Les chiffres défensifs de l’Union Saint-Gilloise mettent en évidence la richesse de leur modèle, qui ne sert pas qu’à dénicher des attaquants inconnus.
S’ils sont rarement récompensés de leurs efforts face au but adverse, les joueurs offensifs du Cercle de Bruges ne sont pas les derniers au rendez-vous à l’heure de créer le danger. En nombre d’occasions créées, les «autres Brugeois» sont même sur la troisième marche du podium de la saison, derrière l’Union et Saint-Trond. Opposés aux Bruxellois, ils ne sont pourtant pas parvenus à faire trembler les filets. Tout ça n’est pas vraiment surprenant. Parce que sur les 35 matchs qu’elle a disputés en championnat en 2025, l’Union Saint-Gilloise n’a encaissé que 18 fois.
Depuis le début de l’année civile, avec deux entraîneurs et trois gardiens différents, les champions de Belgique ont vu, en moyenne, leurs propres filets trembler une fois toutes les 175 minutes. Dans 19 de leurs 35 rencontres, les cages unionistes sont d’ailleurs restées inviolées. Des chiffres d’exception lorsqu’on constate, à titre de comparaison, que leur grand rival brugeois a encaissé 32 buts sur le même laps de temps. La performance du Club de Bruges reste majestueuse, avec une moyenne inférieure à un but encaissé par rencontre, mais son écart avec celle des Saint-Gillois prouve que ces derniers ont poussé l’art de la maîtrise défensive à un niveau supérieur.
Souvent, on parle du génie managérial de l’Union en évoquant le recrutement de ses attaquants. C’est oublier un peu vite que si les expected goals sont au cœur du modèle de recrutement des Bruxellois, ils sont aussi un facteur de performance décisif pour les dirigeants afin d’évaluer la performance défensive. Ce n’est donc pas un hasard si depuis son retour en première division, l’Union Saint-Gilloise domine les chiffres défensifs du championnat, avec une moyenne inférieure au but encaissé par match (0,98) sur les 135 rencontres de phase classique disputées depuis l’été 2021. Sur cette longue période, les Jaune et Bleu n’ont encaissé que 132 fois, environ 20 de moins que Bruges (151) et Anderlecht (152), seulement approchés par un Antwerp (141) dont la spirale actuelle n’aide pas à penser qu’il peut résorber son retard.
Si les concurrents du championnat belge commencent à mettre à jour les secrets du modèle qui permet à l’Union de dénicher ses pépites offensives, même les meilleurs statisticiens du pays ignorent quelles sont les datas qui permettent au président Alex Muzio et ses hommes de mettre la main sur des profils comme Christian Burgess, Fedde Leysen, Ross Sykes ou Kevin Mac Allister. Si trouver le Belge Leysen au sein de l’équipe B du PSV semblait à la portée d’une bonne partie des clubs belges, imaginer qu’un joueur de Portsmouth, un d’Accrington Stanley et un autre d’Argentinos Juniors amèneraient ensemble l’Union en Ligue des Champions semble trop gros pour être vrai. Pourtant, le conte de fées est bien palpable pour Kevin Mac Allister, devenu international argentin aux côtés de Lionel Messi à l’occasion de la dernière trêve internationale. La preuve que les chiffres défensifs exceptionnels des Saint-Gillois commencent à éveiller l’attention.
En attendant, la recette de l’Union reste aussi bien gardée que celle du Coca-Cola. Et ses filets, aussi bien préservés que ses secrets.