Tadej Pogacar et Remco Evenepoel sont les deux grands favoris des Mondiaux de cyclisme au Rwanda. Certains rêvent pourtant de les surprendre pour se parer d’arc-en-ciel.
Quand il a mis ses jambes en route l’an dernier, à plus de 100 kilomètres de l’arrivée, personne n’a vraiment voulu suivre Tadej Pogacar. Champion du monde en titre, le Slovène sera encore l’homme à battre sur le parcours des Mondiaux de Kigali, dont le dénivelé a dissuadé des ténors du peloton comme Mathieu van der Poel ou Mads Pedersen de s’inviter au voyage.
Il ne faut pas chercher loin l’identité de son principal rival. Parce que Remco Evenepoel n’a cessé de parler de son excellente forme, et que le Belge s’est déjà couvert d’or et d’arc-en-ciel il y a quelques jours sur le parcours du contre-la-montre, où il s’est même offert le luxe de reprendre Tadej Pogacar. De quoi laisser entrevoir enfin un duel au sommet entre deux champions rarement au meilleur de leur art simultanément. Ils sont au moins cinq à vouloir que ce ne soit pas le cas, et ils ont tous de sacrés arguments à faire valoir.
Isaac Del Toro, le plus en forme avant les Mondiaux
Annoncé comme un futur crack du cyclisme mondial, Isaac Del Toro a décidé de gagner du temps. Le Mexicain a passé la vitesse supérieure cette année en se montrant capable de s’imposer sur tous les terrains. Parmi ses treize bouquets de la saison, le phénomène de 21 ans épingle des shows en solitaire, des attaques spectaculaires ou des sprints réglés en comité réduit. Le tout en ayant longuement porté le maillot rose d’un Giro initialement promis à son équipier Juan Ayuso, finalement bouclé à la deuxième place.
Le plus impressionnant reste néanmoins sa folle série de résultats depuis le début de l’été: Del Toro a remporté huit des quatorze courses auxquelles il a participé. S’il oublie qu’il porte le même maillot que Pogacar tout au long de l’année, il pourrait être l’un des principaux obstacles du Slovène sur la route du doublé.
Ses résultats depuis août: vainqueur du Circuit de Getxo, du Tour de Burgos, du GP Industria & Artigianato, du Giro della Toscana, de la Coppa Sabatini et du Trofeo Matteotti.
Juan Ayuso, le plus énervé
Affiché comme mauvais compagnon de route par son équipe lors de la dernière Vuelta, où il ne s’est pas assez mis au service du Portugais João Almeida, Juan Ayuso s’est presque retrouvé chassé d’une équipe UAE Team Emirates qui projetait pourtant d’en faire le successeur de Tadej Pogacar. Tout juste transféré chez Lidl-Trek, le nouveau phénomène du cyclisme espagnol débarque au Rwanda la tête libérée de la pression et l’esprit rempli d’ambition.
Et quel meilleur message à ses futures ex-employeurs que de battre Pogacar sur son terrain de prédilection? S’il n’a jamais vraiment brillé sur les grandes courses d’un jour et n’a toujours pas roulé de monument, laissant un point d’interrogation sur sa faculté à encaisser les longues courses d’usure, Juan Ayuso a le talent pour s’élever au niveau des meilleurs le temps d’un dimanche de revanche.
Ses résultats depuis août: vainqueur de deux étapes de la Vuelta, deuxième du Circuit de Getxo.
Mattias Skjelmose, le plus malicieux
Au cours de l’un des derniers duels annoncés entre Remco Evenepoel et Tadej Pogacar, c’est lui qui avait tiré les marrons du feu. Présenté par certains comme la version nordique d’Alejandro Valverde, Mattias Skjelmose a le sang-froid des meilleurs tacticiens et la pointe de vitesse de ceux qui n’ont pas besoin de mettre le peloton à l’envers pour lever les bras. Dans un sprint à trois, il s’est d’ailleurs offert le scalp de Pogacar et Evenepoel sur la dernière Amstel Gold Race, profitant à merveille de la rivalité entre les deux ténors sur un parcours à la difficulté similaire.
Orpheline d’un Jonas Vingegaard qui n’a toujours pas disputé les Mondiaux, mais aussi de son dernier champion du monde Mads Pedersen (sacré en 2019), la sélection danoise sera entièrement dévouée à Skjelmose, parce qu’on ne néglige pas un homme qui a épinglé deux champions du monde à sa boutonnière sur une classique de renom.
Ses résultats depuis août: deuxième du Tour du Luxembourg, quatrième du Grand Prix de Québec.
Tom Pidcock, le plus imprévisible
Quand il s’est présenté au départ de la dernière Vuelta, certains le rêvaient en animateur quotidien. Tom Pidcock, lui, s’était mis en tête qu’il était capable de jouer les premiers rôles au classement général. Trois semaines plus tard, ceux qui pensaient qu’il se surestimait ont bien dû avouer leur erreur en le voyant monter sur un podium de fortune, dans un parking souterrain à la suite des contestations des manifestants pro-palestiniens.
Capable de jouer les premiers rôles sur les grandes classiques, avec au palmarès des succès sur les Strade Bianche et à l’Amstel Gold Race mais aussi un podium à la Flèche Wallonne ou sur Liège-Bastogne-Liège, Pidcock est de ceux qui peuvent rêver de surprendre Evenepoel et Pogacar sur ces Mondiaux rwandais. Le problème, c’est que quand Pogacar est au départ, le Britannique doit souvent se contenter du deuxième rang.
Ses résultats depuis août: deuxième de l’Arctic Race of Norway, troisième de la Vuelta
Quinn Simmons, le plus motivé
Lors du dernier Grand Prix de Montréal, non loin de sa terre natale, l’homme au look capillaire le plus extravagant du peloton a longtemps bataillé avec Tadej Pogacar et ses coéquipiers. Il faut dire que Quinn Simmons n’est pas seulement un showman ou un cycliste aux opinions politiques contestées. C’est surtout un dur au mal, jamais aussi dangereux que quand les courses sont longues et usantes.
L’animateur des échappées du dernier Tour de France s’est fixé le parcours rwandais des Mondiaux comme grand objectif de sa fin de saison, et ne lésine pas sur les moyens pour y arriver au sommet de sa forme avec des sorties d’entraînement longues et harassantes. Si la course se lance très tôt sur le parcours rwandais, comme c’est souvent le cas quand Remco Evenepoel et Tadej Pogacar sont à la base de l’équation, il serait surprenant de ne pas voir Quinn Simmons en leur compagnie. D’autres noms sont plus fréquemment cités, mais le sien pourrait bien être celui qui surprendra tout le monde à Kigali.
Ses résultats depuis août: troisième du Grand Prix de Montréal
Les autres hommes à suivre des Mondiaux
Julian Alaphilippe, double champion du monde et toujours à l’aise sur les parcours en circuit.
Ben Healy, tout aussi amoureux que Pogacar et Evenepoel des dizaines de kilomètres en solitaire.
Richard Carapaz, parce que l’altitude et le climat humide n’ont pas de secret pour lui.
Giulio Ciccone, enfin conscient qu’il a plus de chances de gagner une classique qu’un grand tour.