Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier | Bientôt, un arbitre sera tabassé et certains diront peut-être qu’il l’a bien mérité

Guillaume Gautier Journaliste

Marc Wilmots a minimisé un jet de gobelet envers l’arbitre de Standard-Antwerp, à l’origine de l’arrêt d’une rencontre que les Liégeois s’apprêtaient à gagner.

Il y a un rouge qu’on donne, un rouge qu’on ne donne pas. Un arbitre qui agite le drapeau rouge, et un dirigeant rouche qui voit rouge. La rencontre entre le Standard et l’Antwerp, dominée par des Liégeois réduits à dix, s’est arrêtée prématurément à cause d’un gobelet jeté en direction de l’arbitre à l’approche des arrêts de jeu. De quoi agacer Marc Wilmots, le directeur sportif du Standard. Au micro de DAZN, dans un stade encore bruyant à la suite de l’arrêt de la rencontre, l’homme fort des Principautaires réagit à chaud: «Mon sentiment, c’est que c’est à chaque fois deux poids, deux mesures», entame-t-il, avant d’ajouter que les décisions des arbitres «foutent tout le football en l’air» et que «ça commence à l’énerver», tout en réclamant «un peu de psychologie» et en se demandant, au sujet de l’homme en noir (vêtu de jaune): «Pourquoi tu vas tout près du kop, pour recevoir des gobelets?»

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La colère peut s’entendre. Parce que si on aime dire que tout s’équilibre en fin de saison quand quelqu’un subit une décision arbitrale défavorable, il faut bien admettre qu’il faudra de nombreuses décisions en faveur du Standard dans les mois à venir pour que la balance liégeoise revienne à une position stable. Marc Wilmots n’est pas non plus le premier dirigeant à monter au créneau pour réclamer un traitement arbitral plus juste de ses couleurs, ni à pointer du doigt le manque de qualité des sifflets belges, encore mis en exergue par Mehdi Bayat voici quelques semaines. Finalement, son discours est hélas dans l’air du temps. Le problème, c’est que personne n’aidera les arbitres en leur disant qu’ils sont nuls, tant qu’ils ne reçoivent pas plus de moyens pour professionnaliser leur fonction.

L’autre problème, plus grave, c’est qu’il faut attendre que Pierre François s’exprime le lendemain pour qu’un représentant du Standard pointe du doigt le problème d’avoir jeté un gobelet en direction d’un arbitre. Parce que, dans les mots de Marc Wilmots, on comprend surtout que le referee l’a bien cherché. Il n’avait qu’à ne pas faire d’erreur en sa défaveur, et il suffisait de prendre ses décisions litigieuses plus près du rond central, et donc plus loin de ces supporters fâchés qui pouvaient lui envoyer un gobelet de colère. «Un peu de psychologie», réclame le directeur sportif du Standard. Dans sa version «psychologue» des faits, une jeune fille qui emprunterait une ruelle un peu sombre avec une tenue un rien trop courte aurait sans doute bien cherché ce qui lui serait malheureusement arrivé…

Certes, l’arbitrage belge est loin d’être irréprochable. Il n’existe cependant aucun pays qui vante fièrement les mérites de ses arbitres, même ceux qui sont censés abriter les matchs les plus importants de la planète. Mais au rythme où les polémiques avancent, où les violences verbales venues de figures d’autorité envers les arbitres se multiplient, il ne faudra pas s’étonner le jour où un homme en noir sera passé à tabac dans la foulée d’un match houleux.

Ce jour-là, il y aura peut-être encore des gens pour dire que l’arbitre aurait quand même mieux fait de ne pas croiser des supporters. Ou que cette faute ne valait tout de même pas un carton rouge.

 

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