Les clubs de D1 n’ont jamais compté autant d’étrangers dans leur noyau que cette saison. S’agit-il d’un phénomène temporaire ou d’une tendance irréversible ? Sport/Foot Mag s’est penché sur les chiffres, les causes et les solutions.
Si vous n’êtes pas supporter de Gand ou féru de quizz sur le football, les noms de Tamasz Szekeres, Anders Christensen, Tarik Kharif ou Tore André Dahlum ne vous disent probablement plus rien. Pourtant, ce Hongrois, ce Danois, ce Marocain et ce Norvégien ont fait partie d’une équipe historique. Celle qui, en janvier 2000 face à Geel (1-1), fut la première formation belge composée uniquement d’étrangers. Elle avait été composée par Trond Sollied, le coach des Buffalos.
Sur le plan européen, ce n’était pas une primeur car fin 1999, Chelsea avait affronté Southampton avec onze joueurs non-Anglais. Un cas de force majeure : la grippe avait attaqué le vestiaire. Sollied ne l’avait pas fait exprès non plus : ses (rares) titulaires belges, Frédéric Herpoel et Gunther Schepens étaient soit blessés, soit suspendus.
Mais le Norvégien se fichait tout de même pas mal d’aligner onze étrangers. » L’origine des joueurs ne m’intéresse pas. C’est l’Europe, les frontières s’ouvrent de plus en plus. Bientôt, tout le monde payera en euro « , disait-il à l’époque.
Herpoel l’acceptait plus difficilement. » L’arrêt Bosman a fait du bien aux joueurs mais nous risquons à présent de tomber dans l’excès contraire.
C’est dommage pour les jeunes qui perceront plus difficilement. L’UEFA devrait établir une limite de six étrangers. »
Seize ans plus tard, on paye en euro et la Jupiler Pro League a instauré une règle (certes inversée) de minimum six joueurs home grown (voir encadré). Cela n’a pas empêché le pourcentage de joueurs étrangers d’enfler de façon conséquente, surtout si on compare les noyaux A sur plusieurs saisons.
Au début du championnat 1994/95 (l’année de l’arrêt Bosman), les étrangers représentaient 28,30 % des joueurs. En 1999-2000, ils étaient 40,34 %. En 2004-2005 et en 2011-2012, plus de 45 %. Mais l’été dernier, on a frôlé les 51 %. Et depuis le mercato hivernal, avec 45 étrangers sur 69 joueurs entrants (données arrêtées au 1er février), ce ratio est désormais de 56,05 % (voir encadré).
Ces chiffres sont confirmés par le dernier rapport mensuel du CIES Football Observatory. L’organisme suisse a calculé le pourcentage d’étrangers qui ont joué depuis le début de saison. L’Angleterre arrive en tête avec 66,4 %. La Belgique est deuxième avec 59,1 %. Elle devance l’Italie (57,9 %), la Turquie (57,4 %), le Portugal (57,6 %) et l’Allemagne (50,1 %). Les Pays-Bas (35,5 %) et la France (35,9 %) sont nettement plus protectionnistes.
LES CAUSES
Même si la Belgique n’est pas seule, les chiffres sont clairs. Selon le CIES, le nombre d’étrangers dans les noyaux des clubs des cinq grands championnats européens est passé de 42,8 % en 2010/11 à 46,7 % en 2015/16. En Belgique, l’augmentation est cependant plus rapide. Les causes sont nombreuses.
1 PEU DE JEUNES PERCENT
La formation à la belge est louée de toutes parts à l’étranger mais, chez nous, elle ne se traduit pas par une arrivée massive de jeunes en équipe première. Le CIES Football Observatory calcule également chaque année, entre le début de saison et le 1er octobre, le nombre de joueurs home grown (formés au moins 3 ans de suite dans le même championnat entre 15 et 21 ans).
En Belgique, en 2015, ils n’étaient que 11,8 %, ce qui plaçait notre pays en 25e position sur 31 championnats analysés. Bien plus bas que d’autres pays réputés pour leur formation comme la France (19,4 %), les Pays-Bas (22,8 %) ou l’Espagne (23,7 %). Seules la Turquie (8,3 %), l’Italie (8,6 %), la Grèce (10,7 %), le Portugal (11,1 %), Chypre (11,5 %) et l’Angleterre (11,7 %) faisaient moins bien. Ce rapport va donc de pair avec le nombre d’étrangers utilisés.
