré ses victoires contre Bruges et l’Union, Anderlecht est très loin des données qui feraient d’eux des champions en puissance. Que Saint-Trond est très cohérent, et Malines plutôt chanceux.

Tout cela serait certainement plus riche. On donnerait des faits pour permettre aux spectateurs de se faire leur avis. Logique? Oui. Propice à faire du clic? Probablement pas.

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