SUIVRE L’ATTAQUANT QUI DÉCROCHE ?

Faut-il continuer à marquer ou non l’attaquant adverse qui sollicite le ballon en décrochant dans le sens opposé du jeu ?

Nous nous plaçons dans le cas de figure suivant. En zone, une équipe dresse un bloc défensif le plus compact possible entre le ballon et le but à défendre : c’est le bloc-équipe. La ligne défensive, souvent composée de quatre joueurs, s’aligne entre la ligne médiane et la limite de son propre rectangle. Ce dernier bastion contrôle en direct un, deux ou trois attaquants adverses. Les coéquipiers de ceux-ci tentent de progresser et de pénétrer en les sollicitant et/ou en infiltrant cette ligne de démarcation. A un moment donné, un attaquant, dans l’environnement immédiat d’un défenseur, décroche brusquement vers l’échelon précédent ! Quels sont les principes à appliquer dans cette situation déstabilisante ?

A quelle hauteur ?

Quand on s’éloigne du but, les consignes du jeu en zone, résumées ci-dessus, peuvent évidemment être appliquées. Mais plus l’action se situe près de la zone de vérité, plus l’attention au marquage individuel doit être pointue. Pour le cas de l’attaquant qui décroche à hauteur de la ligne médiane, il ne faut généralement pas le suivre.

Il est plus essentiel de fermer tout axe de passe dans le dos des défenseurs. Mais si cette sollicitation du ballon, brusque et vers l’arrière se produit aux abords immédiats de la ligne des 16 mètres, alors ça devient beaucoup plus dangereux. Le choix de suivre son opposant ou non est cornélien, et ce n’est souvent qu’après l’action qu’on peut vraiment juger de l’opportunité de l’action entreprise.

Quelle est l’intention ?

Avant de prendre sa décision, la première question essentielle que tout défenseur central doit se poser, concerne l’intention de son adversaire. Décroche-t-il pour recevoir la balle dans les pieds ou tente-t-il d’attirer un homme avec lui pour permettre à un coéquipier de plonger dans l’espace que ce mouvement aurait libéré ? A-t-il l’intention d’être le point d’ancrage de la suite de la progression du ballon ou espère-t-il créer ainsi une brèche dans la défense ? La direction de l’appel est souvent une excellente indication. Si le décrocheur court suivant la ligne reliant sa position initiale à celle du ballon, il y a de grandes chances que c’est le cuir qu’il sollicite. Par contre, si son déplacement forme un angle avec cette ligne initiale, ça peut signifier qu’il tente de faire sortir le défenseur pour créer de l’espace.

Sollicitation du ballon

Dans le premier cas, la meilleure décision est de suivre l’attaquant et surtout de l’empêcher de se retourner avec la balle au pied. Car face au but et face au défenseur, l’adversaire se trouve alors en position avantageuse pour déstabiliser un ou plusieurs défenseurs. Ne pas suivre un Raúl qui décroche, c’est souvent s’exposer à de gros problèmes ! Mais dans ce cas, il faut que les coéquipiers défenseurs puissent se resserrer autour du vide créé.

Création d’espace

Par contre, dans le deuxième cas, il faut plutôt rester en barrage pour empêcher la création d’une brèche dans laquelle un adversaire ne manquerait pas de plonger. Ceci est particulièrement vrai lorsque le décrochage a lieu en diagonale de l’axe vers le flanc !

Un choix difficile

Un défenseur se doit toujours d’éliminer immédiatement le plus grand danger. Ne jamais laisser ouvrir une brèche au centre. Ne pas laisser un attaquant se retourner et, soit tirer au but, soit donner un assist. Il faudra de toute manière choisir. Le type d’adversaire, le nombre d’attaquants, le nombre de coéquipiers médians défensifs, etc. sont autant de facteurs qui décideront du choix à effectuer.

Coaching et prudence

Avoir un patron expérimenté dans la défense, comme le fut le Milanais FrancoBaresi, est un atout incontournable pour bien gérer ces situations. Se coacher mutuellement par des mots simples comme  » va  » ou  » reste  » est à la base d’un bon comportement défensif.

Quelles que soient les circonstances, un défenseur doit rester prudent. Faire semblant de suivre son attaquant qui décroche, mais ne pas se laisser complètement aspirer vers l’avant pour garder un minimum de contrôle sur sa zone est prudent. C’est en tout cas par là qu’il faut commencer.

par Frans Masson Directeur de la Formation à l’Union Belge.

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