« Un but et je suis lancé »

Deux matches, deux défaites, zéro but inscrit : le nouveau transfuge ne soutient pas la comparaison, actuellement, avec Nicolas Frutos. Mais pas question de paniquer !

T om De Sutter, transfuge frais émoulu du RSCA, doit s’accommoder, désormais, de sempiternelles comparaisons avec celui qu’il est déjà appelé à remplacer à la pointe de l’attaque, Nicolas Frutos. Pas vraiment un cadeau dans la mesure où l’échassier de Santa Fe est quand même un fameux client. Lorsqu’il est opérationnel, du moins, ce qui ne se vérifie grosso modo que lors d’un match sur deux. Mais, délivré de tout tourment, ses stats sont pour le moins impressionnantes : 79m/46b. Remarque essentielle : lors des 69 titularisations de l’Argentin, le Sporting n’a été battu qu’à six reprises.

Pour les entrées en matière de l’ex-Brugeois du Cercle, tant en Coupe qu’en championnat, on note autant de défaites : 1-2 au FC Malines et 1-2 face à ses anciens coéquipiers du Cercle. Et le néo-Diable Rouge n’a même pas eu la satisfaction de marquer ! Voyons ses deux prestations sur base des ballons reçus et cédés. Une analyse assortie de ses propres commentaires.

FC Malines-Anderlecht : 50 % de déchet

A l’occasion de son premier match officiel, De Sutter n’est pas passé inaperçu. Contrairement à Matias Suarez, aux abonnés absents, il a été tout particulièrement sollicité par ses partenaires : sur l’ensemble du match, pas moins de 41 ballons lui ont été transmis. L’ex-Brugeois n’en a toutefois pas fait bon usage qu’à 19 reprises, ce qui représente plus de 50 % de pertes de balle (v. schéma).

Mais il y a évidemment lieu de nuancer ce déchet. Ainsi, sur une rentrée en touche, la probabilité de conserver la maîtrise du ballon, en le rétrocédant entre autres au lanceur, est bien sûr beaucoup plus importante que sur un dégagement du gardien. Sur les quatre envois aériens de Davy Schollen, par exemple, pas moins de trois ont bel et bien abouti sur la tête du leader d’attaque new look des Mauves, mais à une seule reprise seulement, sa déviation du front a trouvé un coéquipier à la réception, Mbark Boussoufa en l’occurrence.

Du dernier rempart des Mauves jusqu’à Thomas Chatelle et Dmitry Bulikin, rentrés tous deux au jeu, on remarquera que tous ses équipiers, sans exception, sont parvenus à alerter celui qui vient d’hériter du n° 21, ce qui en dit long sur sa disponibilité. Il était soit à la réception d’un service d’un Olivier De-schacht ou de Nemanja Rnic, soit servait d’appui dans un échange court au milieu du terrain. Comme avec Jan Polak, notamment, qui lui a donné deux fois le ballon dans ce secteur et qui l’a reçu à autant de reprises en retour. Le plus souvent, cependant, ce jeu en déviation a eu pour destinataire un troisième larron. A l’image d’une phase impliquant Guillaume Gillet comme pourvoyeur et Lucas Biglia en tant que réceptionneur et ce, après que la balle eut transité une fraction de seconde par les pieds du grand Tom.

Avec 25 contacts sur un ensemble de 41, c’est surtout avant le repos que De Sutter s’est montré des plus remuants et se procura ses deux premières occasions de but réelles de la tête : la première sur un coup franc botté par Biglia, qu’il dévia à côté du but, et l’autre sur une infiltration de Gillet, dont la passe était un peu trop en retrait. Mais c’est davantage lors de l’emballage final que l’avant hérita de sa meilleure opportunité. Sur un centre venu de la droite et signé Roland Juhasz, il voulut effectuer une reprise en un temps mais s’emmêla complètement les pinceaux. La chance du Sporting de recoller au score, était passée pour de bon.

De Sutter s’en veut pour son match malinois

 » Le FC Malines en Coupe, c’était pourtant un excellent souvenir : j’avais réussi, la saison passée, à parapher quatre buts à l’automne 2007. Les Sang et Or, arrivés tout juste en D1, cherchaient encore leur voie. Nous nous étions alors baladés tout au long des 90 minutes, faute d’opposition et de marquage. Une année plus tard, l’expérience aidant, la réplique aura été tout autre, aussi bien sous l’angle collectif qu’individuel. Des garçons tels Jonas Ivens voire Kenny Van Hoevelen savent à présent comment s’y prendre. Avec eux, je n’ai pas eu la vie belle ce coup-ci. Il n’empêche que je m’en veux car j’ai gaspillé quelques occasions. Mon coup de tête à côté du but, sur un centre de Lucas, était sans doute la moins franche, car la défense malinoise faisait écran. Par la suite, j’ai été surpris par un service de Guillaume derrière ma jambe d’appui. Avec Stijn Desmet dans les mêmes conditions, j’aurais mis la balle au fond des filets, j’en suis sûr. Car tout est une question d’entente et de timing sur ce genre de phase. Ici, j’ai eu tort de me précipiter alors que mon coéquipier s’attendait à ce que je temporise.