On entend souvent dire que, si les jeunes ne percent pas chez nous, c’est parce que les grands clubs européens viennent chercher les meilleurs avant même qu’ils n’aient atteint l’âge de la maturité. C’est pourquoi, au sein de la Pro League, on envisage d’abaisser à quinze ans l’âge minimum pour signer un contrat professionnel. Encore faut-il que le législateur accepte d’assouplir ce qui constitue déjà une exception.
Le fait est que, au cours des deux ou trois dernières années, le nombre de scouts autour des terrains où jouent des équipes d’âge belges a fortement augmenté. On ne les voit plus seulement en U19 et en U17 mais aussi en U15 et en U14. Tout le monde a encore en mémoire les transferts de Francesco Antonucci et Alper Ademoglu (d’Anderlecht à l’Ajax pour le premier, d’Anderlecht à Schalke 04 pour le second), de Xian Emmers et Indy Boonen (Genk – Inter Milan, Manchester United) et de Thibaud Verlinden (Standard – Stoke City).
Un coup d’oeil aux sélections d’âge de U15 à Espoirs (inclus) offre pourtant une perspective plus nuancée de la situation. Le ratio de jeunes Belges jouant à l’étranger est au maximum d’un sur quatre dans chaque sélection (dont beaucoup au PSV). En U18, il n’y en a même pas un seul.
On remarque également que ces joueurs évoluent pratiquement tous dans des clubs du G5. Et c’est là que ça coince : les plus petits clubs voient tous leurs meilleurs joueurs partir à Anderlecht, au Club Bruges ou à Genk. Il ne leur reste que les miettes ou ceux qui échouent mais ceux-là ne sont pas (encore) assez bons pour s’entraîner avec le noyau A. Et même s’ils le sont, de nombreux coaches, obligés de faire des résultats, leur préfèrent des joueurs expérimentés.
2 UN SALAIRE MINIMUM PEU ÉLEVÉ
Comparé au salaire moyen en Jupiler Pro League (254.000 euros), le salaire minimum pour les joueurs ressortissant d’un pays de la communauté européenne (20.100 euros, comme en Belgique) ou les extra-communautaires (76.800 euros) est peu élevé. Surtout si on compare ces chiffres à ceux en vigueur aux Pays-Bas, où il n’y a pas de limite pour les extra-communautaires mais où tout joueur doit toucher au moins 395.000 euros. Chez nous, ce salaire minimum constitue un obstacle important et est même une incitation à engager des étrangers, d’autant que les Belges coûtent de plus en plus cher (voir point suivant).
» Le package salarial d’un joueur extra-communautaire qui signe un contrat minimum a même chuté depuis 2007 « , affirme Stijn Boeykens, du syndicat des joueurs ACV-CSC. Il rajoute : » Les avantages en nature et la prime à la signature qui sont inclus dans le salaire minimum ne comptent en effet plus pour l’assurance-groupe. La prime a donc chuté à 4.000 euros au lieu de 19.000 euros. »
» C’est d’ailleurs pour cela que les primes à la signature sont de plus en plus importantes. Avant 2007, elles n’existaient pratiquement plus mais depuis, on a tendance à les gonfler. Certains clubs se montrent même très imaginatifs : ils payent cette prime et même une partie du salaire en cash. Soi-disant, en tout cas, car nous ne sommes pas convaincus que les joueurs reçoivent cet argent. »
3 DES BELGES PLUS CHERS
Au cours des derniers mois, Willy Reynders, Eddy Cordier et Philippe Bormans (respectivement managers de Lokeren, Zulte Waregem et Saint-Trond) ont souvent laissé entendre que les bons joueurs belges utilisables immédiatement, même s’ils venaient de D2, étaient impayables pour des budgets moyens comme ceux de leur club.
Leur salaire est en général une fois et demie plus élevé que celui d’un étranger et les clubs auxquels ces joueurs appartiennent attendent tous une offre d’une formation étrangère qui n’hésitera pas à mettre l’argent sur la table.
» A cet égard, nous sommes un peu victimes du succès des Diables Rouges « , regrette Philippe Bormans. » Tout le monde part du principe qu’un joueur belge est automatiquement bon. « , explique le manager du club trudonnaire.
Aidés d’outils de scouting comme Wyscout – qui permet de voir plusieurs matches d’un joueur de n’importe où dans le monde en un seul clic, les clubs se mettent donc à la recherche d’étrangers moins chers.
» A qualité égale, les joueurs y sont beaucoup moins chers qu’en Belgique « , affirme Eddy Cordier. C’est aussi la raison pour laquelle Zulte Waregem loue Nikola Storm (Club Bruges) et Steve De Ridder (Copenhague). » Pour nous, c’est le seul moyen d’attirer des joueurs de ce calibre « , déplore-t-il.
