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Anderlecht : le problème des backs

Depuis le dernier titre, en 2017, Anderlecht a utilisé vingt-deux arrières latéraux. À cause de cette philosophie, ceux-ci n’osent plus prendre de risques et la défense manque de stabilité. Le nul blanc contre Waasland-Beveren a pourtant encore démontré l’urgence de posséder deux vrais backs.

Des coups de sifflets et des bras d’honneur suivis d’un message clair : shame on you, repris en choeur par les supporters de Waasland-Beveren qui avaient effectué le déplacement. Les joueurs d’Anderlecht ont dû avaler leur salive de travers. Jusqu’ici, malgré un début de saison misérable, ils avaient pu compter sur le soutien inconditionnel de leur public. Ils pensaient donc avoir encore un peu de temps pour mettre le projet Kompany sur rails. Mais la perte de deux nouveaux points face à Waasland-Beveren est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Anthony Vanden Borre sera-t-il la solution-miracle sur le flanc droit ?
Anthony Vanden Borre sera-t-il la solution-miracle sur le flanc droit ?© BELGAIMAGE

Une demi-heure après le coup de sifflet final, tandis que Michael Verschueren tentait de résister au noyau dur à l’entrée principale du stade, Landry Dimata (22 ans) signait tranquillement des autographes. Pour de nombreux supporters, l’attaquant est l’un des chaînons manquants de l’équipe.

En interne, on a souvent dit que tout s’arrangerait le jour où Dimata (qui n’a encore joué que 70 minutes en 2019 et a repris l’entraînement) et Kemar Roofe seraient là. Mais ça fait neuf matches que ça ne tourne pas en pointe : Anderlecht possède la deuxième plus mauvaise attaque de Jupiler Pro League. Et derrière, la situation est tout aussi préoccupante.

Des backs sans apport

Outre les onze bus encaissés, les arrières latéraux posent problème. Au moment de sa présentation, Vincent Kompany avait promis qu’Anderlecht jouerait comme Manchester City. À la différence qu’il ne cherchait pas des arrières latéraux offensifs comme Kyle Walker et Oleksandr Zinchenko, capables à la fois de défendre et d’attaquer.

Kompany avait expliqué son plan en détails aux joueurs : pour sa première saison, il n’avait pas besoin d’arrières offensifs. Par la suite, ce poste évoluerait comme le reste de l’équipe. Il voyait à long terme. Trust the process !

Pour Kompany, le nom et les qualités intrinsèques d’un joueur importent peu. Il cherche quelqu’un qui convienne à son système. C’est pourquoi il ne considérait pas Alexis Saelemaekers comme un arrière droit. Avec son volume de course et sa qualité de centre, Saelemaekers est pourtant l’homme idéal pour cette place mais Kompany ne veut pas d’un joueur qui joue contre nature et néglige la tactique.

Face à Waasland-Beveren, on a cependant constaté une fois de plus combien Sieben Dewaele et Killian Sardella sont prisonniers d’un carcan et n’apportent aucune plus-value offensive à l’équipe.

Dewaele n’a pas centré une seule fois et ne s’est jamais montré dans les 30 derniers mètres de Waasland-Beveren. Sardella est sorti deux fois dans les troisième et quatrième quarts d’heure mais à chaque fois, son centre était mauvais.

Au cours des dernières semaines, on a également pu constater les lacunes de ces deux joueurs sur le plan défensif. À Bruges, Sardella est devenu fou face Eduard Sobol et dimanche, il s’est fait passer plusieurs fois par Beni Badibanga. Tout comme Dewaele, il peut dire qu’il découvre la D1A à une place qui n’est pas la sienne mais il aurait surtout besoin d’être laissé au repos afin de digérer ses premiers pas dans le foot pro.

8 à droite, 14 à gauche

On constate qu’au moment de chercher du renfort sur les flancs, Anderlecht n’a guère insisté. Le nom de l’international iranien Milad Mohammadi, libre de transfert, a été cité à Neerpede mais les Bruxellois n’ont pas tout fait pour l’avoir. Parce que Kompany était convaincu d’avoir suffisamment de joueurs à sa disposition à Neerpede ?