Mais là où je râle, c’est sur le caviar de Roland en toute fin de match. J’ai voulu reprendre le cuir en mouvement et je me suis complètement troué. Je ne cherche pas d’excuses. Le terrain était peut-être sautillant par endroits mais sur cette action, je n’ai nullement été surpris par un mauvais rebond. C’est moi seul qui suis responsable. La seule circonstance atténuante est la fatigue. A mesure que le match avançait, je ressentais de plus en plus les efforts consentis lors de la semaine de préparation à La Manga. J’ai eu dur, par moments, en Espagne. Et à Malines, j’ai manqué de fraîcheur au cours du dernier quart d’heure. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à avoir tiré la langue. D’autres étaient tout aussi crevés et ceci explique sans doute pas mal d’approximations dans le dernier geste. Je songe à tous ces centres mal calibrés, par exemple. Mais au Cercle, je savais toujours à quoi m’en tenir. Ici, je découvre chaque jour. Je ne suis pas toujours sur la même longueur d’ondes que les autres. C’est ce qui explique cette grosse part de déchet.  »

Anderlecht-Cercle Bruges : plus de maîtrise

Par rapport à son maiden match au Kavé, De Sutter, est resté devant ses anciens camarades du Cercle dans la même moyenne élevée, puisqu’il a touché 39 fois le cuir sur l’ensemble du match. Il en a fait un meilleur usage aussi, en ce sens qu’il s’est limité à 16 pertes de balles (contre 22). D’un match à l’autre, on note aussi une différence quant au travail effectué entre les lignes. En Coupe, il s’est manifestement démené sur tout le front de l’attaque, comme le prouvent ses touches de balle dans les trois secteurs. En championnat, l’homme s’est multiplié plus bas aussi afin de servir de point de relais pour les défenseurs. Surtout du côté gauche où il a été servi par Deschacht, Arnold Kruiswijk, Biglia et Victor Bernardez.

Par contre, comparativement à Malines, on observe aussi moins de ballons destinés à lui dans l’axe. Abstraction faite de deux mouvements en une/deux, avec Boussoufa d’abord, puis avec Hernan Losada, il n’y a donc pas eu d’omniprésence de l’ex-Brugeois à ce niveau. Il est vrai qu’il y était souvent pris en tenaille par deux ex-collègues qui le connaissent fort bien : Denis Viane et Anthony Portier. Il ne faut cependant pas en déduire que De Sutter était aux abonnés absents dans cette zone. La vérité, c’est que ses partenaires le trouvaient surtout de loin, voire des flancs.

La preuve par ses opportunités de but : la première, dès la 7e minute (tir sur Bram Verbist, le gardien adverse) sur un centre venu de la droite de Chatelle. Ensuite (13e), on pouvait relever une glissade trop tardive sur un centre de Rnic. Peu avant le repos, c’est une tête qu’il piquait à côté du but sur une longue transversale de Deschacht. En deuxième mi-temps, c’est à nouveau sur deux headings qu’il se montrait dangereux, sur des services de Losada et Biglia.

Cinq chances au total, en l’occurrence, mais un compteur personnel resté vierge. Comme au FC Malines. Ou encore comme auparavant, à La Manga, face au modeste Carthagène ainsi qu’au PSV Eindhoven. De quoi arracher auprès de l’entraîneur du RSCA, Ariel Jacobs, le constat pour le moins amer que son équipe a manifestement un problème au niveau de la concrétisation. De Sutter en est pleinement conscient aussi mais ne veut pas se mettre la pression.

Après le Cercle, il refusait de subir la pression

 » Si on s’en tient à la finition uniquement, c’est sûr qu’il y a lieu de me montrer du doigt. Pourtant, à l’image de ce qui s’était produit à Malines, je n’ai pas le sentiment d’être passé à côté de mon match. Mbark m’a d’ailleurs dit après coup que j’avais contribué à ce qu’il considérait comme la meilleure première mi-temps du Sporting cette saison. C’est significatif. Moi-même, j’estime avoir livré 45 minutes de bonne facture. Il aura tout simplement manqué la touche finale. Malgré tout, j’ai quand même l’impression de me rapprocher de plus en plus du but.

Au Kavé, j’ai sans doute créé du danger mais aucune de mes tentatives n’était cadrée. Contre le Cercle, j’ai mis deux ballons, de la tête et du pied, sur Bram Verbist et j’ai échoué d’un fifrelin sur un essai de Rnic. Tout ça m’incite à penser que je ne suis plus très loin de la délivrance, sous la forme de mon premier but pour le Sporting. Du coach aux joueurs, en passant par la direction, tout le monde m’encourage à ne pas faire de fixation. Mais si on m’a fait venir au Parc Astrid, c’est tout de même avec l’espoir d’alimenter le marquoir. Si je ne tiens pas à me mettre une pression inutile, il tombe sous le sens que je veux faire sauter le verrou. Un but et je suis lancé, j’en suis sûr. Dès que j’en aurai planté un, les autres suivront. Deux revers en autant de matches, sans le moindre goal à la clé, ce n’est bien sûr pas une entame idéale. Les stats ne plaident pas en ma faveur pour le moment. Mais il est inutile de céder à la panique ou de vouloir forcer. « 

par bruno govers – photos: reporters/ gouverneur

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