4 UN CHAMPIONNAT DE TRANSIT
Selon CIES, le séjour moyen d’un joueur de D1 en Belgique n’a jamais été aussi court qu’en 2015 : 2,13 ans de moyenne. En 2010, c’était encore 2,47 ans. Dans ce classement, notre pays occupe la 22e position sur 31 pays européens. Le nombre moyen de nouveaux joueurs (de fin juillet au premier octobre) reflète la même tendance : 11,3 par club en 2015 pour » seulement » 8,6 en 2010. Cela confirme que la Jupiler Pro League est considérée comme un championnat de transit, surtout pour les étrangers bon marché.
Attirés par le salaire minimum (trop) peu élevé pour les joueurs extra-communautaires après la suppression de la third party ownership l’été dernier, l’agent Pino Zahavi et le propriétaire de Cardiff City Vincent Tan ont repris respectivement Mouscron-Péruwelz et Courtrai. Ce n’est pas un hasard si ces deux clubs occupent respectivement la première et la quatrième place au classement du rapport joueurs belges/joueurs étrangers dans le noyau.
A la nuance près qu’Ostende et Lokeren, qui appartiennent à Marc Coucke et Roger Lambrecht n’ont pas davantage de joueurs belges. Au contraire : à la date du 9 février, YvesVanderhaeghe et BobPeeters/Georges Leekens avaient aligné moins (respectivement 5 et 7) de joueurs nationaux que Cedomir Janevski/Glen De Boeck et JohanWalem (9) (voir encadrés).
5 LE FORMAT DU CHAMPIONNAT
A cause de l’impact des play-offs, tant pour les candidats au titre que pour les clubs qui tentent de terminer parmi les six premiers, ou à cause de la peur panique de descendre (surtout depuis la réforme du championnat), de nombreux clubs sont actifs sur le marché des transferts en cours de saison, dans l’espoir de redresser une situation compromise.
Les 69 transferts entrants au mercato d’hiver (13 de plus qu’en 2015 et 24 de plus qu’en 2014) ne sont donc pas le fruit du hasard. Et pour toutes les raisons énoncées plus haut, plus de transferts signifie aussi plus d’étrangers.
6 UNE MEILLEURE IMAGE
La première place de la Belgique au classement FIFA, le parcours de Gand en Ligue des Champions ainsi que ceux d’Anderlecht et du Club Bruges en Europa League ont donné un fameux coup à la réputation des clubs belges. Notre pays est de plus en plus considéré comme un bon tremplin vers un grand championnat. C’est en partie pour cela que Monaco et la Juventus ont souhaité prêter des joueurs à Zulte Waregem.
Nos clubs constatent également que les meilleurs étrangers rechignent moins à venir jouer en Belgique. Grâce au système de licence, les clubs belges ont acquis une réputation de bons payeurs et ce n’est pas à sous-estimer quand on sait que dans des pays comme la Turquie, la Grèce ou l’Espagne, de plus en plus de joueurs sont payés en retard, voire pas du tout.
Grâce à des droits de télévision désormais plus élevés et des règles fiscales plus avantageuses, les clubs belges peuvent proposer des salaires plus compétitifs aux meilleurs étrangers. Sur ce plan et sur celui de la réputation de championnat-tremplin, notre pays a refait une bonne partie du retard qu’il accusait sur les Pays-Bas.
LES SOLUTIONS
Les causes de l’arrivée massive de joueurs étrangers sont nombreuses mais quelles sont les solutions ? Pour beaucoup d’acteurs, une est incontournable : il faut relever le nombre minimal de joueurs home grown. A l’heure actuelle, celui-ci est différent dans chaque pays mais des gens comme le parlementaire européen Ivo Belet (CD&V) se battent depuis des années pour un règlement unique basé sur cinquante pour cent de joueurs formés dans les clubs ou dans le championnat national.
Stijn Boeykens, du syndicat des joueurs ACV-CSC est sceptique. » En 2013, une enquête commandée par la Commission européenne a démontré que la règle home grown implantée progressivement depuis 2005 était inefficace. L’effet sur l’équilibre compétitif au plus haut niveau ainsi que sur la formation des jeunes est négligeable. Plus encore : dans de nombreux championnats européens, le nombre d’étrangers a augmenté.
En Belgique, on n’est pas non plus favorable à une adaptation du règlement qui ne vaudrait que dans notre championnat. A la Pro League, on n’aborde même pas le sujet. » Les petits clubs n’ont pas envie de se tirer une balle dans le pied « , explique Boeykens.
