La Coupe du monde des clubs bat son plein. Chez les suiveurs du foot, la mode est à la critique. Avec des arguments facilement oubliés pour parler de leurs compétitions préférées.
Il était bien commode de l’enterrer avant même l’accouchement. De nombreux observateurs ont eu un sourire narquois en apprenant que la FIFA avait dû brader des billets pour le match d’ouverture de sa Coupe du monde des clubs, par crainte que les tribunes paraissent trop vides pour l’événement. Pour ceux-là, la compétition n’était qu’une immense supercherie gonflée au marketing, entre une invitation artificielle du club de Lionel Messi et un déséquilibre des forces incarné par la victoire-fleuve du Bayern de Vincent Kompany sur les malheureux joueurs d’Auckland, meilleure équipe d’Océanie (10-0).
Les arguments s’entendent, évidemment. Surtout ceux des joueurs, principaux opposants à ce calendrier surchargé. Puisque la compétition n’a pas encore d’histoire, et donc pas le prestige de son équivalente réservée aux équipes nationales, elle paraît bien accessoire. D’ailleurs, n’y voit-on pas de grands clubs européens qui font allègrement tourner leur noyau lors de la phase de poules? Au bout de deux journées, on a surtout vu des Sud-Américains survoltés, animés par l’orgueil de prouver la valeur de leurs compétitions et de damer le pion à ces représentants un poil condescendants du Vieux Continent.
Parce qu’il faut bien reconnaître que depuis nos yeux gavés de Ligue des Champions, ravis par le 4-3 entre l’Inter et le Barça ou les coups francs de Declan Rice dans les lucarnes de Thibaut Courtois, on est forcé au dédain quand on regarde le PSG buter sur Botafogo, ou Chelsea se faire secouer par Flamengo. Que nos arguments à l’encontre de cette créature de Gianni Infantino, président de la FIFA, pèsent bien moins dans notre balance intérieure quand ils sont transposés à d’autres compétitions.
N’a-t-on pas lu ou entendu les suiveurs, sur les réseaux sociaux ou derrière les micros, se féliciter de cette nouvelle formule de la Ligue des Champions qui a fait grimper le suspense d’un cran? Vainqueur final au bout d’une démonstration face à l’Inter, le PSG a pourtant dû empiler 17 rencontres sur la route du trophée aux grandes oreilles, soit quatre de plus que le Real Madrid lors de sa victoire finale de l’édition précédente.
Ne lit-on pas, n’entend-on pas des tonnes de compliments au sujet de la Premier League, de ses chocs hebdomadaires et de ce récit de «meilleure ligue du monde», oubliant qu’elle est surtout le produit commercial le mieux enrobé de la planète football avec des montants qui dépassent l’entendement? Si participer à la Coupe du monde des clubs est souvent présenté comme une affaire de gros sous, on le dit moins souvent d’une compétition anglaise où même les équipes reléguées touchent des revenus à neuf chiffres issus des droits télévisés. La différence ne réside-t-elle pas, au fond, dans les yeux de celui qui regarde ?
On peut légitimement considérer que la Coupe du monde des clubs est la compétition de trop. Par conséquent, ne pas la regarder reste la meilleure des options. Pour les autres, il y a l’opportunité de se confronter à des footballs différents, bien loin de ces chocs entre Européens où tout le monde a fini par jouer de la même manière. De voir un autre football, avec un nouveau champion du monde à la fin.
Un champion au rabais d’équipes fatiguées par une saison à rallonge? Bien sûr. Tout comme ceux qui gagnent la Coupe du monde ou l’Euro avec leur pays un été sur deux.
La Coupe du monde des clubs n’est pas parfaite. Ses intentions sont loin d’être nobles. Quelle grande compétition de football peut cependant se permettre de lui jeter la pierre?