© BELGAIMAGE

Au fait, il ressemblait à quoi, le premier mercato belge post-Bosman

Il y a 26 ans, l’arrêt Bosman faisait exploser le marché des transferts. Quel impact a eu cet événement sur le mercato belge de l’été suivant?

Le 15 décembre 1995, le monde du football subit une véritable déflagration quand la Cour européenne de Justice donne raison à Jean-Marc Bosman et estime que les joueurs en fin de contrat peuvent librement rejoindre un autre club, dès la prochaine période de transferts. Dans le même temps, elle interdit la limitation du nombre de joueurs issus d’autres pays de l’Union européenne. Sauf que les clubs, eux, ne sont absolument pas prêts. Cette saison-là, pas moins de 193 footballeurs sont en fin de contrat dans les 18 clubs de l’élite belge, et donc en théorie libres. Seraing, qui est sur le point d’être absorbé par le Standard à la fin de la saison, en compte 19, Beveren 18 et Charleroi seize. Waregem et l’Antwerp en comptent quinze, mais le Great Old ne pâtit pas de l’arrêt: le président Eddy Wauters fait en sorte que la plupart des joueurs entament leur dernière année de contrat avec une option qui peut être levée unilatéralement par le club. Les contrats sont donc prolongés automatiquement d’un an. Wauters peut ainsi exiger 250.000 euros du Lierse pour Rudy Smidts. Comme le Lierse ne peut pas payer ce montant, Smidts reste à Anvers et ne participera donc pas au titre des Lierrois. La fête fait d’ailleurs place à une fameuse gueule de bois chaussée du Lisp un an plus tard, car le Lierse a oublié d’offrir à temps un nouveau contrat à ses meilleurs jeunes en fin de bail ( Karel Snoeckx, Bob Peeters et Dirk Huysmans). Ceux-ci ont déjà signé ailleurs avant même de fêter le titre. Bart De Roover a quant à lui rompu son contrat pour rejoindre le NAC Breda, ce qui lui vaudra une amende.

À Charleroi, l’attaquant camerounais Jean-Jacques Missé Missé se fait naturaliser belge, son statut européen lui donnant accès à un transfert libre au Sporting Portugal. ChristopheLauwers, l’avant-centre du Cercle, auteur de 19 buts et néo-international, est très convoité et signe dès le mois d’avril pour l’Eendracht Alost, qui n’aurait jamais pu se permettre pareil transfert avant l’arrêt Bosman. « Nous n’avons pas été assez rapides sur la balle en décembre », soupire l’administrateur Georges Ingelbrecht. Frank Carlier, un autre dirigeant du Cercle, estime celui-ci à l’abri des conséquences de l’arrêt. « Si Lauwers peut gagner deux fois et demi plus que chez nous à Alost, nous sommes les premiers à l’en féliciter. Nous survivrons à cet arrêt. On est créatifs et c’est ce qui fait notre force. Nous trouvons de bons joueurs avant les autres clubs. » Finalement, le Cercle percevra… 25.000 euros pour son avant grâce au transfert C, un gentlemen agreement provisoire conclu par les clubs de l’élite. Durant ce même mercato, le Cercle touche deux millions d’euros pour deux joueurs toujours sous contrat: Tibor Selymes, parti à Anderlecht, et Geoffrey Claeys, qui paraphe un pré-contrat à Anderlecht, mais préférera finalement Feyenoord. Le Standard reçoit également une jolie somme de Bordeaux pour le gardien Gilbert Bodart, ainsi que pour Marc Wilmots, qui force son départ pour Schalke 04 et plus d’un million de Coventry pour Regis Genaux.

Mais l’arrêt désavantage certains joueurs. Ainsi, Philippe Van de Walle reste au Germinal: « J’ai 34 ans et je coûte encore de l’argent. Sans ça, je serais à Marseille ou à Leeds. »

Même Anderlecht se retrouve contraint de laisser partir des joueurs gratuitement. Il peut encore digérer le départ pour Twente de Johnny Bosman, qui y obtient un bail de trois ans au lieu d’une saison à Bruxelles, mais il accepte moins bien le transfert libre d’ Olivier Suray à Charleroi, son ancien club, et surtout le départ tout aussi gratuit de Bertrand Crasson à Naples. Au début de la saison 1996-1997, le manager Michel Verschueren annonce que le club veut connaître les projets des six joueurs en fin de contrat d’ici la fin octobre.

Un an plus tard, les principales conclusions de l’arrêt sont déjà connues. Les agents accumulent les affaires en or, l’exode tant redouté des joueurs gratuits n’a finalement pas lieu et on continue à payer beaucoup pour ceux qui sont toujours sous contrat, à savoir les Européens de l’Est, non-issus de l’UE, et les Africains, qui ne profitent pas non plus de l’arrêt.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire