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À lire sur Raimundo: Julian Nagelsmann pour relancer le Bayern

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Au Bayern, il va découvrir ce qu’est la pression. Il va porter le poids des 25 millions d’euros de dédommagement payés par le club pour acquérir ses services.

Entraîner un grand club à 33 ans n’est pas évident. Le Bayern a déjà tenté le coup en octobre 2003, lorsqu’il a engagé Sören Lerby pour remplacer Jupp Heynckes, qui venait d’être limogé. Cinq mois plus tard, le Danois prenait la porte à son tour. Le Portugais André-Villas Boas avait exactement le même âge lorsqu’il est devenu le plus jeune entraîneur de l’histoire à remporter l’Europa League, avec le FC Porto. Quelques semaines plus tard, Chelsea rachetait son contrat pour 15 millions d’euros mais il n’y terminait pas la saison.

Nagelsmann travaille selon 31 principes qu’il refuse de citer.

Cela n’arrivera pas à Julian Nagelsmann. Le 1er juillet, le nouvel entraîneur du Bayern aura 33 ans et 343 jours lorsqu’il entrera en fonction. Malgré son jeune âge, il a un tel bagage que le club bavarois n’a pas hésité à débourser 25 millions d’euros et à lui offrir un contrat de cinq ans. A la mi-2018, Nagelsmann avait reçu une offre du Real Madrid, à qui on l’avait chaudement recommandé. Mais il avait préféré rester un an de plus à Hoffenheim. Il a un plan de carrière. Après deux ans au RB Leipzig (troisième en championnat et demi-finaliste de la Ligue des Champions la saison dernière, il occupe actuellement la deuxième place en Bundesliga), il se sent prêt à relever un nouveau défi. Au sein d’un club où un des joueurs, le capitaine Manuel Neuer (35 ans), est plus âgé que lui.

L’entraîneur allemand le plus talentueux de l’histoire

Julian Nagelsmann est considéré comme l’entraîneur allemand le plus talentueux de l’histoire, un homme aux idées révolutionnaires. Il a un jour affirmé qu’il travaillait selon 31 principes mais il refuse de les citer pour ne pas permettre à ses adversaires de lire dans son jeu. Nagelsmann est très fort tactiquement et il décide très vite. Il est très proche des joueurs et essaye toujours de se mettre à leur place. Très sociable, il estime que la connaissance des gens et l’empathie sont absolument nécessaires dans son métier. Il a une idée très claire de ce qu’il veut. Il aime le jeu en profondeur et n’est pas partisan du jeu en une touche, qui entraîne trop de pertes de balle. Pour lui, un contrôle ne ralentit pas le jeu. Nagelsmann trouve qu’il est important de se réinventer et il discute beaucoup avec les entraîneurs d’autres sports afin d’élargir son horizon. Il fait appel à la science mais ne veut pas non plus considérer le football comme de la technocratie.

Pas stressé

Julian Nagelsmann n’est entraîneur principal en Bundesliga que depuis 2016. Au Bayern, il va découvrir un autre monde. Il va devoir travailler avec des stars, des egos et au sein d’une structure très particulière. Tous ses faits et gestes seront passés à la loupe et il portera le poids de cet énorme dédommagement. Cela dit, Nagelsmann ne semble pas stressé. Il a travaillé à Hoffenheim sous la direction de Dietmar Hopp, un propriétaire extrêmement difficile. En février 2016, après avoir succédé à Huub Stevens, qui connaissait des problèmes d’arythmie cardiaque, il a impressionné par la façon dont il a marqué l’équipe de son empreinte et l’a sortie de la zone rouge. Il a également survécu sans problème à la structure directionnelle bizarre du RB Leipzig, où il a façonné une équipe très forte, sans véritable star.

Avant d’engager un nouvel entraîneur, le Bayern s’informe toujours en profondeur. Il l’a fait pour Julian Nagelsmann également. Outre ses compétences, celui-ci étonne par son courage et ses certitudes. Des caractéristiques qui lui serviront sans aucun doute en Bavière.

La belle aventure de Holstein Kiel

Il y a quelques mois, dans le centre de Kiel, ville de 250.000 habitants au nord de l’Allemagne, une affiche annonçait un match contre Barcelone. Il ne s’agissait cependant pas d’une rencontre de football mais bien de hand-ball. Le THW Kiel est en effet un des plus grands clubs d’Europe dans cette discipline.

Quelques semaines plus tard, une nouvelle affiche annonçait un match de Coupe face au Bayern de Munich. Cette fois, il s’agissait bien de Holstein Kiel, le club de foot qui a causé la surprise en éliminant les Bavarois. Samedi, la belle aventure pourrait se poursuivre puisque Holstein Kiel affronte le Borussia Dortmund en demi-finale. De plus, il occupe la deuxième place en D2.

Les possibilités de Holstein Kiel sont limitées. Le stade, qui peut accueillir 11.000 spectateurs, est rarement plein. Cette saison, la Coupe a rapporté 4 millions d’euros. Un cadeau du ciel en pleine crise sanitaire, à l’heure où chaque match à domicile entraîne une perte de 200.000 euros. Les joueurs ont donc dû faire un effort. Une montée en Bundesliga devrait permettre au club de respirer. Son budget passerait alors de 7 à 25 millions d’euros. Mais les bases sont-elles solides? En attendant, la vie continue: lorsque Holstein Kiel a franchi les quarts de finale de la Coupe en s’imposant au RW Essen (D4), les joueurs sont rentrés en bus en pleine nuit. Un trajet de 450 km. Et ils se sont arrêtés en cours de route pour boire une bière.

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