Le Standard alterne victoires et désillusions. Il est en revanche négativement régulier en occasions créées et concédées, là où il est la lanterne rouge du championnat.
Marc Wilmots n’avait pas traîné. Il faut dire que ce n’est pas le genre de la maison. Dès sa première conférence de presse dans le costume de directeur sportif du nouveau Standard, le Brabançon promet le retour du show rouche: «Il faut produire du jeu, du spectacle, retrouver l’ADN du Standard.» Sans jamais le complimenter, le nouveau patron des Liégeois pointe alors indirectement du doigt les choix tactiques d’Ivan Leko, architecte d’un bloc défensif en béton où les occasions sont particulièrement rares. Du mercato au choix du coach, tout est alors pensé pour faire revivre un Standard conquérant.
Le problème, c’est qu’à 90 minutes de la moitié de la phase classique, les faits sont bien éloignés de l’ambition des discours. Parce que l’an dernier, après quatorze journées de championnat, les Rouches n’avaient, certes, marqué que neuf buts, mais ils avaient produit quinze expected goals (chaque tentative au but reçoit une valeur comprise entre 0 et 1 en fonction de ses chances statistiques de finir au fond des filets). Un an plus tard, au même moment, la bande à Willy n’en a créé que 13,2. Seuls les promus de La Louvière font pire. Et puisque les Loups bâtissent leur plan de jeu sur une organisation défensive rigoureuse et méticuleuse, ils laissent au Standard la dernière place du championnat au classement du ratio entre occasions créées et concédées. La balance liégeoise entre les expected goals (xG) obtenus et laissés à l’adversaire indique ainsi -8,1, soit pire que la lanterne rouge Dender (-7,4), pourtant toujours à la recherche de sa première victoire en championnat.
Le début de saison chamboulé, marqué par deux lourdes défaites consécutives face à l’Union Saint-Gilloise puis au Cercle de Bruges, a d’ailleurs coûté son poste à Mircea Rednic, dont les bons chiffres offensifs (1,3 xG créé par rencontre) avaient de lourdes conséquences à l’autre bout du terrain (1,74 concédé). Une fois venu le tour de Vincent Euvrard, le Standard devait donc devenir plus équilibré. A Sclessin, des prestations enflammées ont entretenu l’illusion d’un feu ravivé et relancent tous les quinze jours les espoirs de Top 6. Les chiffres disent pourtant autre chose: ils racontent que les Rouches version Euvrard –réduits à dix à plusieurs reprises– n’ont jamais conclu une de leurs neuf rencontres avec une somme supérieure à leur adversaire dans la case des expected goals. Qu’avec une moyenne de 0,76 xG par match joué, ils sont l’équipe qui provoque le moins de danger sur les terrains belges cette saison. Que ce Standard se crée finalement moins d’occasions que celui d’Ivan Leko un an plus tôt (1,07 par match), pourtant bien moins armé en expérience et en talent offensif.
Les Liégeois ont évidemment besoin de temps pour se reconstruire, après un nouvel été marqué par un mercato chamboulé. Les blessures s’ajoutent à l’équation, inévitables quand un noyau fait la part belle à des trentenaires qui y sont logiquement plus sujets. Toujours est-il qu’entre les discours ambitieux et les conclusions glorifiées basées sur des matchs de gala où ils ont presque toujours répondu présents quelle que soit la saison, les Rouches manquent encore de jeu et de feu pour prétendre que le fameux ADN du Standard est de retour.