L’entraîneur Vincent Euvrard a déploré les limites de son Standard. Un club où personne parmi les décisionnaires ne semble se considérer responsable d’une tristesse prolongée sur le terrain.
Lorsque Vincent Euvrard a quitté Dender pour s’enivrer de l’ambiance brûlante des travées de Sclessin, sans doute ne l’a-t-il pas seulement fait pour une question de prestige. Durant l’été, déjà, il avait signalé à la presse que sa valeureuse équipe flamande manquait cruellement de qualité. Avant même la fin du mercato estival, celui qui permet justement d’injecter dans ses derniers instants cette précieuse qualité à moindre coût, Vincent Euvrard est donc parti vers le Standard. Un pas en avant dans sa carrière, et l’inestimable opportunité de pouvoir diriger des joueurs de meilleure qualité.
Quatre mois ne sont pas encore écoulés, et le manque de qualité semble lui aussi avoir été transféré. «Je n’ai rien à reprocher à mes joueurs, on manque juste de qualité», déplore le coach des Rouches dans la foulée de la défaite à domicile contre OHL. Difficile, après une telle déclaration, de regarder ses joueurs dans les yeux lors des deux matchs que le Standard devra encore affronter d’ici à la fin de l’année civile. Là, il y aura bien sûr un nouveau mercato. Que pourra cependant y faire ce club liégeois que l’on dit sans le sou, malgré les neuf millions d’euros dépensés entre juin et septembre (seuls cinq clubs du championnat belge ont été plus généreux sur le grand marché d’été)?
Généralement, l’heure d’hiver est celle des prêts de joueurs, qui viennent se relancer quelques mois pour envisager un avenir plus doré sans que le club qui les accueille n’y perde potentiellement gros en cas de pari manqué. Marc Wilmots a tonné haut et fort qu’il ne voulait plus de ce type de transaction, et l’homme n’est pas du genre à se désavouer publiquement. A Liège, on fait d’ailleurs subtilement passer par les canaux d’information privilégiés que l’avalanche de blessures n’est que de la faute de la malchance ou de Mircea Rednic, coach rapidement écarté en début de saison et coupable d’une préparation physique inadaptée. Pas de remise en question du staff médical ou physique, ni de l’examen pas assez minutieux du profil des joueurs recrutés. L’erreur vient forcément de quelque part, mais il vaut mieux la chercher ailleurs. Le Standard souffre, mais ça ne semble être de la faute d’aucune des personnes qui y prennent les décisions.
Les Rouches sont en tout cas précurseurs dans un domaine: leur débauchage de Vincent Euvrard à la fin de l’été a lancé la grande tendance saisonnière, qui consiste à se servir sur le banc du voisin quand on trouve que son coach manque de qualité. Au cœur d’une saison où le risque de relégation est presque inexistant, huit clubs ont ainsi déjà changé de coach, la moitié du championnat. Un chiffre qui se comprend mieux quand on constate que seuls trois de ces huit clubs ont opéré un changement volontaire. Ni Dender, ni l’Union, ni OHL, ni Gand, ni Charleroi n’ont voulu se séparer d’un entraîneur parti ailleurs, toujours en quête de cette fameuse qualité supérieure. Peut-on leur en vouloir, quand on remarque avec quelle facilité le Standard s’est séparé de Mircea Rednic quelques semaines à peine après avoir été certain de faire le bon choix?
Le problème de Vincent Euvrard, c’est que pour diriger des joueurs de meilleure qualité, il devra d’abord faire performer ceux qu’il a sous la main.