L’arbitre du match entre Charleroi et Zulte Waregem s’est retrouvé dans le viseur de Mehdi Bayat. La routine, pour un football belge qui fait des campagnes pour respecter les arbitres mais oublie de donner le bon exemple.
Dans les travées du stade du Pays de Charleroi, on sait que Mehdi Bayat «descend» pour passer devant la presse quand il a décidé qu’il était opportun de se montrer. La défaite contre Zulte Waregem, après un match passé en bonne partie en infériorité numérique, cochait toutes les cases. Pas pour parader, comme après certains succès de prestige, mais pour évacuer une frustration qui vire à la colère. Une histoire de carton rouge jugé excessif, selon lui, et d’un penalty oublié: «Moi, sur mon petit téléphone, c’est flagrant qu’il y a faute. Donc, avec les images dans le VAR, ça doit l’être aussi. Il faut arrêter les conneries.» En rappelant qu’il n’est «pas le genre de dirigeant qui pleure sur l’arbitrage», alors qu’il est en train de le faire, l’homme fort des Zèbres conclut d’un amer: «Avant de pleurer pour avoir des augmentations, les arbitres doivent être bons.»
Comme souvent, les arbitres deviennent le déversoir des frustrations. Si ce n’est pas un dirigeant qui les fustige au micro, c’est un président de club qui déboule dans leur vestiaire, comme l’a souvent fait le patron du Club de Bruges, Bart Verhaeghe. Ou un entraîneur qui les allume sans ménagement, à l’image d’un Hein Vanhaezebrouck qui avait fait de l’exercice sa spécialité ou d’un Besnik Hasi qui, encore à la tête de Malines, avait conclu un match houleux face aux journalistes par un élégant: «Ils nous baisent, puis ils te donnent une explication et tu dois rentrer chez toi.»
Dans un jeu où les enjeux se comptent parfois en montagnes de billets, tous tentent de réduire l’incertitude. De maîtriser leurs transferts, leur tactique, les plans de l’adversaire ou ce qu’ils mangent à quelques heures d’un match capital. Les arbitres, eux, échappent encore et échapperont toujours à cette maîtrise. On disait que la vidéo allait les aider à sortir des polémiques, mais les faits montrent au contraire que leurs erreurs, prétendues ou avérées, deviennent encore plus difficiles à avaler et plus faciles à critiquer. Les sanctions infligées pour de tels débordements verbaux restent presque insignifiantes. Pour ses mots injurieux, Besnik Hasi avait ainsi été blanchi par le comité disciplinaire au nom de son droit à la liberté d’expression, avant de finalement écoper d’un blâme. Rien ne dit que Mehdi Bayat sera plus durement sanctionné, malgré sa conclusion méprisante.
Les arbitres belges sont-ils parfaits? Bien sûr que non. Mais connaissez-vous un championnat où on dit que les referees sont merveilleux?
On imagine mal le CEO des Zèbres, ou n’importe quel autre dirigeant, prendre pour cible de façon si virulente l’un de ses employés devant des micros, après une erreur qui coûte un but ou un penalty. Tous vous diront pourtant qu’ils ne sont pas du genre à critiquer les arbitres, puis ajouteront un «mais» qui effacera le début de leur phrase. Car derrière les campagnes censées protéger les arbitres des débordements croissants, il y aura toujours des personnalités médiatisées pour vous rappeler, le temps d’un coup de colère, que respecter les arbitres est optionnel.