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Comment l’Excel Mouscron a attiré de gros poissons

Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Mouscron fait maintenant son shopping à Porto, à Milan, à Udine, à City. Explications.

On aurait dû avoir la puce à l’oreille dès la deuxième partie de la saison dernière, quand Mouscron était l’équipe la plus efficace du championnat en termes de points. À chaque match à domicile, la liste de scouts présents, systématiquement affichée dans les catacombes du Canonnier, renseignait du très beau monde. La crème de l’Europe, bien souvent. Pourquoi ? Entre-temps, la réponse semble limpide : l’Excel a doucement acquis une réputation à l’étranger. On n’est donc pas trop étonné, maintenant, qu’il y ait dans le noyau quelques nouveaux joueurs qui ont fait un joli bout de chemin dans des meilleures compétitions.

L’arrivée très récente de l’international autrichien Kevin Wimmer (73 matches avec Cologne, 24 avec Hanovre, 31 avec Tottenham, 19 avec Stoke City) est l’exemple le plus marquant. On doit aussi citer la venue d’Aleix Garcia Serrano, un Espagnol considéré comme un grand espoir de Manchester City, qui a fait la préparation de cet été avec les extraterrestres de Pep Guardiola après deux ans en prêt à Gérone, en Liga (une cinquantaine de matches joués). Le Portugais Diogo Queiros, lui, est un produit du FC Porto qui porte le brassard de capitaine des U20 de son pays. Et le Croate Stipe Perica a 76 matches de Serie A dans les guibolles.

Il y a eu un vrai effet Storck dans notre campagne de transferts.  » Paul Allaerts

Il y a un an, l’Excel faisait son marché dans des clubs qui n’avaient rien à voir avec ces géants. Il y a des explications à cette nouvelle politique, à ces nouvelles ambitions. Paul Allaerts, le directeur, s’y colle.  » Pour mieux comprendre, il faut aussi regarder où sont partis certains bons joueurs de la saison dernière. Mouscron a par exemple envoyé Mërgim Vojvoda, Selim Amallah et Noë Dussenne au Standard. Pour eux, notre club a été une excellente vitrine. Les joueurs qui cherchent un club voient ça, les agents aussi. C’est possible de bien progresser en passant chez nous.  »

Mouscron vu d’Allemagne

Le mercato mouscronnois a commencé avec l’arrivée de Sami Allagui. Un joueur qui, au départ, n’a déjà pas le profil pour l’Excel. Il pouvait continuer sa vie en Allemagne mais il a préféré le projet hennuyer. Parce que le club voyait en lui le successeur de Mbaye Leye en tant que guide et le lui a bien fait comprendre, mais aussi parce que le parcours des Hurlus avec Bernd Storck a été commenté chez nos voisins.

 » Il y a eu un vrai effet Storck dans cette campagne des transferts « , continue Paul Allaerts.  » Le petit Mouscron a été le club belge qui prenait le plus de points pendant une assez longue période, tout ça avec un entraîneur allemand, assez connu dans son pays. Aujourd’hui, le fait de continuer notre parcours avec Bernd Hollerbach nous permet de confirmer notre crédibilité et notre sérieux là-bas.  » La venue d’un autre gars de ce pays, Jonah Osabutey, n’est sans doute pas étrangère à ce phénomène.  » Cet été, des agents nous ont proposé des joueurs qu’on n’aurait jamais imaginés à Mouscron il y a un ou deux ans « , dit aussi Paul Allaerts.