Il avance une autre solution : » Porter le salaire minimal pour les joueurs extra-communautaires (76.800 €) au niveau des Pays-Bas (395.000 €) en faisant passer progressivement le coefficient de leur salaire sur base du salaire minimum des citoyens belges et européens de 4 à 10, voire 20 (voir encadré, ndlr).
C’est une question de législation dans laquelle la Pro League n’a (officiellement) pas son mot à dire. Mais les politiciens ne sont pas très chauds car les clubs font du lobbying. Pour le G5, une augmentation ne poserait pas de problème mais pour les onze plus petits, ce serait plus difficile car ils ne pourraient plus acheter de joueurs extra-communautaires moins chers. »
Les politiciens n’ont-ils dès lors jamais pris de mesures afin de faire diminuer le nombre d’étrangers ? » Si « , affirme Boeykens. » En 2003, à la demande de la commission sur la traite des êtres humains, le coefficient du salaire minimum pour un joueur extracommunautaire est passé de 2 à 4. Mais c’est encore bien trop peu. »
» En 2008, on a également instauré une nouvelle réglementation fiscale. Avant cela, les non-résidents ne payaient que 18 % d’impôt sur les revenus. C’est la raison pour laquelle des joueurs belges de Courtrai ou de Genk allaient habiter à Lille ou à Aix-la-Chapelle. Cet avantage a été supprimé en 2008 mais ce n’était pas au goût de Vande Lanotte, l’homme fort du BC Ostende qui a donc demandé l’instauration d’une nouvelle loi avantageant les employeurs sportifs.
Depuis, les clubs récupèrent 80 % des cotisations patronales des joueurs de plus de 26 ans à condition qu’ils consacrent la moitié de cet argent à la formation des jeunes. Pour les joueurs de moins de 26 ans, ils ne payent même plus du tout de cotisations patronales. L’objectif était de donner plus de moyens à la formation des joueurs belges au détriment des étrangers. Huit ans plus tard, on constate que cette règle n’a été assortie d’aucun effet. »
JOUEURS HOME GROWN ET ÉTRANGERS : LES RÈGLES BELGIQUE
Dans un noyau de maximum 25 joueurs âgés de plus de 21 ans, huit au moins doivent avoir été formés en Belgique. Et, sur la feuille de match, ils doivent être six.
Il doit s’agir de joueurs ayant la nationalité belge et ayant été formés pendant au moins trois ans dans un club belge. Il peut aussi s’agir de joueurs issus ou non de la Zone Economique Européenne ayant été membres d’un club belge pendant au moins 3 ans avant l’âge de 23 ans.
SALAIRE MINIMUM
Il inclut les différents avantages (primes de match, pécule de vacances, prime à la signature, etc) et est de minimum 9.600 euros pour un sportif à temps partiel et 19.200 euros pour un sportif à temps plein. La convention collective de travail sur le football prévoit 900 euros de plus, soit 10.500 euros pour un temps-partiel et 20.100 euros pour un temps plein. Il s’agit du salaire minimum pour les joueurs belges et ressortissants de l’Union européenne.
Pour les joueurs extra-communautaires, le salaire minimum est de 4 fois le salaire minimum d’un sportif full time, soit 76.800 euros (19.200 a X 4).
CHAMPIONS LEAGUE ET EUROPA LEAGUE
Depuis 2008/2009, un noyau de maximum 25 joueurs doit comprendre au moins huit joueurs home grown, c’est-à-dire des joueurs qui, entre 15 et 21 ans, ont été formés au moins pendant trois ans dans le club ou dans le pays. Au moins quatre de ces huit joueurs doivent avoir été formés au club.
PAYS-BAS
Pas de règle home grown mais un salaire minimum très élevé pour les joueurs extra-communautaires : 395.000 euros (soit 150 % du salaire moyen en Division d’Honneur) pour les joueurs âgés de 20 ans au moins, 197.000 euros (soit 75 % du salaire moyen) pour les 18/19 ans.
ALLEMAGNE
La règle applicable en Ligue des Champions l’est depuis 2006/2007 en Allemagne.
ANGLETERRE
Au moins 8 joueurs home grown dans un noyau de 25 joueurs maximum.
Un joueur non ressortissant de la Zone économique européenne doit disposer d’un permis de travail. Celui-ci n’est accordé qu’à ceux qui, au cours des deux années précédant le transfert, ont disputé un certain pourcentage de matches internationaux A. En mars 2015, cette règle a été ramenée à un an pour les joueurs de moins de 21 ans.
