Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier | Rednic et Hasi, trop vieux pour bien coacher?

Guillaume Gautier Journaliste

Mircea Rednic a très vite rejoint Besnik Hasi dans la peu enviable caste des entraîneurs classés comme has been. Dans un championnat belge essentiellement coaché par des quadras, ont-il atteint la date de péremption?

Les milieux de terrain du Cercle courent partout, et ceux du Standard ne sont nulle part. C’est le résumé d’une première période qui glace un Sclessin pourtant bouillant avant le coup d’envoi de cette cinquième journée de championnat. Mircea Rednic s’adapte à la mi-temps, mais il est déjà trop tard. C’est 0-3, ça le restera, et le Roumain est au cœur de la cible. Ses Liégeois ont semblé découvrir en direct la façon dont jouaient et pressaient les Vert et Noir d’Onur Cinel, et la criante différence tactique plaide en sa défaveur.

Certes, Mircea Rednic n’a jamais été vu comme un grand tacticien. L’ancien défenseur du Standard n’a pas la réputation d’avoir la minutie organisationnelle de ceux qui font parfois du football un jeu d’échecs. En cela, il est un bon miroir de son directeur sportif, grand amateur de la simplicité du jeu et donc pourfendeur des fameux «laptop coachs», cette nouvelle génération qui manque souvent de vécu de terrain et prépare ses matchs derrière un écran. Pour lui, il était donc logique de miser sur le vieux serviteur roumain pour construire son nouveau Standard.

Tant pis si le choix détonait avec ceux posés sur les autres bancs du pays cet été. Parmi ceux qui ont changé d’entraîneur, l’Antwerp a confié son équipe à Stef Wils (43 ans), Malines à Fred Vanderbiest (47 ans), le Cercle à Onur Cinel (40 ans), Gand à Ivan Leko (47 ans), OHL à David Hubert (37 ans) et Westerlo à Issame Charaï (43 ans). Une caste presque exclusive de quadras qui contraste particulièrement avec les 63 printemps de Mircea Rednic, alors que le football belge se rajeunit presque autant sur les bancs que sur les terrains.

Quand la tactique tourne au fiasco, le plus évident des raisonnements est de dire qu’un coach sexagénaire est «dépassé». D’un trentenaire, on aurait certainement dit qu’il n’était «pas prêt». Chez l’historique rival mauve, c’est le constat qui avait été dressé pour écarter David Hubert au profit de Besnik Hasi, jeune quinqua aux tempes déjà bien grises et donc «plus chevronné». Le football aime les raccourcis, même s’il est aussi capable de changer d’étiquette. C’est sans doute cela qui fait qu’à la tête d’un Anderlecht encore inégal depuis le début de saison, Hasi commence à intégrer aux yeux du grand public la dangereuse caste des has been. Personne ne dit pourtant ça de Thorsten Fink, deuxième coach le plus âgé du championnat (57 ans) et architecte de la tactique audacieuse et offensive de Genk. L’âge ne devient problématique que quand les résultats le sont.

En retournant vers des acteurs des épisodes glorieux de leur passé pour tenter de dessiner leur avenir, Rouches et Mauves prennent toutefois le risque de monter avec quelques gares de retard dans le train du football de demain. Parce que comme Kylian Mbappé le disait dans cette conférence de presse devenue virale, «le football, il a changé». Trop pour se permettre d’être surpris par la tactique d’un adversaire au coup d’envoi d’un match de championnat qu’on est censé avoir minutieusement préparé.

Ce qui n’a pas changé, en revanche, c’est que les étiquettes ont la vie dure. Comme Besnik Hasi, Mircea Rednic devra désormais vivre avec celle de coach dépassé. Bonne chance pour la décoller.

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