Notre journaliste Guillaume Gautier répond à trois questions sur le week-end foot. Au programme: un Clasico sans saveur, un Bruges sans idées et un Charleroi en crise.
Pourquoi le match entre Anderlecht et le Standard était-il si mauvais?
Le chiffre est marquant, même s’il implique de se pencher sur les statistiques avancées. En data analyse, on mesure la valeur de chaque occasion en expected goal. En résumé, chaque tir vaut entre 0,01 et 0,99 selon la probabilité qu’il a de finir au fond des filets. Un penalty, qui devient un but dans 78% des cas, vaut ainsi 0,78. L’addition des occasions permet de calculer combien de buts aurait « dû » marquer une équipe lors d’un match. Entre Anderlecht et le Standard, les deux équipes ont cumulé 0,54 expected goal. Soit le plus faible total pour un match de Pro League cette saison. L’histoire d’un match que personne ne semblait vouloir ou pouvoir gagner.
Du côté d’Anderlecht, le plan des dernières semaines se résume à trouver un appui sur Lukas Nmecha pour ensuite faire jouer ses partenaires. Privé des appels de Percy Tau et bien neutralisé par Bokadi, l’Allemand n’a pas pesé sur la rencontre, et le jeu offensif d’Anderlecht a disparu. En face, difficile de trouver un fil conducteur dans les idées offensives du Standard. À l’arrivée, on obtient le match le plus vide de la saison.
Quand deux équipes ne se créent pas de chemin précis vers le but adverse, elles s’en remettent souvent à leurs individualités pour faire la différence et transformer un ballon anodin en occasion de but. Mais sur la pelouse, ce dimanche, y avait-il une individualité de ce niveau, dont on pouvait raisonnablement attendre ce type d’exploit ? Poser la question, c’est se confronter à des équipes qui ont peu de grands joueurs devant, et tout aussi peu de jeu pour sublimer des individualités moyennes.
Clement est-il en partie responsable des problèmes offensifs de Bruges?
Les semaines se suivent, et les prestations offensives insipides se ressemblent dans le chef du champion en titre, toujours dans le peloton de tête à défaut d’être inspiré. En vrac, on a pointé du doigt la mentalité de joueurs surtout concernés par la Ligue des Champions, le recrutement raté du secteur offensif, ou le manque de réussite face au but adverse. Une averse de reproches auxquels Philippe Clement échappe systématiquement. À raison ?
Dans la foulée de la victoire arrachée par Noa Lang contre Courtrai la semaine dernière, avant d’affronter Dortmund, le coach brugeois évoquait le bonheur que cela devait être de compter sur un attaquant comme Haaland ou Lukaku. Et quand on voit ce que le jeu des Blauw en Zwart exige de Michael Krmencik, on se dit effectivement que l’attaquant norvégien rendrait de fiers services à ce Bruges-là, plutôt paresseux à l’heure de dessiner ses chemins vers le but. Mais le rôle d’un coach n’est-il pas de tirer le meilleur de ses joueurs, en leur permettant de mettre l’adversaire en difficulté collectivement, plutôt que de déplorer l’absence d’exploit individuel pour faire la différence?
Charleroi est-il en crise?
Elles sont plutôt rares, les visites dominicales de Mehdi Bayat dans le Pays Noir. Alors que le déplacement au Kehrweg avancé au vendredi soir aurait pu offrir un dimanche en famille à l’administateur-délégué surbooké des Zèbres, on apprend dans les colonnes de Sudpresse que l’homme fort du Sporting Carolo a fait l’aller-retour jusqu’à sa ville d’adoption pour remobiliser ses troupes. De quoi rendre capital le match d’alignement contre Waasland-Beveren, qui doit se conclure par une victoire pour remettre les hommes de Karim Belhocine à l’endroit.
Privé de banc de touche dans les Cantons de l’est, le Franco-Algérien pourrait lancer, contraint notamment par la suspension de Steeven Willems, cette rotation que certains souhaitent de plus en plus dans les travées hennuyères. Sera-t-elle la solution au surplace du Sporting, qui reste sur un 5/18 en championnat? La principale différence avec le début de saison abouti, c’est que désormais, la première occasion zébrée ne finit plus systématiquement au fond. Contrairement à celle des adversaires.