Jacques Sys

« Bernd Storck n’est pas adapté au RC Genk »

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Quel est l’impact de Bernd Storck depuis son arrivée à Genk ? Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine, fait le point sur la situation de l’ancien coach à succès de Mouscron et du Cercle dans le Limbourg.

Bernd Storck a annulé le jour de congé prévu pour les joueurs de Genk mardi dernier. Après l’humiliante défaite dans le derby contre Saint-Trond, les joueurs ont droit à une double ration d’entraînement. C’était une nouvelle tentative de l’Allemand afin d’affûter physiquement ses hommes. Lors du match contre le STVV, il avait changé cinq joueurs sans que cela n’influe sur le résultat final.

Bernd Storck aime la clarté. Il trouve que c’est plus facile pour tout le monde. Dans ce style ferme, il avait réalisé un excellent travail du côté de l’Excel Mouscron et du Cercle Bruges. La manière dont il avait sorti les deux clubs du bourbier de la relégation avait rarement été vue auparavant dans notre compétition. Avant tout, Storck a montré qu’il était un footballeur. Il n’a pas peur de montrer comment tirer un corner par exemple.

Storck voulait procéder de la même manière à Genk qui avait besoin d’être secoué lors de son arrivée. Le fait qu’il ait fortement critiqué le niveau de l’équipe après le premier match n’était pas exactement une déclaration diplomatique. Certaines équipes gèrent cela plus facilement que d’autres. Il espérait sans doute susciter un électrochoc, mais il n’a pas vraiment réussi à remettre l’équipe limbourgeoise sur les bons rails. Dans ce contexte, le match de dimanche contre le FC Bruges est d’une importance capitale pour le dernier vice-champion de Belgique. L’équipe pourrait louper les barrages européens ce qui serait un fiasco de premier ordre non seulement pour le club mais aussi pour celui qui est assis sur le banc. En rejoignant un club d’un standing supérieur à ceux qu’il avait dirigés jusque-là, il a voulu explorer davantage ses limites. C’est probablement la raison pour laquelle il a accepté de commencer à travailler sans être accompagné des habituels membres de son staff.

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Les clubs doivent aussi être capable de nommer l’entraîneur qui est capable de s’adapter à leur culture. Que ce soit en termes de philosophie du football proposé, mais aussi dans la manière dont ils gèrent un vestiaire. Ils doivent être capables de prendre la température dans leur groupe. Le RC Genk, dit-on, manque de mentalité. Le Soulier d’or Paul Onuachu a d’ailleurs critiqué l’attitude de certains après le derby limbourgeois. Mais ce qui est encore plus étrange, c’est que la saison dernière, on n’a pratiquement pas parlé de ce manque de mentalité. Genk, avait pourtant quasiment le même noyau de joueurs. Et ce dernier avait terminé à égalité avec le FC Bruges, tout en soulevant la Coupe de Belgique….

On ne remettra pas en doute le professionnalisme incontestable de Bernd Storck, même si certains lui reprochent de manquer de souplesse dans ses décisions et sa gestion de groupe. Mais parfois, certains entraîneurs ne sont tout simplement pas adaptés à certains clubs. Les excellents joueurs peuvent supporter le langage parfois brutal de leur entraîneur, les autres, peut-être plus fragiles, peuvent sombrer mentalement. Et avec l’arrivée de Storck, la différence d’ambiance a été énorme au sein d’un vestiaire qui restait sur une relation quasi amicale avec l’ancien coach John van den Brom. Mais l’entraîneur n’est évidemment pas coupable de tout. Genk a besoin de plus de joueurs endurants et solides sur le plan mental. Bernd Storck aura essayé de changer les choses mais n’a pas obtenu les résultats qu’il était censé « garantir ». On peut dès lors se demander s’il a tout simplement encore un avenir dans le Limbourg alors qu’il dispose d’un contrat à durée indéterminée.

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