Les Mauves n’ont enregistré aucune nouvelle recrue cet hiver. Peter Verbeke, habitué aux mercatos agités depuis son arrivée à Saint-Guidon, a pu se contenter d’élaguer un peu le noyau et peut désormais se concentrer sur les chantiers de l’été. Par le passé, les recrutements de janvier n’ont que rarement réussi à Anderlecht.
En janvier 2004, Herman Van Holsbeeck ne regarde pas souvent sa montre en ce mois de janvier. Son Sporting, qu’il vient de rejoindre quelques mois plus tôt, vit une saison plutôt tranquille en championnat, même si l’élimination en Champions League après un pénalty discutable sifflé lors du dernier match contre le Bayern Munich reste en travers de la gorge de certains.
Aleksandr Ilic et surtout Ivica Mornar sont les seuls à faire leurs valises cet hiver là. Le premier n’a plus eu beaucoup droit au chapitre, notamment avec les éclosions d’Olivier Deschacht et de Vincent Kompany, tandis qu’Hannu Tihinen et Glen De Boeck forment les autres valeurs sûres de l’entraîneur de l’époque, Hugo Broos.
Le second reste sur un retour en grâce inattendu alors qu’il était déjà proche de la sortie quelques mois auparavant. En panne d’attaquants avec la blessure de Nenad Jestrovic, Broos doit faire appel au Croate au crâne rasé qui va réaliser un premier tour de qualité avec 10 réalisations en 16 matches et un but qui offrira un partage à domicile contre le Bayern Munich sur la scène européenne. Moka va cependant fêter ses 30 ans en janvier 2004 et arrive en fin de contrat. Quand Portsmouth propose 600.000 euros aux Bruxellois pour l’embaucher, ils n’ont évidemment qu’un grand oui comme réponse. Anderlecht finira de toute façon champion à la fin de la saison.

De titre, il n’en sera cependant pas question cette année sauf retournement improbable de situation. Depuis leur défaite au Parc Duden, les hommes de Kompany accusent 15 points de retard sur l’Union. Même avec la division des points par deux, ça commence à devenir compliqué de rêver de lauriers. Dix-huit ans plus tôt, avec une quatrième place provisoire comme aujourd’hui, le board du club 34 fois champion de Belgique aurait sans doute été plus actif sur le marché des transferts. Autres temps, autres moeurs.
Surtout que le groupe actuel reste dans l’ensemble bien balancé et que la plupart des postes sont doublés au minimum. Malgré ses qualités indéniables, la location de Taylor Harwood-Bellis a été écourtée. Entre Lisandro Magallan et lui, il a fallu faire un choix étant donné que l’Argentin avait déjà débarqué à la fin du mois d’août pour pallier la blessure tardive d’Hannes Delcroix, revenu depuis lors, même s’il a rechuté contre le Cercle. Nayel Mehssatou n’ayant jamais reçu sa chance à l’arrière droit a préféré donner une autre direction à sa carrière en rejoignant Courtrai et un certain Bryan Reynolds, un Américain qui avait été envisagé pour les éventuelles absences internationales de Michael Murillo avant que la direction ne se rende compte qu’ils allaient sans doute avoir le même problème avec lui.
Le départ en prêt d’Adrien Trebel soulagera provisoirement aussi les finances bruxelloises, même si le club devra encore contribuer à une partie de son salaire à Lausanne-Sport où il aura pour mission de faire oublier Cameron Puertas, arrivé dans la capitale cet hiver du côté de Saint-Gilles. Le Français aura encore une année de contrat au Lotto Park après juin. Peter Verbeke pourra aussi profiter des semaines qui viendront pour trouver une solution à plus long terme pour l’un des plus gros contrats du club.
Adrien Trebel, qui est d’ailleurs l’une des rares satisfactions des mercatos hivernaux du Sporting depuis ce mois de janvier 2004. Depuis lors, cinquante joueurs ont enfilé la vareuse mauve au coeur de l’hiver. Et dans le lot seuls dix peuvent vraiment être considérés comme des réussites.
En 18 périodes de transferts de janvier, Anderlecht n’a jamais transféré plus de cinq joueurs en même temps. Cela a d’ailleurs été le cas à cinq reprises pendant ce laps de temps.

