Lotte Kopecky a souffert tout au long du Tour de France. © Getty Images

Lotte Kopecky a raté son Tour de France, et c’est une bonne leçon: penser à le gagner était déjà risqué

Lotte Kopecky rêvait de gagner le Tour de France, elle l’a fini à la 45e place, sans finir dans le top 10 d’une seule étape. La championne du monde s’est plantée, et a perdu le plaisir en cherchant à gagner le maillot jaune.

«Le facteur plaisir est très important pour moi, et il est quelque peu absent en ce moment», a déclaré Lotte Kopecky au début du Tour de France Femmes, alors que ses jambes ne voulaient pas suivre ce que sa tête leur demandait. Elle a fait référence à sa «très longue» préparation, pendant laquelle elle était souvent loin de chez elle.

Kopecky a également évoqué sa blessure au genou contractée pendant l’hiver et ses problèmes de dos, qui l’ont contrainte à abandonner le Giro. Elle n’a expliqué que plus tard pourquoi le plaisir avait disparu. Vendredi soir, dans l’émission consacrée au Tour de France Femmes à la télévision flamande, elle a expliqué à Maarten Vangramberen à quel point son régime alimentaire avait été difficile à suivre.

«J’ai commencé à travailler avec une diététicienne et cela a été très difficile pour moi. D’habitude, je fais beaucoup de choses au feeling. Maintenant, il fallait ajouter des chiffres, et on s’attendait à de grands changements. Mais ils ne sont pas venus. Pendant la préparation, c’était trop difficile mentalement. Je n’étais déjà pas fan des régimes. Je sais maintenant que cela ne fonctionne pas. Cela a été une bonne leçon.»

Difficile de savoir exactement jusqu’où Kopecky est allée dans cette cure d’amaigrissement pour rêver du maillot jaune. Au début de cette année, elle a indiqué s’être fixé un poids minimum qu’elle ne voulait en aucun cas dépasser. Le fait est que cela ne lui a rien apporté sur le plan physique, en partie parce que cela lui demandait trop d’énergie mentale.

Kopecky et le maillot jaune, une ambition logique?

Peut-être réalise-t-elle maintenant que tenter de remporter le Tour était un objectif trop ambitieux. Cette ambition n’était pourtant pas incompréhensible. Lors de l’édition 2023, elle avait terminé deuxième, sans préparation spécifique pour les ascensions.

En 2024, Kopecky a remporté l’étape de Jabel Hafeet lors du Tour des Émirats arabes unis, après une ascension de près de onze kilomètres. Lors du Giro, elle a terminé deuxième dans la difficile ascension vers le Blockhaus. Plus tard, lors du Tour de Romandie, la championne du monde a également réussi à suivre la redoutable Demi Vollering dans l’ascension vers Vercorin.

C’est ainsi qu’est né le plan: perdre quelques kilos, s’entraîner davantage en montée, faire des stages en altitude plus longs, puis se battre pour remporter le Tour.

On a toutefois oublié que Kopecky, sixième au sommet du Tourmalet lors du Tour 2023, était à plus de trois minutes et demie de Vollering, alors que celle-ci n’avait accéléré qu’à 5,7 kilomètres du sommet. Selon les données de puissance, Vollering a alors réalisé la meilleure performance de montée jamais enregistrée dans le cyclisme féminin. La différence avec Kopecky était énorme.

Ses performances en montée en 2024 méritaient également d’être nuancées. Les ascensions vers Jabel Hafeet et Vercorin n’ont duré «que» une bonne demi-heure, après des approches plates et dans le cadre de courses plus courtes, respectivement après deux et une étape. Sur le Giro, en haut du Blockhaus, Demi Vollering et Kasia Niewiadoma –qui ont ensuite terminé première et deuxième du Tour– n’étaient pas présentes.

On ne peut pas reprocher à Kopecky d’avoir pris cette direction dans sa quête de nouveaux objectifs et d’avoir atteint ses limites physiques et mentales. C’est une leçon précieuse, d’autant plus qu’elle en parle ouvertement.

