À l’heure d’écrire ces lignes, nous ne savions pas encore s’il serait toujours en poste, limogé ou placé sur une voie de garage. Même s’il a été décidé ce lundi soir de le maintenir sur le banc du Essevee, le fait est que les relations entre Francky Dury et Zulte Waregem se sont détériorées depuis longtemps.
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11 octobre 1996. Le jour de son anniversaire, le Zultse VV, pensionnaire de D3, limoge Francky Dury. Le soir-même, son adjoint Eddy Cordier (aujourd’hui CEO de Zulte Waregem) lui apporte chez lui la corbeille de petits pains offerte par les joueurs. Pour qu’il les mange avec sa femme. Un anniversaire en mode mineur donc, mais pas un adieu définitif, car un an et demi plus tard, le président Willy Naessens rappelle Dury. En juin 2001, l’entraîneur coach intègre Zulte Waregem, un nouveau club, issu d’une fusion. C’est le début d’une union d’une longueur inédite dans le football belge, malgré un intermède d’un an et demi à La Gantoise et avec les Diables rouges : depuis, il a dirigé 768 matches, dont 542 en Pro League, remporté deux Coupes et un titre de vice-champion en 2012-2013.
Le monument du club a toutefois perdu de sa superbe depuis quelques années. La direction apprécie moins l’entraîneur, avec lequel il devient difficile de travailler, et ce à plusieurs niveaux. Pourtant, Dury a survécu à quatre crises : le quatre sur 39 en 2017-2018, le quatre sur 33 en 2018-2019, le cinq sur trente il y a deux ans et le huit sur 33 de la saison passée, trois mauvaises passes survenues en début de saison. Il le doit à son contrat en béton de dix ans et aux indemnités liées que Willy Naessens lui a fait signer en octobre 2013 et qu’il a même prolongé d’une saison, jusqu’en juin 2024, en 2016.
L’union passionnelle est devenue un mariage de raison dont la fin a été fixée l’été dernier. « D’un commun accord », le contrat de trois ans de Dury a été ramené à une saison, jusqu’à juin 2022. Ses adjoints, Davy De fauw et Timmy Simons, ont pu acquérir de l’expérience et sont de futurs « dirigeants sportifs », tandis que Dury allait bénéficier « d’adieux en beauté ».
Malgré la qualité du noyau, il n’y a pas d’équipe sur le terrain.
Las, cette ultime saison a de nouveau mal débuté : neuf sur trente et 23 buts contre. Plus dur encore que les chiffres, malgré la qualité du noyau, il n’y a pas d’équipe sur le terrain. Elle n’a quasi aucune consistance, est dépourvue d’automatisme, de tactique et les compositions alignées changent constamment. La ferveur de la plupart des supporters s’est refroidie. Au retour du dernier déplacement, assorti d’un dramatique 5-1 à Seraing, des fans s’étaient même réunis au stade Arc-en-ciel pour crier « Dury dehors ! ». Celui-ci est resté une heure dans le car avant de courir vers sa voiture, qui a également été assiégée.
C’est un signal. La direction, réduite cette année à l’actionnaire principal Tony Beeuwsaert, à Philippe Detaellenaere et à Franck Tytgat, doit réévaluer la position de Dury. Sur le plan juridique, il faut savoir ce qu’impliquerait un départ prématuré, soit en le limogeant, soit en le plaçant sur une voie de garage, lui qui possède deux contrats, l’un d’entraîneur, l’autre de directeur sportif. Et sur le plan sportif, car si ses rapports internes se sont améliorés, ses décisions tactiques suscitent des frictions. Simons et De fauw dirigent les entraînements, mais n’ont rien à dire sur ce plan.
Bien qu’il donne l’impression d’être nettement moins motivé que dans le passé, Dury tient toujours à son autorité d’entraîneur principal. Du coup, sa tactique n’est pas cohérente. Le groupe des joueurs est dans le flou et partagé quant à la position de son coach. Cela suffit-il à mettre maintenant un terme à la collaboration ? Le sujet a été discuté lundi. Le 11 octobre, le jour de l’anniversaire de Dury. Exactement 25 ans après son premier limogeage du Zultse VV…