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Foot du dimanche: UR Namur, les Merles et l’histoire du Phénix

À deux doigts de la disparition en 2018, Namur est, depuis, passé par une fusion, une montée et une relégation. Avant un changement de présidence qui rêve de lancer une énième renaissance.

Saison 2017-2018. L’UR Namur est mal en point sportivement, financièrement, mais aussi dans une situation délicate administrativement. Alors que le club stagne dans les tréfonds de la division 3 amateurs, avec un effectif trop faible pour la nationale, les Namurois sont condamnés à une rétrogradation administrative. « Beaucoup de joueurs avaient arrêté parce qu’ils n’étaient plus payés, c’était vraiment une saison compliquée », se souvient Andrea Scianguetta, qui protégeait les cages namuroises cette saison-là. « On ne savait pas ce qui allait se passer par la suite. Chaque semaine, on se demandait si on allait pouvoir jouer la semaine d’après », explique le gardien de but, qui avait été élu Merle d’or par les supporters, en récompense de sa bonne saison, malgré les 111 buts encaissés.

FUSION ET MONTÉE

Lucien Roméo, mécène du club à l’époque, s’étant retiré, la situation se compliquait encore plus pour le matricule 156. Mais en avril 2018, après qu’un plan de rachat du club par des repreneurs allemands est tombé à l’eau et que les supporters des Merles aient commencé à se faire une raison quant à l’avenir de leur club, une solution est trouvée. Alors que le club namurois allait très certainement être relégué par deux fois, sportivement et administrativement, Christophe Graulus, président du club voisin de Fosses-la ville, qui sera champion de P1 cette année-là, annonce un plan de fusion entre les deux clubs.

« J’étais entouré de personnes qui avaient beaucoup de bonnes idées, mais qui n’étaient pas forcément très compétentes », se défend Christophe Graulus.

« En janvier 2018, suite à une rencontre avec Lucien Roméo, on a émis l’idée de reprendre Namur, qui était à la dérive, et qui allait descendre et certainement disparaitre », raconte l’homme d’affaires qui vient de céder son poste de président. « Nous avons fait le nécessaire pour faire fusionner les deux clubs. Sans ça, Namur n’existerait plus à ce jour », poursuit Christophe Graulus.

Maintenu en D3 amateurs sous l’appellation « UR Namur Fosses-la-Ville », le club a fait bien plus que de la figuration la saison suivante. Sous la houlette de leur nouvel entraîneur, le très expérimenté Jean-Claude Baudart, qui avait apporté avec lui à Namur de nombreux joueurs de qualité, les Merles réaliseront une saison exemplaire. Le club namurois parviendra même à être sacré champion de D3, moins d’un an après avoir frôlé la disparition. Seulement voilà, la belle histoire ne durera pas longtemps en terres namuroises.

L’ERREUR DE GRAULUS

Jean-Claude Baudart est ainsi prié de quitter le club à la fin de la saison 2018-2019. « Fin décembre-début janvier, la décision était prise de se séparer de Jean-Claude Baudart, on m’a un peu poussé à aller dans ce sens. À l’époque, j’étais entouré de personnes qui avaient beaucoup de bonnes idées mais qui n’étaient pas forcément très compétentes », se justifie l’ancien président Christophe Graulus.

Après le titre, la majeure partie de l’équipe quitte le navire namurois. Seuls trois ou quatre joueurs restent à bord.

« Il faut savoir que M. Baudart et moi, ça a toujours été une relation de conflits. Mais cela nous permettait d’avancer. Il y avait un respect total d’un côté comme de l’autre. Je le reconnais, ça a été une mauvaise décision de ma part, ce fut une grossière erreur », concède Christophe Graulus.

Après l’annonce du départ de Jean-Claude Baudart, de nombreux joueurs ont pris la décision de quitter le club, pour suivre notamment leur ancien coach dans son nouveau projet, à Tamines. « Il m’avait d’ailleurs proposé de le suivre à Tamines », se rappelle Frédérick Rosmolen, figure emblématique du club, qui a fait toutes ses classes à l’UR Namur.

