SÉVILLE BAT BORO ET C’EST PAS UNE BÊTISE

Bernard Jeunejean

Middlesbrough-Séville voici huit jours à Eindhoven aura été le seul match de Coupe UEFA suivi cette année par mon fauteuil et moi. Nous nous sommes désintéressés de cette C2 au point que, croyez-le si vous voulez, nous ignorions même qui ces deux clubs avaient éliminé en demi-finales ! Faut avouer que sur une saison, entre ces mardi+mercredi de Ligue des Champions durant lesquels je me suis comme vous goinfré souvent de bonshommes à crampons, et les week-ends forcément footeux qui s’amenaient chaque semaine,… le jeudi soir s’est imposé comme le soir où le foot/TV ne s’imposait pas : répit, black-out, déconnexion,… faut pas confondre amour et rage !

Soyons francs, lecteur chéri, si ta zapette ne sert 7 jours sur 7 qu’à zapper vers du foot dès que tu la mets en branle, il n’est pas impossible que tu sois un malade nécessitant des soins…

Il existe une autre raison à mon désintérêt, c’est que la formule de cette C2 ne m’excite pas. Jadis, si tu ne gagnais pas la C1 (la Coupe d’Europe des clubs champions d’avant l’invention des poules à fric), rien n’était plus glorieux que gagner la C2 voire la C3. Aujourd’hui, ta gloriole, ton coefficient de notoriété et l’équilibre de ton business ont plus d’intérêt à échouer en quarts de finale de la C1 qu’à gagner la C2. Organisez un mini sondage dans votre entourage : combien se rappellent encore le vainqueur 2005 ?

L’actuelle Coupe UEFA est un bazar hybride vers lequel on rapplique à tout moment de partout (Intertototeurs et bazardés de LC) et qui débouche sur un vainqueur (Séville cette année) que le peuple footeux ne place pas à la cheville de Chelsea, la Juve, le Bayern, et autres grands niqués de la Ligue des Champions 2006… La moindre des choses serait que la Coupe UEFA soit l’antichambre officielle, une sorte de Division 2, de la Ligue des Champions : que son vainqueur, voire ses deux finalistes, soient automatiquement qualifiés pour les poules de la LC de l’année suivante. Cela mettrait de la cohésion dans l’échelle des compétitions. Ce n’est même pas le cas.

Mais bon. C’était la finale, j’ai regardé. Comme on fait parfois acte de présence… Et j’ai eu du plaisir, lequel, en foot, est souvent ailleurs qu’où on l’attend ! D’abord, comme souvent, j’ai coupé le son. En effet, quelle que soit la chaîne retransmetteuse, je dois bien constater cette évolution dans mes cellules : aujourd’hui, les commentaires m’apportent un moins plutôt qu’un plus, ils m’amènent plus souvent à me saisir d’un illustré durant les temps morts qu’à river mon regard à l’écran… Alors, je choisis soigneusement un CD qui m’allèche : cette fois c’était une fille qui s’appelait Magdalena Kozena, plutôt pas mal sur la pochette, et qui chantait des airs de la famille Bach. J’ai mis le son à fond, ça a collé magique : mon regard s’est rivé à l’écran 90′ durant, Magdalena m’a titillé la sensibilité footeuse mieux que ne l’auraient fait, quand j’étais gamin, Luc Varenne flanqué d’ Arsène Vaillant comme consultant !

Autre chouetterie, le réalisateur TV n’a pas raconté que le match. Tombé tout au début sur le gros plan d’un supporter sévillan particulièrement émotif, émouvant et pittoresque, il a eu l’idée de revenir sur lui à intervalles réguliers durant la rencontre, au point que ça devienne durant 90 minutes une petite histoire dans la grande histoire : c’était réussi, ça donnera des idées à d’autres…

Puis, j’ai aussi découvert une petite teigne de grande envergure. Ça fait toujours plaisir d’avoir l’impression qu’un parfait inconnu sort du lot, même si tu es le seul à le penser ou si ça fait de toi un gros ignare de ne pas connaître le gars ! En l’occurrence, si je devais miser ma fortune sur l’un des 22 acteurs pour affirmer qu’on en reparlera, je la miserais sur Daniel Alvès, ce latéral droit de Séville qui portait le n°4 : Google m’a appris le lendemain que c’était un jeune Brésilien… convoité par le Barça contre une jolie petite montagne de fric !

Enfin but not least, quatre buts dans un match où tu n’as pas de favori, ça donne toujours, je dis bien TOUJOURS, plus de bonheur que peau de balle zéro but ! Je me souhaite à moi-même le même bonheur ce soir lors d’Arsenal-Barcelone,… sans cependant m’illusionner : faut pas mépriser les probabilités, et ignorer que les quatre demi-finales de ces deux caïds nous ont royalement valu deux buts en quatre heures de football ! De toute façon, je mettrai de la musique…

bernard jeunejean

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