CINQ PERIODES DE TRANSFERTS AVEC CINQ NOUVELLES RECRUES
La première fois, c’est lors de la saison 2007-2008 où le RSCA n’occupe que la 7e place à la trêve des confiseurs. Le T1 de l’époque,Ariël Jacobs, ancien assistant d’un Franky Vercauteren qui a été remercié au coeur de l’automne, reçoit Guillaume Gillet, Stanislav Vlcek, Thomas Chatelle, Luigi Pieroni et Sascha Iakovenko pendant les soldes. Le Liégeois offre le but décisif en finale de la Coupe de Belgique, le Tchèque sans être génial apporte sa combativité et quelques buts qui lui permettront d’être dans les 23 de son pays pour l’Euro qui se déroule la même année et le Bruxellois venu de Genk répond globalement aux attentes.
Sans surprise, Pieroni est un flop et Iakovenko, malgré quelques fulgurances, ne sera jamais un membre régulier du onze de base les années qui suivront. On retiendra juste de l’Ukrainien un but splendide sur la pelouse du Bayern Munich en 1/8e de finale de la Coupe UEFA. Le bilan reste dans l’ensemble réussi puisqu’en plus de sa Coupe, Anderlecht a arraché la 2e place synonyme de barrages pour la Champions League. Bon ce sera l’été de Bate Borisov, mais c’est une autre histoire.
Suite à cette humiliation, Anderlecht n’est d’ailleurs pas en meilleure posture lors de l’hiver 2009. Malgré une saison européenne écourtée, les Mauves ne dominent pas un Standard, champion en titre, qui parvient à gérer ambitions en championnat et matches intéressants sur la scène européenne. Pour faire face aux absences à répétition de Nicolas Frutos, Anderlecht engage Tom De Sutter pour presque 3 millions. Sans être une réussite totale, l’homme aux quatorze sélections avec la Belgique répondra aux attentes. Les autres recrues, Kanu, Victor Bernardez, Reynaldo et Michael Cordier seront tous autant de flops, même si le dernier n’était venu qu’en qualité de doublure de Silvio Proto avec lequel il avait été formé à La Louvière. A la fin de la saison, Anderlecht perdra le titre lors de deux matches tests contre le Standard.
DES REUSSITES A MOYEN TERME EN 2013
Lors de l’hiver 2013, les Mauves sont accrochés par Zulte Waregem. Ils dépensent 500. 000 euros pour Samuel Armenteros qui reste sur une première moitié de saison à 13 buts en 21 duels avec Heracles Almelo. Une bonne affaire pense-t-on qui s’avèrera être un flop de dimension puisqu’il ne jouera que 7 rencontres pour un seul but marqué à Saint-Guidon. Demy De Zeeuw est l’autre gros nom de cette campagne de recrutement. Membre de l’équipe néerlandaise finaliste du Mondial 2010, il est prêté par le Spartak Moscou mais ne justifiera jamais ses références malgré un but précieux à Genk lors des Playoffs de 2014 ou un autre qui offrira un partage contre le PSG au Parc des Princes. Ce sont finalement, les trois venues les moins attendues qui seront des réussites, du moins sur le moyen terme car ils ne seront pas d’un grand concours lors des premiers mois. Il s’agit d’Andy Najar arrivé de DC United, Frank Acheampong de Thailande et du retour d’Anthony Vanden Borre, qui validera son billet diabolique pour le Brésil quinze moins plus tard.

Lors de l’été 2016, le Parc Astrid ressemble à un chantier. René Weiler prend place sur le banc et les multiples transferts entrants et sortants se croisent tout au long du mois d’août dans les couloirs du stade. Lors de l’hiver suivant, cela bouge aussi malgré des résultats satisfaisants tant sur la scène nationale que continentale. Anderlecht réussit à débaucher Adrien Trebel à son concurrent du Standard et s’il ne peut pas jouer en Europa League vu qu’il l’avait déjà fait avec les Rouches, il apporte beaucoup en championnat. Les Mauves seront champions pour la dernière fois et ne seront éliminés qu’en quart de finale en Coupe d’Europe au terme des prolongations lors du match retour à Manchester United, futur vainqueur de la compétition. Les supporters et dirigeants préfèreront oublier les autres recrues de l’hiver : Silvère Ganvoula, Isaac Kiese Thelin et surtout Dylan Lambrecth dont personne n’a jamais compris la venue. On sera plus nuancé concernant le gardien Ruben, auteur de bonnes prestations sur la scène européenne.
