Sébastien Pocognoli quitte l’Union Saint-Gilloise en pleine saison, mais les champions en titre ont déjà prouvé que chez eux, l’identité du coach était un détail de l’histoire.
C’est, en quelque sorte, une histoire qui se répète. Parce qu’il y a bientôt quatre ans, dans les premiers jours de l’année 2022, c’est déjà en s’offrant les services d’un coach champion de Belgique en titre que l’AS Monaco a pansé les plaies de son banc de touche. A l’époque, Philippe Clement quitte Bruges pour succéder à Niko Kovac. Cette fois, c’est Adi Hütter –successeur de Clement en 2023– qui passe à la trappe, remplacé par Sébastien Pocognoli, champion de Belgique avec l’Union Saint-Gilloise au printemps dernier.
Il y a toutefois un point de divergence important entre les deux histoires. Au cours de sa troisième saison à la tête du Club de Bruges, Philippe Clement n’était plus aussi vénéré qu’au début de son mandat dans la Venise du Nord. Certains, dans les hautes sphères du Club, lui reprochaient des campagnes européennes toujours entamées de façon prometteuse, mais systématiquement conclues par de trop précoces désillusions. Sa relation avec les dirigeants s’était également dégradée, et l’arrivée de Monaco au cœur du dossier avait finalement été une forme de soulagement. Grâce à l’équipe du Rocher, toutes les parties s’en sortaient sans perdre la face.
Ici, le départ de Sébastien Pocognoli n’était pas vraiment souhaité par l’Union. Certes, les Bruxellois se doutaient que le coach encore trentenaire et résolument ambitieux ne battrait pas des records de longévité sur le banc du parc Duden. Il faut dire que la volonté des Saint-Gillois de fonctionner avec des contrats en dessous de la moyenne des clubs du top belge n’incite pas aux séjours à long terme en jaune et bleu. C’était d’ailleurs presque une surprise de voir Pocognoli entamer la saison sur le banc de l’Union, alors que chacun des exercices précédents depuis le retour au sein de l’élite avait été amorcé avec une nouvelle tête dans le costume de coach.
Dans ce scénario particulier d’un départ en cours de saison, la perte de Sébastien Pocognoli a l’allure d’un coup dur. Personne ne sait, cependant, si la destinée de l’ancien latéral gauche sera différente de celle de Karel Geraerts, parti de l’Union avec un quart de finale européen dans les valises mais seulement passé depuis par les deuxièmes divisions allemande et française. Ce qui est certain, c’est que les champions en titre sont probablement ceux chez qui la perte d’un entraîneur cause le moins de remous. Jamais l’équipe ou le club n’ont semblé perdre leur nouveau statut quand l’identité du coach a changé, parce que le modèle de fonctionnement mis en place par les dirigeants saint-gillois a fait de l’entraîneur un accessoire. Felice Mazzù, Karel Geraerts, Alexander Blessin et Sébastien Pocognoli n’avaient d’ailleurs pas grand-chose en commun, si ce n’est la connaissance des réalités du football belge, paramètre visiblement majeur dans l’équation unioniste.
Tout cela accouche d’un paradoxe: dans l’histoire de ce grand départ vers le Rocher, l’Union est la «victime» qui se retrouve sans le vouloir dans une situation inconfortable, mais on a beaucoup plus de doutes sur le succès futur de Sébastien Pocognoli que sur celui des Bruxellois.