A-t-il négligé l’importance d’un bon arrière latéral au sein d’une équipe ? Sans doute. Comme Verschueren s’est totalement planté lorsque, début septembre, il a minimisé la nécessité de transférer un attaquant de pointe et a tenté de justifier sur Twitter l’échec du transfert de Mbaye Diagne.  » Politique cohérente, il n’y avait pas de meilleure option disponible pour renforcer l’équipe au cours du dernier jour du mercato. Squad completed.  »

Aujourd’hui, ces mots sonnent creux. Lors du dernier mercato, la priorité de la direction était de transférer un attaquant de pointe et deux arrière latéraux. Surtout en regard des départs et des arrivées en défense au cours des deux dernières saisons, tant à droite qu’à gauche. Cela fait des années qu’Anderlecht connaît des problèmes d’arrières latéraux et la direction ne semble pas vouloir transférer de joueurs fiables comme Olivier Deschacht et Anthony Vanden Borre.

Depuis le dernier titre, conquis en 2017 sous la direction de René Weiler, huit joueurs ont été alignés au poste d’arrière droit : Dennis Appiah, Saelemaekers, Andy Najar, Alexandru Chipciu, Massimo Bruno, Sardella, Hotman El Kababri, et Dewaele ( voir encadré).

Anderlecht : le problème des backs

À gauche, c’est encore pire : ils sont 14 à s’être relayés. Au point que lors de la préparation de la saison 2017-2018, Adrien Trebel a été testé à gauche lors d’un match amical au Lierse afin de remédier à la blessure d’Ivan Obradovic et au départ de Frank Acheampong.

Le retour de VDB

Mais ce qui symbolise encore le mieux la politique d’Anderlecht en la matière, c’est la façon dont Sardella a grimpé dans la hiérarchie. Le jeudi 26 avril, dans une loge de l’Emirates Stadium, il assistait à la demi-finale du match d’Europa League entre Arsenal et l’Atlético Madrid.

Hormis ses parents, personne ne savait qu’il était parti à Londres. Le lundi suivant, Luc Devroe appelait son agent pour savoir ce qu’il était allé faire à Arsenal. Le même jour, par crainte de voir un jeune joueur de 15 ans partir gratuitement chez les Gunners, il proposait un contrat à l’international U17.

C’est ainsi que, le 4 mai, Sardella faisait partie de la liste des onze joueurs présentés en grande pompe par Marc Coucke et sur laquelle on retrouvait également Verschaeren, Jérémy Doku, Anouar Ait El Hadj ou Antoine Colassin.

Il va falloir convaincre Kompany qu’actuellement, ses meilleurs arrières latéraux sont sur le banc ou dans la tribune. Il s’agit, dans un ordre aléatoire, d’Elias Cobbaut, Thierry Lutonda (qui laisse une bonne impression depuis son retour en U21) et d’ Anthony Vanden Borre.

Le retour de VDB est un coup de bluff de Kompany mais, en coulisses, des gens sont convaincus qu’un Vanden Borre à cinquante pour cent de ses possibilités ne ferait pas pire que Sardella.

Vanden Borre s’est entraîné dur à Dubai en compagnie de Christian Wilhelmsson et il devrait bientôt effectuer son retour en U21. Il sait que ce énième come-back constitue la dernière chance de sa carrière. Revenir au plus haut niveau dans un club comme Anderlecht trois ans après avoir quitté le circuit professionnel, c’est du jamais vu.

Peut-être Vanden Borre y arrivera-t-il. Ce serait encore plus gros que sa sélection pour la Coupe du monde 2014 au Brésil. Mais c’est surtout le signe de la mauvaise gestion d’Anderlecht qui, pour résoudre ses problèmes, est obligé de faire appel à un vétéran n’ayant joué que 40 matches depuis la saison 2014-2015.

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