Reste à espérer que ces connaissances désormais acquises au prix d’une douloureuse expérience lui permettront de retrouver le plaisir de courir. La victoire finale dans le Tour, surtout sachant que le niveau en haute montagne va encore augmenter dans les années à venir, n’est plus une quête nécessaire.

Le niveau du Tour de France Femmes s’est encore élevé

La manière impressionnante dont Pauline Ferrand-Prévot a remporté samedi l’étape du Col de la Madeleine y contribuera peut-être. Elle a terminé avec près de deux minutes d’avance sur Sarah Gigante. Demi Vollering et Kasia Niewiadoma ont suivi à plus de trois minutes.

Selon les spécialistes du wattage, sa performance, qui a duré près de 65 minutes, était du même niveau exceptionnel que l’ascension du Tourmalet par Vollering en 2023, même si cette ascension était alors onze minutes plus courte. Peut-être que la meilleure Vollering aurait pu la suivre, mais elle n’a pas atteint ce niveau dans cette édition pour diverses raisons. Les autres n’étaient tout simplement pas à la hauteur.

Pourtant, la tenante du titre Niewiadoma a déclaré avoir réalisé «la meilleure performance de sa vie» dans l’ascension: «J’ai atteint mes puissances les plus élevées sur 90 minutes, même par rapport aux deux dernières étapes du Tour de l’année dernière.»

Selon la Polonaise, cela montre que le niveau du peloton féminin a encore augmenté. «Les autres ont tellement progressé que l’on commence à se demander: que peut-on encore faire pour gagner, si le simple fait de s’améliorer ne suffit plus?»

Ferrand-Prévot à la pointe

Kopecky se posera également cette question. Surtout maintenant qu’elle réalise que la voie suivie par Pauline Ferrand-Prévot n’est pas la sienne. La Française s’est concentrée pendant trois mois sur le Tour, après un printemps où elle a notamment remporté Paris-Roubaix et terminé deuxième du Tour des Flandres, derrière… Kopecky.

«PFP» a combiné cette concentration extrême avec un régime alimentaire tout aussi strict. Elle aurait ainsi perdu quatre kilos, voire plus selon des sources bien informées, pour atteindre un poids avoisinant les 50 kilos. Son corps a subi une métamorphose radicale. En la voyant assise sur la chaise d’interview au sommet du Col de la Madeleine, on avait même envie de lui donner un sandwich.

Pour un corps déjà bien entraîné, une perte de poids de 10 % signifie des semaines d’entraînement avec un bilan énergétique négatif. Cela nécessite un programme spartiate qui, pour beaucoup de coureuses, surtout les jeunes, est physiquement et mentalement insoutenable.

À 33 ans, Ferrand-Prévot maîtrise cela après avoir atteint à plusieurs reprises les sommets lors de championnats du monde et de Jeux olympiques, notamment en VTT. Elle savait exactement combien de kilos elle pouvait perdre sans perdre en puissance. Ainsi, son rapport watts/kilo, crucial dans les accélérations, a atteint le niveau qui lui a permis de remporter le Tour.

Ferrand-Prévot a exécuté ce plan à la perfection. En France, cela lui vaut une renommée encore plus grande. Et à juste titre.

Selon Richard Plugge, PDG de Visma-Lease a Bike, Ferrand-Prévot est «dure comme la pierre». Cela explique pourquoi elle a pu supporter cela. Pourtant, même avec un accompagnement professionnel, un tel régime reste mentalement très lourd et n’est pas à la portée de tout le monde. Lotte Kopecky en a également fait l’expérience. Son témoignage sur les régimes alimentaires était donc très important. Il contrebalançait l’histoire de Ferrand-Prévot.

Ainsi, les jeunes coureuses voient que même une championne du monde peut trébucher. Et elles réalisent qu’on peut accomplir beaucoup de choses quand on a un objectif précis, à condition de ne pas dépasser ses limites.

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