Dans sa chronique, Guillaume Gautier s’intéresse à la victoire historique du Standard: une première à domicile depuis janvier, avec une possession jamais vue depuis au moins 6 ans.
La trop longue série a pris fin. Depuis Dender, hôte de Sclessin au cœur du mois de janvier, neuf équipes s’étaient présentées dans l’antre du Standard sans la quitter avec une défaite dans les valises une heure et demie plus tard. Présenté comme un autoritaire candidat au podium malgré un début de saison décevant dans les chiffres, Genk est devenu la nouvelle victime des Rouches de Mircea Rednic. Un 2-1 teinté de pragmatisme, faisant dire au coach roumain que les siens ont gagné «à l’italienne».
Qu’importe si la prestation n’était finalement pas bien différente de celles livrées contre les ténors sous les ordres d’Ivan Leko quelques mois plus tôt. Le Standard sourit à nouveau, emporté par la vague d’optimisme survenue dans le sillage du retour au bercail de Marc Wilmots. Les Liégeois fêtent le succès autant que le début de saison réussi, sans même remarquer qu’ils ont établi un autre record qui paraît difficile à battre: leur victoire contre un Genk qui a (stérilement) maîtrisé le ballon a été actée avec une possession de balle de 24% (selon l’application FotMob) au cours de la rencontre. Jamais depuis le début de la saison 2018-2019, date où la mesure de la possession a été systématisée dans la plupart des rencontres, le Standard n’avait enregistré une donnée si basse dans cet aspect du jeu sur ses terres en championnat.
Il faut dire qu’à Sclessin, domination et possession n’ont jamais vraiment fait bon ménage. Les dernières grandes victoires enregistrées à domicile l’ont été, souvent face à Bruges ou Genk, avec des possessions de balle flirtant autour des 30 à 35%. Carl Hoefkens, Ronny Deila ou Ivan Leko ont été les coachs à l’origine de ces exploits d’un jour, créant une certaine récurrence dans le scénario favori du Standard face aux ténors. C’est donc sans surprise que, si le Standard a bouclé hier une série de neuf matchs sans victoire à domicile, une autre série est toujours en cours: celle des matchs disputés sans gagner le match devant ses supporters tout en ayant plus de 50% de temps de maîtrise du ballon. Elle s’étend désormais à 26 matchs en championnat, soit depuis la visite des Pandas d’Eupen à Sclessin le 16 mars 2024. Ce jour-là, les Rouches et leur coach Ivan Leko avaient enregistré 56% de possession en plus d’une large victoire 4-0 devant un public clairsemé. Bien loin de la furie d’un stade plein à craquer pour soutenir la grande résistance menée contre Genk pour cette deuxième apparition de la saison à domicile.
S’il marque déjà bien plus souvent que son prédécesseur, le Standard plus conquérant, offensif et spectaculaire promis par Marc Wilmots n’est pas encore vraiment là. Mircea Rednic demande logiquement du temps, lui qui a hérité d’une équipe entière en quelques semaines de mercato et qui doit faire changer la mentalité d’une ligne défensive habituée à jouer avec des rétroviseurs la saison dernière. Est-elle toutefois armée pour faire autrement, quand on a vu comme elle subissait la maîtrise technique de Genk en début de rencontre avant de se retrancher devant sa surface pour résister?
La certitude, c’est que les chiffres racontent que le nouveau Standard n’est pas encore arrivé. En deux apparitions à domicile, les Liégeois ont enregistré 46 puis 24% de possession. Ils ont par contre cadré onze fois, et concédé seulement sept frappes entre ses perches et n’a vu Matthieu Epolo se retourner qu’à deux reprises.
Contrairement à un discours encore répandu chez certains suiveurs, dominer la possession ne signifie pas toujours qu’on domine la rencontre. Heureusement pour le Standard de Mircea Rednic, qui accumule des points à défaut d’empiler les passes.