Le monde des échecs en pleine crise de mauvaise foi.
Le champion du monde russe Vladimir Kramnik ne comprend pas pourquoi son prédécesseur, Gary Kasparov, ne veut pas prendre part au championnat du monde Braingames 2002. « Je me rappelle qu’après sa défaite face à moi l’an dernier, il avait souhaité que Braingames organise le prochain championnat du monde. Et maintenant, il refuse. Pour moi, le système de qualification de Braingames -NDLA: du nom de l’entreprise britannique organisatrice de l’événement- est équilibré et offre au meilleur joueur la possibilité de démontrer sa supériorité. En s’absentant, Kasparov porte atteinte à la légitimité d’un championnat du monde ».
Mais Kasparov doute de la solidité financière de l’entreprise et estime que l’endroit choisi pour les championnats du monde (Riverside Studio à Londres) n’est pas idéal. Mais surtout, en tant que joueur le mieux côté du monde, il pense avoir droit à une revanche contre Kramnik. « Celui-ci doit prouver qu’il ne m’a pas battu par accident », dit-il.
« Je n’imaginais pas que pour être champion du monde, il fallait battre deux fois le même adversaire », répond Kramnik.
On nage donc en pleine mauvaise foi. D’une part, Kasparov s’est toujours manifesté contre un système de revanche, même après avoir battu Anatoli Karpov en 1985. « Mais mon cas est exceptionnel », dit-il aujourd’hui, sans toutefois rappeler qu’aux yeux de la fédération internationale, le seul vrai champion du monde est l’Indien Viswanathan Anand.
D’autre part, Kramnik oublie sans doute un peu vite que, l’an dernier, après sa défaite en qualification face à Alexei Shirov, c’est Kasparov lui-même qui était allé le repêcher pour l’affronter au tournoi triangulaire. C’est d’ailleurs déjà Kasparov qui, en 1992, avait proposé d’intégrer ce jeune homme alors âgé de 16 ans au sein de l’équipe russe appelée à disputer les Olympiades d’Echecs à Manille. Mais Kramnik, né voici 26 ans à Tuapse, au bord de la Mer Noire, est réputé pour sa mauvaise conduite. Glouton et buveur, il lui est arrivé de s’endormir entre les coups au cours d’une coupe d’Europe. On affirme même qu’il lui manque une case. Un comble, pour un joueur d’échecs…