Romelu Lukaku de retour à l’Inter : comment l’impossible est devenu possible
Impensable voici quelques mois, l’opération devrait être officialisée dans les prochaines heures. Mais comment en est-on arrivé là ? Retour dans le temps.
« J’espère un jour revenir à l’Inter. » C’est avec ces mots prononcés lors d’une interview accordée à Sky Italia que Romelu Lukaku a vu son histoire d’amour avec Chelsea se détériorer et que son retour dans le club milanais a de nouveau été envisagé. Cependant, personne n’imaginait que ces retrouvailles auraient lieu seulement six mois plus tard. Big Rom’ est revenu à Londres l’été dernier pour un montant record de 113 millions d’euros. Il espérait ainsi prendre sa revanche après un premier passage lors duquel il n’avait pas réussi à s’imposer. En marquant lors de son premier match contre Arsenal, il avait réussi ses débuts. Et puis des blessures, une infection au coronavirus et ce fameux entretien ont dégradé les relations entre les deux parties, jusqu’à un point de rupture.
En donnant cette interview à Sky Italia, Lukaku voulait simplement s’excuser auprès des tifosi nerazzurri après son départ soudain. Au début du mois de juillet, il claironnait qu’il ne comptait pas quitter l’amour de sa vie, mais lorsque Chelsea est arrivé avec ses millions, ses perspectives sportives ambitieuses et la possibilité de faire oublier un premier passage raté, Lukaku a changé d’avis. Les supporters étaient logiquement furieux et ne voulaient plus entendre parler du « traître ».
En décembre, un retour de l’enfant prodige au stade Guiseppe Meazza semblait encore de la science-fiction. La rumeur n’a vraiment démarré que le 24 février lorsque La Gazzetta dello Sport écrivait dans son édition du jour que Romelu Lukaku avait envoyé des messages aux dirigeants de l’Inter pour demander si un retour était de l’ordre du possible.
À l’époque, le propriétaire Steven Zhang et ses collaborateurs envisageaient clairement la possibilité, mais elle n’était pas possible sur le plan financier. En effet, Chelsea voulait alors vendre son attaquant, mais l’Inter aurait dû débourser plus de 70 millions d’euros pour le récupérer en plus d’assumer un salaire estimé à 15 millions d’euros par. Cela aurait été un paradoxe alors que le club lombard avait accepté de se séparer de son fer de lance justement parce qu’il coûtait trop cher et que la situation financière générale était critique. L’Inter était en train de ramener son bilan dans le vert et un transfert n’aurait alors pas eu de sens. D’après la Gazzetta qui citait des têtes pensantes nerazzurri , le plan avait 5 % de chances de réussir. C’est pourquoi le dossier Lukaku est resté planqué au fond des tiroirs de Chelsea et de l’Inter Milan pendant de nombreux semaines.
L’arrivée de Todd Boehly et le départ de Roman Abramovitch ont tout changé
Mais l’invasion russe en Ukraine a changé de nombreuses choses. Roman Abramovitch a été contraint de vendre son bébé et le nouveau propriétaire Todd Boehly n’avait pas les mêmes intentions quant à la politique sportive. L’hommes d’affaires américain n’était pas contre le départ de Romelu Lukaku, mais n’entendait pas le prêter gratuitement à une autre équipe. A la même période, au mois d’avril, le Belge désignait l’avocat Sébastien Ledure pour réaliser le transfert à la place de son agent habituel, Federico Pastorello. L’Italien s’était répandu dans la presse sur un éventuel départ de son client, mais cela n’a pas été au goût de ce dernier qui l’a alors remis à sa place. « Je décide tout seul de mon avenir et de ce qu’il se passe. Personne ne doit parler en mon nom », a-t-il martelé sur Instagram.
Pendant ce temps, Lukaku se concentrait entièrement sur son retour à l’Inter et Ledure mettait au point un nouveau plan: Big Rom’ allait demander un prêt payant pour une belle somme d’argent et devoir renoncer à une grande partie de son salaire, afin d’être abordable pour la bourse nerazzurra. Chelsea a d’abord demandé un montant de 25 et 30 millions d’euros qui a été jugé inacceptable pour les dirigeants de l’Inter.
