» Six, Galatasaray ! « 

Dundar-Siz est le nom turc de Didier Six (59 ans), figure marquante du football français des années 70 et 80. En 1987, profitant d’un séjour à Eskisehirspor, club de D1 turque coaché par Tom Frivaldszky, je m’étais dit qu’il serait intéressant de rencontrer Six, ainsi qu’une ancienne gloire du Standard qui évoluait aussi à Galatasaray, Erhan Onal.

Une autre figure bien connue de Sclessin, Srebrenko Repcic (qui jouait à Fenerbahce), nous refila des contacts intéressants. Arrivés sur place avec un photographe, AldoTonnoir, nous avons logé à l’hôtel Pera qui, en son temps, fut le QG de Kemal Atatürk, père de la Turquie moderne. Le soir, de plantureuses danseuses du ventre s’y prenaient pour le nombril du monde.

Même si nous avons retrouvé Six dans le hall d’un autre palace, la star française connaissait les charmes du Pera. En fait, le Bosphore n’avait plus de secrets pour ce footballeur sortant du commun, grand voyageur qui s’intéressait à la culture de tous les pays où il passait.

Six porta les couleurs d’une quinzaine de clubs, parmi lesquels Valenciennes, Lens, Marseille, Stuttgart, Aston Villa, Galatasaray ou encore le Cercle Bruges en 1980-81 (12 matches/ 7 buts). La légende raconte qu’il pensait avoir signé au Club en arrivant dans la Venise du Nord, ce qui aurait expliqué son départ au bout de quelques semaines.

A Istanbul, il précisa :  » Je suis parti parce que le Cercle ne parvenait plus à me payer. Je suis né à Lille mais mes grands-parents paternels étaient belges.  » Six voulait nous faire comprendre qu’il aurait aimé réussir dans un pays dont les clubs brillaient alors sur les pelouses européennes.

Ce gaucher hors norme porta 52 fois le maillot des Bleus. En1984, il signa un grand Euro mais fut privé de la finale contre l’Espagne. Six nous expliqua pourquoi :  » Je jouais dans un petit club, Mulhouse. Il y a eu un choix politique : Monaco devait avoir au moins un représentant en finale.

On m’a sacrifié au profit de Manuel Amoros et de Bruno Bellone. Cela m’a coûté un transfert à Torino, qui ne pouvait pas dépenser une fortune pour un réserviste de cette finale dont je rêvais.  » Six nous promena dans Istanbul et nous présenta à ses camarades qui multiplièrent les tasses de thé. Le soir, Six était avec nous quand Cor van der Hart, ex-coach du Standard nous aborda au bar de l’hôtel avec plus qu’un verre dans le nez.

Six le connaissait car van der Hart joua à Lille avec son père. Le lendemain, il nous accompagna à l’aéroport, surveillé par des policiers armés jusqu’aux dents. Didier n’avait pas de billet autorisant le passage jusqu’à l’enregistrement.  » Six, Galatasaray ! « , lança-t-il et le gardien de la paix le salua avant de le laisser passer.

PAR PIERRE BILIC

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