À la base, un Diogo Queiros, double champion d’Europe en catégories d’âge, élevé dans un vrai pays de foot où on sait donner une chance aux jeunes, ne doit pas non plus se retrouver à Mouscron.  » On a profité des bonnes relations nouées avec Porto au moment du prêt d’Omar Govea « , continue le directeur.  » Au Portugal, tout le monde dit que Queiros est promis à un bel avenir, mais il n’est pas encore prêt pour le top. S’il était resté cette saison à Porto, il aurait probablement joué avec l’équipe U23. C’est mieux pour lui de disputer des vrais matches à enjeu dans le championnat de Belgique. Porto l’a bien compris, le joueur et son agent aussi. Nous n’avons pas d’option d’achat mais c’est déjà un très bon deal.  » L’Excel n’a pas d’option non plus sur Wimmer et Garcia. Par contre, le club a obtenu une option pour Osabutey et Perica.

Hollerbach, une solution naturelle

Les patrons de Mouscron se sont aussi mis à table avec un autre grand d’Europe, tout récemment. Ils ont négocié avec l’AC Milan la venue du jeune gardien Lillo Guarneri, formé au Standard et repris dans les sélections d’âge italiennes. Pas sûr qu’il jouera cette saison, vu que Jean Butez est finalement resté. Dans le cas de Butez aussi, on peut voir un signe des nouvelles ambitions du club. Il y a eu plusieurs offres pour lui mais la direction du Canonnier n’a pas voulu le lâcher pour une croûte de pain (sans doute aussi parce que l’assise financière et plus stable qu’il y a quelques années), et il a donc fini par rester.  » On n’a jamais trouvé un deal dans lequel Mouscron, un autre club et Butez étaient satisfaits « , dit Paul Allaerts.  » Pour lui, ça n’a pas été simple parce qu’il s’imaginait ailleurs. Mais quand il a compris qu’il ne s’en irait pas, il a tourné le bouton.  »

Quand il est arrivé, Hollerbach a émis le souhait que son noyau soit complet à 85 % pour partir en stage. Ce fut le cas. Après ça, il a travaillé main dans la main avec ses employeurs pour terminer le recrutement, et c’est clair que le très bon départ de Mouscron a aidé à encore séduire du beau monde. Paul Allaerts :  » Il voulait doubler chaque poste, c’est maintenant le cas. On pouvait craindre un début de championnat très compliqué à partir du moment où on avait laissé filer la plupart des cadres de la saison dernière : Vojvoda, Dussenne, Amallah, Manuel Benson, Mbaye Leye, Taiwo Awonyi, Frantzdy Pierrot. Mais tout s’est vite mis en place avec le nouvel entraîneur. Il n’est pas une copie conforme de Storck mais leur façon de travailler est semblable, leur philosophie aussi. Il met le même accent que Storck sur le plan physique, le travail en équipe et la discipline. Encore plus que Storck, Hollerbach commence les matches pour les gagner.  »

À partir du moment où Storck annonçait son départ, l’arrivée de Hollerbach ressemblait à une évidence. La direction de Mouscron l’avait déjà croisé du temps où Mircea Rednic bossait au Canonnier, à l’occasion d’un amical contre Würzburger Kickers. En fin de saison passée, il est venu voir un match. Une nouvelle discussion a eu lieu. Il devenait, de facto, le favori à la succession de Storck.

Les pedigrees improbables de l’Excel

DIOGO QUEIROS (POR)

Ex-club : FC Porto

Ex-coaches : Rui Barros, Antonio Folha

Vainqueur de la Youth League avec Porto

Champion d’Europe U17 et U19, capitaine des U20 portugais

STIPE PERICA (CRO)

Ex-clubs : Chelsea, Udinese

76 matches en Serie A

KEVIN WIMMER (AUT)

Ex-clubs : FC Cologne, Tottenham, Stoke City, Hanovre

Ex-coaches : Thomas Doll, Mauricio Pochettino

24 matches en Bundesliga, 32 matches en Premier League

9 caps avec l’Autriche

ALEIX GARCIA SERRANO (ESP)

Ex-clubs : Villareal, Manchester City, Gérone

Ex-coaches : Patrick Vieira, Manuel Pellegrini, Pep Guardiola

4 matches en Premier League, 52 matches en Liga

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