Remco Evenepoel n’a pas pu rivaliser avec Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar à quelques semaines du Tour de France. S’il veut le gagner un jour, il faudra des circonstances favorables.
Jonas Vingegaard semble à peine accélérer. Quelques coups de pédale à une intensité irréelle pour l’ensemble du peloton, à l’exception notable d’un Tadej Pogacar qui suit sans broncher. Pour la première fois en trois étapes de montagne, dessinées pour conclure le Critérium du Dauphiné, les deux hommes arriveront ensemble à l’arrivée de l’ultime étape. Pour la troisième fois, en revanche, il semble y avoir eux et tous les autres. A commencer par un Remco Evenepoel qui rêve de remporter un jour le Tour de France, mais paraît aujourd’hui devoir se résigner à la troisième place. Le Belge ne le dit pas, parce que la course a toujours ses surprises et qu’il reste quelques semaines pour se préparer à y arriver encore plus fort. Pourtant, il est certain qu’il le sait. S’il veut gagner le Tour un jour, sans compter sur des ennuis chez les deux patrons du peloton, trois choses devront changer.
La première ne dépend pas de lui. Le parcours pourrait être taillé un peu plus à sa mesure, mais Remco souffre du fait que sa discipline de prédilection soit la moins télégénique de toutes. Sur un Tour de France qui rêve de chamboulements quotidiens, le contre-la-montre ne fait plus vibrer grand monde. Un effort solitaire encore diffusé comme il y a 20 ans, signe du désintérêt médiatique qui lui est porté, et bien moins pesant sur trois semaines de course. De 102 kilomètres en solitaire sur le Tour du centenaire en 2003, la longueur totale de l’épreuve contre le chrono est passée à 43 kilomètres, dont une dizaine sur des pentes qui favoriseront bien plus les grimpeurs que les rouleurs. Evenepoel aurait besoin d’un Tour à la Miguel Indurain pour pouvoir rivaliser, lui qui écrasait les exercices chronométrés avant de souffrir en montagne pour résister. Hélas, les Tours d’aujourd’hui ressemblent de moins en moins à des tracés qui pourraient le faire gagner.
A la lutte pour le podium, maximum accessible dans un scénario réaliste, Remco pourrait lutter avec les coéquipiers de ses principaux rivaux. Sur le Dauphiné, il a été battu par Florian Lipowitz, bras droit d’un Primoz Roglic absent depuis son abandon au Giro. Au Tour, Evenepoel devra sans doute en découdre avec João Almeida –bras droit de Pogacar– ou Matteo Jorgenson, meilleur équipier de Vingegaard. Un signe du décalage majeur entre les équipes des deux géants du Tour et de leur principal challenger, qui sera en outre privé de Mikel Landa, son lieutenant préféré. Le champion olympique sera-t-il un jour assez bien entouré chez Soudal Quick-Step? Le rêve d’une victoire finale à Paris sous les couleurs belges semble bien difficile à exaucer.
Sur les pentes du Dauphiné, c’est souvent le rythme de ces fameux superéquipiers qui a condamné Remco Evenepoel, bien avant les accélérations de Pogacar et Vingegaard. Une montée en régime qui va presque jusqu’au sprint, essoufflant tous les concurrents avant même l’attaque qui ne doit même plus se faire en danseuse. Sans pousser sur les pédales, juste en les faisant tourner trop vite. Si le Belge ne parvient pas à suivre un jour ce rythme qui semble insoutenable, gagner le Tour restera un rêve. L’avantage, c’est qu’il le sait, et qu’il a déjà prouvé à maintes reprises qu’il était prêt à bien des sacrifices pour progresser.