Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier | Florucz, la sensation qui va (encore) énerver les concurrents de l’Union

Guillaume Gautier Journaliste

Raul Florucz a déjà marqué trois fois en championnat, en sortant d’un club inconnu d’un championnat mineur. La formule magique de l’Union agace des concurrents souvent dépassés sur le terrain du recrutement.

Le nouveau nom à la mode chez les suiveurs de la Jupiler Pro League sent aussi bon le «football d’avant» que les travées vieillissantes du Parc Duden. Il s’appelle Florucz, mais préfère qu’on l’acclame par son prénom: Raul. Floqué derrière son maillot, comme l’ancien buteur historique du Real Madrid. L’Union a mis cinq millions d’euros sur la table pour s’offrir les services de ce fin gaucher qui facturait 18 buts en championnat slovène la saison dernière. Sur les pelouses belges, il en a déjà trois en deux apparitions.

De quoi raviver les cauchemars des recruteurs des autres grands clubs belges, eux dont la pire crainte est devenue l’apparition d’un nouveau phénomène sous le maillot jaune et bleu de la capitale. Parce que pour ces dévoreurs de vidéos et/ou de datas, il n’y a rien de pire que de voir débouler le patron dans le bureau avec le nom d’un nouveau transfert de l’Union, sans pouvoir répondre par l’affirmative à la question: «Tu le connais?»

Gardés comme la recette du Coca-Cola, les algorithmes mystérieux qui permettent aux Saint-Gillois de trouver systématiquement le fond des filets à l’heure de recruter leurs attaquants interrogent, et même agacent leurs concurrents. Tous veulent faire comme eux, mais très rares sont ceux qui y arrivent. Les questions décollent pour comprendre leur mode de fonctionnement, mais les réponses n’atterrissent jamais, ou presque.

On sait que les expected goals de plein jeu, ne prenant pas en compte les phases arrêtées ou les penalties, sont particulièrement dans le viseur des filtres statistiques des Unionistes. On sait également que pour eux, le championnat d’origine importe peu. Ce dimanche, pour venir à bout de Louvanistes bien naïfs, les héros du stade Mariën ont en effet marqué grâce à des joueurs venus d’Accrigton (divisions inférieures anglaises), de Riga (Lettonie), d’Haifa (Israël) et de Ljubljana (Slovénie). Tous des championnats peuplés de joueurs desquels on entend régulièrement: «C’est pas mal, mais est-ce qu’il pourra faire la même chose en Belgique?»

L’Union est parvenue à répondre à cette remarque de comptoir de buvette par l’affirmative. Elle a créé des certitudes là où le football d’avant ne voyait que de la défiance. Plus que Bruges, qui les utilise pourtant d’une façon de plus en plus pointue, c’est bien l’Union qui a fait en sorte que l’usage des statistiques dans le recrutement et l’évaluation des performances footballistiques s’impose dans les débats footballistiques. Le tout malgré un panel de consultants généralement réticents à cette matière qu’ils maîtrisent trop peu.

Aujourd’hui, quand le président Alex Muzio déclare que les modèles statistiques de l’Union prédisent qu’ils finiront dans le top 24 de la Ligue des Champions, certains s’agacent mais personne ne rit. Il y a quelques années, un tel discours aurait provoqué des moqueries dans les bureaux des dirigeants concurrents et sur les plateaux télévisés qui parlent de ballon rond.

Est-ce un signe que les temps changent?

Même dans certains des clubs les plus puissants et titrés du pays, le recours aux «datas» reste pourtant accessoire. Tant pis si c’est leur maîtrise qui a transformé l’Union Saint-Gilloise en meilleure équipe du championnat sur les quatre dernières années. Tant pis si c’est par les chiffres, encore, que les Saint-Gillois ont trouvé la trace de Raul Florucz.

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