Simone Inzaghi, moteur du retour de Big Rom’ à l’Inter
Les deux entraîneurs concernés par l’avenir de l’attaquant des Diables rouges, Thomas Tuchel et Simone Inzaghi ont alors pris son parti, mais pour des raisons différentes. L’Allemand a mis la pression sur le nouveau propriétaire de Chelsea pour qu’il laisse partir le numéro 9, tandis que l’Italien est devenu le moteur du retour de Big Rom’ au stade Guiseppe Meazza. L’ancien technicien de la Lazio, qui n’a pas pourtant pas connu Lukaku plus que quelques semaines de préparation l’an dernier, voit le meneur qui sera capable de porter son Inter 2.0 vers de nouveaux sommets. Les pressions des deux entraîneurs et l’art de la négociation de Ledure ont finalement porté leurs fruits.
Pourtant, Chelsea a bien essayé de sortir une dernière fois gagnant du deal. Le vainqueur de la Ligue des Champions 2021 a d’abord négocié un échange avec Alessandro Bastoni, Stefan de Vrij ou Denzel Dumfries, afin de compenser les départs d’Antonio Rüdiger et d’Andreas Christensen et éventuellement celui de César Azpilicueta. L’Inter a décliné l’offre et les deux clubs se sont accordés sur une location d’un an pour 8 millions d’euros, avec quelques millions de bonus (nombre de matches, buts, Scudetto Ligue des Champions, buts, …). Mission accomplie.
Outre l’influence de Tuchel, Inzaghi et Ledure, trois autres facteurs ont également joué un rôle dans ce transfert. Tout d’abord, la détermination de Romelu Lukaku. Si le meilleur buteur de l’histoire des Diables Rouges a quelque chose en tête, il y a beaucoup de chances que cela se réalise.
Souvenez-vous de son premier transfert à l’Inter, alors qu’il aspirait à quitter un Manchester United où il n’avait jamais trouvé rééllement sa place. Lukaku ne se présentait plus aux entraînements et empilait les amendes les unes après les autres sur son bureau. Pas le comportement le plus exemplaire, mais il a permis à l’affaire de se conclure pour environ 65 millions d’euros.
Ce retour en Italie s’est déroulé de manière légèrement différente, mais le fait quele joueur, selon la Gazzetta, se soit spontanément mis à pleurer lorsque Sébastien Ledure lui a annoncé la bonne nouvelle, illustre l’énorme volonté du Belge de retourner en Italie.
Thomas Tuchel était aussi plutôt heureux de voir le gros transfert de l »été dernier partir rapidement. Il va enfin pouvoir construire sa nouvelle équipe avec l’argent que lui allouera Boehly. Force est aussi de constater qu’à part l’Inter, aucun autre club n’était vraiment intéressé par une venue de Lukaku. En effet, qui paierait plus de 70 millions d’euros pour un attaquant qui vient d’échouer en Premier League ? Les grands clubs ont tenu à l’oeil sa situation, mais il était partout un plan B et les négociations n’ont jamais vraiment été poussées. L’Inter voulait retrouver l’homme qui l’avait aidé à remporter les lauriers italiens l’année dernière. En tant que seul candidat acquéreur et parce que les discussions se s’étaient toujours déroulées de manière correcte et amicale, Chelsea a compris que les Nerazzurri seraient la solution à leur problème. Quitte à perdre l’un ou l’autre million.
Le Decreto Crescita
Enfin, il faut aussi évoquer le Decreto Crescita. Ce règlement stipule que les étrangers évoluant en Italie peuvent bénéficier d’un taux d’imposition plus favorable. Ce décret prendra fin le 30 juin et aurait pu poser un problème si Lukaku n’avait pas été en mesure de signer avant cette date. L’Inter n’aurait alors pas été en mesure de l’enrôler. Selon les médias italiens, Big Rom’ devrait percevoir entre 5 et 6 millions d’euros par an. Un luxe quand on sait que l’opération coûtera 22 millions d’euros au club milanais, sans garantie que le joueur reste au-delà de juin 2023.
La pression du temps était donc très forte et la combinaison de tous ces facteurs a permis le retour de Lukaku en Lombardie, moins d’un an seulement après son départ chaotique. Des efforts et des concessions énormes ont été réalisées dans les deux camps. Maintenant, Romelu Lukaku devra montrer que tout cela en valait la peine. Et les fans de l’Inter dans tout cela ? Ils semblent qu’ils ont finalement décidé de pardonner le faux pas dans leur ancien buteur. Il Biscione ambitionne un 20e Scudetto et Lukaku ne peut que contribuer à cet objectif.
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