Il y a deux ans, Anderlecht avait aussi recruté cinq nouveaux joueurs dont trois lors de la dernière journée. Kemar Lawrence, Marko Pjaca et Dejan Joveljic seront des flops bien avant la pause covid qui écourtera la saison. Le Jamaïcain rencontrera aussi des problèmes personnels. Les Mauves tenteront une nouvelle fois le pari de la résurrection de Vanden Borre, sans succès cette fois. Seul Michael Murillo embauché avant l’ouverture de ce mercato s’est avéré être un joli coup.
FRUTOS ET WASYL, SEULES VRAIES REUSSITES
En 2006, l’Argentine va devenir à la mode au stade Vanden Stock. Herman Van Holsbeeck travaille sur ce marché depuis quelques temps et y déniche son targetman (son terme à la mode avec box to box), cet attaquant capable de jouer en pivot, qu’il cherche en vain depuis deux saisons. Son nom: Nicolas Frutos. Arrivé pour 2,5 millions d’euros en provenance d’Indenpendiente, le deuxième match de celui qu’on surnommait le Héron s’avère être une catastrophe et l’étiquette de flop semble déjà être collée à côté de son nom. Les semaines suivantes, il enchaîne les goals dont un doublé sur la pelouse du FC Bruges, contribue largement au titre des Mauves et ouvre la voie d’une filière argentine qui fera venir des joueurs comme Lucas Biglia et Matias Suarez. Si les blessures émailleront sa carrière et le contraindront d’écourter cette dernière à seulement 28 ans, Frutos a quand même empilé 52 buts en 94 apparitions sous la vareuse mauve. Il reviendra ensuite dans différents staffs techniques sans que son histoire d’amour avec le club de l’ouest de Bruxelles ne soit aussi belle que sur la pelouse.

Un an après Frutos, c’est un Polonais au style plutôt brutal qui s’avère être la seule réussite d’un mercato lors duquel sont aussi arrivés un sombre cousin d’Uma Thurman, Max von Schlebrügge et Walter Baseggio, revenu au bercail après un bref exil au Trévise de ses origines familiales. Marcin Wasilewski débarque lui de Lech Poznan pour apporter un peu de stabilité à l’arrière droit et surtout quelques précieux buts de la tête lorsque le RSCA se montre en panne d’inspiration dans le jeu. Néanmoins, ce sera un tibia brisé par Axel Witsel lors d’un Clasico houleux et une rééduction de combattant pour revenir au plus haut niveau qui feront entrer Wasyl dans le coeur des fans bruxellois. Juste avant cela, beaucoup souhaitaient son départ. Au final, le Polonais quittera le Parc Astrid après 194 matches et 22 buts (pas mal pour un défenseur), quatre titres de champion, trois Supercoupes, une Coupe et un tatouage de l’écusson du club sur le mollet. Pas mal pour un ours loin des standards d’élégance de la maison.
DES MERCATOS COMPLETEMENT EN 2010 ET 2011
Pour le reste, on mentionnera beaucoup d’échecs dans le recrutement de janvier. Christophe Gregoire, valeur sûre de la compétition arrivée en 2005, ne s’imposera jamais dans le club de son coeur malgré son élégance qui aurait dû convenir au style de la maison. En 2010, l’espoir tchèque Lukas Marecek, le joueur anglais venu de provincial Paul Taylor et un Hondurien complètement oublié Mario Martinez symboliseront ce qui est sûrement le plus mauvais mercato hivernal anderlechtois. L’hiver suivant ne sera pas plus concluant avec Dalibor Veselinovic, hype de l’époque en D2 que tous les clubs du top belge souhaitaient embrigader (il a arrêté sa carrière en 2019 alors qu’il jouait au Zrinjski Mostar en Bosnie pour la petite histoire) et Abdoulaye Seck, un défenseur sénégalais filiforme auteur d’un premier match de Playoffs catastrophique contre le Standard. En 2012, la connexion congolaise avec le TP Mazembe permet les venues Patou Kabangu et Bedi Mbenza. Deux joueurs venus étoffer un noyau déjà performant. Les deux protégés dans le vestiaire de Dieumerci Mbokani ne s’éterniseront pas mais repartiront avec un titre auquel ils n’auront pas vraiment contribué.