« Comme tout le monde partait de l’équipe, je ne me sentais pas de rester non plus. Seulement 3 ou 4 joueurs sont restés, j’ai donc préféré partir », continue-t-il.

Les Namurois ont reçu le Standard en préparation cette saison.
Les Namurois ont reçu le Standard en préparation cette saison.© belga

DÉPARTS ET RELÉGATION

À la suite de cette vague de départs, il était presque écrit que la saison 2019-2020 allait être compliquée. Et ce fut bel et bien le cas. Pourtant, les Merles avaient tout de même connu un début de saison encourageant, et quelques victoires, grâce notamment à leur buteur providentiel Erwin Senakuku, qui a inscrit pas moins de 15 buts en autant de rencontres.

À la reprise du championnat en janvier dernier, après le départ de leur buteur maison au RWDM et malgré les improbables arrivées de Logan Bailly, Landry Mulemo et Jean-Eudes Maurice, les affaires se sont sérieusement compliquées pour les Namurois, qui n’arriveront plus à prendre un seul point jusqu’à l’arrêt du championnat pour cause de coronavirus, et resteront sur la triste série de 7 défaites consécutives. « Cette saison, j’ai fait une grosse erreur en choisissant un T1 qui a toujours joué la descente. J’ai cru qu’il allait s’impliquer comme il l’avait fait par le passé, mais ça n’a pas été le cas », fatalise Christophe Graulus en évoquant Vincent André, licencié avant même le début de la saison.

Les nouveaux repreneurs ont fait revenir plusieurs joueurs formés au club.

Classés antépénultièmes avec 21 points, les Merles évolueront en Division 3 la saison prochaine, mais avec une nouvelle présidence. Christophe Graulus, qui souhaitait partir depuis la mi-saison, a trouvé de nouveaux repreneurs. Pour l’ancien président de Fosses, les raisons de son départ ne relèvent pas uniquement de l’aspect sportif: « Je suis indépendant et j’ai plusieurs sociétés à gérer. J’avais beaucoup trop de choses à faire au club. Je devais gérer les problèmes de brasseurs, les courses pour la buvette, et j’en passe, alors que je payais des gens pour le faire. À un moment donné, cela devient trop lourd à porter. Ça a été une accumulation de choses. C’était devenu ingérable », raconte l’ancien président qui n’avait pas été épargné par les critiques des supporters ces derniers mois.

L’AVENIR AVEC LES JEUNES

Mi-février, Bernard Annet et Frédéric Étienne reprenaient donc l’UR Namur FLV, avec un projet résolument tourné vers les jeunes. Les deux hommes d’affaires souhaitent en effet reconstruire l’école des jeunes, laissée à l’abandon, et revenir à un ancrage plus namurois.

« Je pense que les nouveaux repreneurs se sont bien entourés », assure Dorian Leurquin, qui a porté les couleurs du club dès l’âge de 6 ans. « C’est une bonne chose d’avoir fait revenir le coach actuel (Zoran Bojovic) et de nombreux joueurs qui étaient au club quand ils étaient jeunes », continue l’attaquant, devenu jeune directeur sportif à succès à Éghezée.

Frédérick Rosmolen fait partie des joueurs qui ont été rappelés par les nouveaux présidents. Après une saison à Braine, il portera donc à nouveau les couleurs des Merles la saison prochaine: « Namur, c’est comme ma maison. Ils m’ont appelé, j’ai trouvé que le projet avait l’air sérieux donc je n’ai pas réfléchi longtemps avant d’accepter. Avec l’équipe que l’on a, on peut jouer les premiers rôles en D3. »

Reste donc à savoir si avec ce nouveau projet, les Merles feront à nouveau le bonheur de leurs supporters aux Bas-prés la saison prochaine. L’espoir d’une renaissance supplémentaire est en tout cas au rendez-vous.

Par Quentin Mahoudeau (st.)

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