La Pro League n’a offert que quinze buts à ses spectateurs en huit matchs ce week-end. Une mauvaise habitude qui se répète dans une saison avare aussi en show.
Cette année promettait du spectacle. Avec un changement de formule du championnat annoncé, les craintes d’une descente en deuxième division sont presque inexistantes. C’était donc l’année où jamais pour prendre des risques sur le terrain, avec un jeu plus ambitieux, des paris offensifs et des équipes qui ne jouent pas avec une calculatrice à la place du cœur. C’était, du moins, la teneur des discours sortis des couloirs des stades belges à l’entame de la saison. Cinq mois et seize journées de championnat plus tard, le verdict est pourtant étonnant.
On peut regarder le tableau depuis différents points de vue. Se dire que pour la première fois depuis le début des play-offs (en 2009-2010), quatre équipes font preuve d’une vraie solidité défensive, avec moins d’un but encaissé par match: l’Union, le Club de Bruges, Anderlecht et la RAAL La Louvière, quatuor particulièrement imperméable qui représente tout de même un quart du championnat.
Difficile, toutefois, de regarder le paysage footballistique belge sans se rendre compte d’un autre chiffre: en seize journées, et donc 128 matchs disputés, les seize clubs de l’élite n’ont marqué que 313 fois. C’est un (large) record négatif, puisque le jeu national version play-offs n’était jamais passé sous les 350 buts marqués à ce stade de la saison. En moyenne, les pensionnaires de Pro League ont marqué 19,6 fois, bien loin des marques les plus basses enregistrées lors des saisons 2013-2014 et 2015-2016 (22,2). En poursuivant dans le détail des chiffres, aucune équipe n’a inscrit plus de deux buts par match de moyenne, l’Union Saint-Gilloise, pourtant surtout solide défensivement, étant la seule équipe au-delà de 1,5 goal inscrit par sortie.
Alors que les champions en titre partagent leur temps de jeu offensif entre trois buteurs, tous installés dans le Top 5 du classement de la spécialité, personne dans les autres clubs de pointe ne semble en mesure de contester une hiérarchie des artificiers pourtant loin d’être spectaculaire. Parce qu’avec huit petits buts inscrits seulement, le milieu de terrain de Zulte Waregem Jeppe Erenbjerg est l’actuel meilleur buteur du championnat. Un milieu de terrain qui jouait encore en D2 la saison dernière, comme un symbole de cette Pro League où plus personne ne semble savoir marquer. Bruges se cherche un buteur de référence depuis plusieurs saisons, Anderlecht n’a pas encore trouvé un dévoreur de statistiques aussi gourmand que Kasper Dolberg, et même Genk ne parvient pas à faire marquer son attaquant de pointe, Jusef Erabi, malgré une copieuse production offensive.
A l’heure où les buteurs deviennent de plus en plus rares, les talents offensifs hors du commun sont rapidement accaparés par les clubs des grands championnats sans passer par l’étape de la Pro League. Celle-ci doit alors souvent miser sur des (très) jeunes, pas encore prêts à se frotter à des défenseurs plus expérimentés dans un championnat où l’organisation tactique est de plus en plus soignée. Mieux en place, plus intelligentes pour recruter, les équipes de bas de tableau ont comblé une bonne partie de l’écart avec ces écuries de pointe qui pensent parfois plus à alimenter leur compte en banque que le marquoir. De quoi multiplier des matchs trop serrés pour être spectaculaires.