LES ECHECS BLING-BLING
Lors de l’hiver 2014, Mogi Bayat place ses pions et David Pollet. L’attaquant arrive pour 2 millions d’euros et sera sans surprise un fiasco, tout comme la non-venue du Soulier d’or Thorgan Hazard que certains médias annonçaient comme certitude. Un échec cuisant pour le directeur sportif anderlechtois.
Douze mois plus tard, les noms sont plus ronflants et le mercato mieux ficelé, du moins dans la théorie. Idrissa Sylla de Zulte Waregem semble une bonne alternative pour le poste de numéro 9 et n’a couté qu’1,5 million. Sur les flancs, Anderlecht obtient le prêt de Marko Marin. Un international allemand barré par Eden Hazardà Chelsea mais qui reste sur une saison correcte à Séville, même si elle marque le début de sa chute. Blessé et rarement performant, il ne jouera que 8 matches avec un seul assist délivré. Rolando est un autre international. Le Portugais, originaire du Cap Vert, est prêté par Porto mais ne joue que dix matches sans convaincre. Anderlecht devra se contenter de la 3e place malgré ce recrutement bling-bling.
Marin sera le premier d’une série de noms ronflants mais restants sur des saisons décevantes dans leur club de prestige. Filip Duricic en 2018 prêté par Benfica (20 m., 1 b.), Lazar Markovic loué en 2018 à Liverpool (8m. , 1b.) et Yannick Bolasie, cédé temporairement par Everton en 2019 ne brilleront pas à la mesure de leur talent lors de leur passage à Bruxelles. Même si dans le cas du Congolais (17m, 6 b), le bilan reste correct. Dans la même lignée, on mentionnera aussi Jacob Bruun Larsen, grand espoir du football danois, qui n’a marqué que deux buts et délivré 2 assists l’an dernier.
Dans un registre plus défensif, Alexander Büttner est arrivé en prêt du Dynamo Moscou en affichant sur son CV un passage de deux ans à Manchester United. Mais on a plus retenu ses excentricités capillaires et ses tatouages que ses 16 matches (et 1 goal) au back gauche.

ZULJ L’HOMME QUI VOYAIT DES CHOSES QUE LES AUTRES NE VOYAIENT PAS (ET NOUS NON PLUS)
Si ces joueurs ont été des locations coûteuses, elles n’ont pas entrainé le débours de 2,5 millions d’euros comme Peter Zulj en janvier 2019. Recrue phare du nouveau directeur sportif Frank Arnesen qui pense ainsi offrir au club qui l’a fait grandir comme joueur, un élément doué, prometteur et pas trop cher, l’Autrichien a été vice-champion et vainqueur de la Coupe dans son pays avec le Sturm Graz. Sûr de lui, il affirme voir des choses que les autres ne voient pas. Mais apparemment que ni ses entraîneurs ni ses partenaires ni ses supporters n’ont vu non plus. Il quitte Saint-Guidon après 40 matches pour la Turquie et est actuellement prêté en Hongrie, un championnat qui découvrira peut-être enfin ce qu’il voit d’autre sur un terrain de football…
Pour terminer ce gros chapitre du recrutement d’Anderlecht en janvier, on citera pêle-mêle les derniers échecs. Des garçons pas spécialement mauvais mais arrivés dans le mauvais contexte: Ryota Morioka et Kenny Saief en 2018, des garçons perdus de vue comme Rafael Galhardo (2016), Stéphane Badji (2016) ouWarner Hahn (2021) et enfin un Majeed Ashimeru (2021) qui ne convainc pas grand monde à part Kompany qui a souhaité l’enrôler à titre définitif l’été dernier.
