Les sifflets accompagnent de plus en plus souvent Besnik Hasi. Cette saison, son équipe est pourtant cohérente. Elle manque juste de la magie qui fait les belles histoires mauves.
Des sifflets pour accompagner une victoire en Coupe de Belgique, contre la modeste mais entreprenante équipe de Ninove. Des «Hasi buiten» qui descendent des gradins à la moindre contre-performance. A Anderlecht, la pesante ombre de Vincent Kompany pèse décidément bien lourd sur les épaules de chacun de ses successeurs. Seul David Hubert, pourtant écarté par Olivier Renard à l’aube des derniers play-offs, a échappé à cette vindicte des exigeants supporters du Lotto Park. Felice Mazzù a payé comptant la comparaison avec Kompany, Brian Riemer a toujours donné l’impression d’être la marionnette de Jesper Fredberg, et ni les résultats ni le football produit ne plaident vraiment en faveur d’Hasi. Contrairement à «Vince the Prince», son passé d’ancien de la maison ne pèse pas bien lourd aux yeux d’un public qu’il n’a jamais fait rêver.
La froide observation des chiffres rend pourtant le tableau moins négatif. Parce que malgré les longues indisponibilités d’Ilay Camara et Adriano Bertaccini, la vente de Kasper Dolberg et les prestations rocambolesques de Luis Vázquez en pointe, Anderlecht est la quatrième équipe à produire le plus d’expected goals cette saison, au coude-à-coude avec un Club de Bruges dont personne ne fustige les prestations offensives indignes de son talent. A l’autre bout du terrain, organisé autour d’une défense que personne n’aurait osé imaginer –Marco Kana et Lucas Hey–, le Sporting bruxellois est également dans le Top 4 des équipes aux gardiens les moins sollicités de l’élite. Tout ça alors que le mercato défensif, marqué par les absences répétées dans l’équipe de Yasin Ozcan et Mihajlo Ilić, est un cuisant échec.
Besnik Hasi ne fait pas de l’aussi mauvais travail que veut le faire croire le discours dominant. Sans doute parce que son Anderlecht n’a pas la possession léchée que son public aime voir, ni les résultats d’exception auxquels ses fans estiment avoir droit. Anderlecht est revenu dans le monde des «humains» de la Pro League, à l’écart de l’Union et de Bruges qui paraissent être dans une autre dimension, et la réalité actuelle dit que les Mauves doivent batailler avec Genk, Gand et même Saint-Trond pour s’installer sur le podium. Une bataille qu’ils mènent, pour l’instant, dans le bon sens. Sans brillance excessive. C’est peut-être ça le problème.
Anderlecht a toujours voulu être un club exceptionnel. Un endroit où la victoire seule ne suffit pas, même si beaucoup se seraient contentés d’un titre sans charme quand Brian Riemer a amené le Sporting à 180 minutes du titre au printemps 2024. Puisqu’ils ne sont plus les plus forts, les Mauves voudraient au moins être les plus beaux, comme ils ont eu la sensation de l’être quand Vincent Kompany avait mis les dernières pièces de son puzzle tactique en place. Son Anderlecht n’a jamais lutté pour le titre, mais l’ancien capitaine des Diables avait redonné aux tribunes du Lotto Park de l’engouement et, surtout, de la fierté. Celle d’être dans un endroit différent. D’être des privilégiés.
Le RSCA version Besnik Hasi est collectivement cohérent. C’est une jeune mais bonne équipe. Le problème est qu’elle est un peu trop banale aux yeux des amoureux de la maison pour mériter de s’habiller en mauve.