Anderlecht a été battu à domicile par un Bruges qui n’a même pas dû s’appliquer pour gagner. C’est dire l’ampleur du fossé. Les Mauves savent-ils vraiment comment le combler?
Bruges n’était même pas bon. Face aux micros, le capitaine Hans Vanaken et le coach Nicky Hayen confirment d’ailleurs que le Club est loin d’avoir livré sa meilleure prestation d’une saison tirée en longueur et finie sur les rotules. Le service minimum suffit toutefois à planter trois roses au fond des filets de Colin Coosemans en même pas trois quarts d’heure, puis à protéger ceux défendus par Nordin Jackers sans jamais vraiment trembler jusqu’à la fin du match.
La taille de l’écart entre les deux rivaux historiques du football belge en est donc là: Bruges vient gagner au Lotto Park presque sans forcer. Comme une victoire sans relief acquise en déplacement à Saint-Trond ou à Malines. Le «Topper» n’a plus de saveur.
Lors de sa grande tournée médiatique du début du mois de mai, Wouter Vandenhaute a évidemment parlé de tout ça. Du fossé avec Bruges qu’il résume en un raisonnement tout simple. Forcément simpliste. Les Blauw en Zwart ont simplement bien plus d’argent que les Mauves. Impossible donc de s’aligner sur des profils comme celui d’Igor Thiago, arrivé de Ludogorets pour une dizaine de millions et revendu au triple aux Anglais de Brentford. Ou celui d’Ardon Jashari, gaucher suisse facturé à six millions d’euros et déjà devenu le meilleur milieu de terrain du championnat. Wouter Vandenhaute l’affirme: Anderlecht les avait vus. La belle affaire. A quoi bon prendre la peine de repérer des joueurs hors de sa portée? Les recruteurs des Bruxellois connaissaient forcément aussi Kylian Mbappé. Quel dommage de ne pas avoir sauté sur l’opportunité quand il est arrivé en fin de contrat au PSG.
Sur l’échiquier du football belge, Anderlecht ne sait plus où se placer. Les Mauves veulent courir avant de reprendre une véritable marche en avant. L’an dernier, en offrant des contrats importants à des trentenaires sur le déclin mais toujours au-delà du niveau du championnat, le Sporting a tenté le tout pour le tout pour retrouver le titre. Cela a coûté cher et n’a finalement rapporté qu’une troisième place. Un an plus tard, les contrats de Thorgan Hazard, Mats Rits ou Jan Vertonghen pèsent lourd dans une balance financière à laquelle s’est également greffé Leander Dendoncker.
Cet été, Anderlecht devra encore changer. Avec Olivier Renard en directeur sportif, sous les ordres de Tim Borguet tout juste propulsé CEO Sports, sans oublier de prendre en compte l’avis du directeur technique Thibault Dochy, ancien responsable légal récompensé sportivement de son bon travail dans un domaine extrasportif, du directeur du recrutement Dries Belaen, ainsi que d’un Peter Verbeke officiellement à l’académie mais qu’on dit toujours influent aux oreilles de Wouter Vandenhaute. Le grand patron aura évidemment le dernier mot, car on a rarement vu président non exécutif si influent sur le mercato de ses couleurs.
Longtemps, Anderlecht a dit s’inspirer de ses amis de l’Ajax Amsterdam, référence de football léché au nord de la frontière. Inspirateur des Ajacides, Johan Cruyff aimait dire que «jouer au football est simple. Mais jouer simple est la chose la plus difficile du monde». Les Mauves devraient peut-être y réfléchir. Parce que pour bien diriger, il faut peut-être que l’organigramme ne soit pas trop compliqué.