Seuls les joueurs des pays du top 50 de la FIFA entrent en ligne de compte (jusqu’à la saison dernière, c’était le top 70). Le pourcentage du nombre de matches joués dépend du classement : 30 % pour les pays du top 10, 45 % entre la 11e et la 20e place, 60 % entre la 21e et la 30e place, 75 % entre la 31e et la 50e place.
Un club peut demander à la FA de faire une exception s’il s’agit d’un joueur ne faisant pas partie du top 50 mais comptant suffisamment de sélections. Il doit alors s’agir d’un » talent exceptionnel » qui peut représenter » une forte plus-value pour le développement du football anglais. »
Ces exceptions sont accordées (trop) fréquemment car la saison dernière, près de la moitié des joueurs extra-communautaires ont débarqué en Premier League grâce à cette formule. 79 % des demandes ont été acceptées, dont celles des Congolais Chancel Mbemba (Newcastle) et Dieumerci Mbokani (Norwich City).
Depuis cette saison, c’est plus difficile car la commission tranche davantage » sur base de critères objectifs. »
FRANCE
Quatre joueurs maximum non ressortissants d’un pays de l’Union européenne, de la Zone économique européenne ou d’un pays qui n’a pas d’accord de collaboration avec l’Union européenne (Argentine, Brésil, Etats-Unis,…). Pour les pays qui ont un tel accord (notamment les 79 pays ACP, principalement africains), il n’y a pas de limite, à condition que le joueur ait été sélectionné en équipe nationale.
ITALIE
A partir de 2016, les règles home grown de la Ligue des Champions seront d’application, à la différence que les quatre joueurs formés aux clubs devront être nés en Italie.
De plus, le noyau de 25 joueurs ne pourra compter qu’un maximum de deux joueurs extra-communautaires. Un de ces joueurs doit avoir joué au moins deux matches internationaux au cours de la saison précédente ou cinq sur toute sa carrière.
ESPAGNE
Dans un noyau de 25 joueurs, maximum 3 joueurs extra-communautaires ou de pays qui n’ont pas d’accord de collaboration avec l’Union européenne ou l’Espagne. Pour contourner cela, de nombreux Brésiliens ont la nationalité portugaise, ce qui leur permet d’accéder à la Primera División.
PROTÉGER LA FORMATION
Des règles home grown plus strictes, difficiles à imposer d’un point de vue juridique, des salaires minimum combattus par les lobbys… Comment faire, dès lors, pour voir plus de Belges sur nos terrains ? Favoriser la formation des jeunes en faisant jouer les Espoirs en D3 ou dans la nouvelle D1 amateur afin de leur apprendre à jouer sous pression, devant plus de public. Cette proposition s’est déjà retrouvée sur la table mais elle a été bloquée par les clubs de D3 qui craignaient que ces équipes B n’amènent pas de spectateurs.
Autre proposition susceptible de récompenser une formation de qualité : interdire aux grands clubs d’aller chercher des joueurs dans les petits clubs dont la formation a reçu un label 4 étoiles. Mais selon les initiés, cette option a peu de chances d’aboutir.
» Ce sont des règles qui seront vite contournées « , avance Bob Browaeys, coach des U17 nationaux qui ont décroché la médaille de bronze au championnat du monde. » Je plaide surtout pour une meilleure collaboration entre les petits clubs et ceux du G5, qui devraient prêter plus rapidement leurs jeunes joueurs si ceux-ci jouent peu.
Genk montre l’exemple en prêtant Siebe Schrijvers et Leandro Trossard à Waasland-Beveren et à OHL : tout le monde est gagnant. Et puis, les clubs doivent cesser de voir à court terme, de se dire qu’il est moins coûteux d’investir dans des étrangers bon marché que dans la formation. La seule véritable solution, c’est un changement de mentalité. »
D’OÙ VIENNENT LES BELGES ?
MathieuCornet, ça vous dit quelque chose ? Peut-être. L’été passé, le KV Ostende a transféré cet attaquant (25 ans) de Virton et l’a aligné l’espace d’un bon quart d’heure face à Zulte Waregem, le 29 août. Lors du récent mercato, le joueur a été cédé à l’Antwerp. Avec lui, c’est le seul joueur originaire de la province de Namur qui a quitté la D1.
C’est ce qui ressort, en tout cas, d’un tour d’horizon sur la provenance des éléments actifs dans notre élite (soit un total de 164 Belges, chiffre arrêté lors de la conclusion de cette enquête, le 9 février)et ce, en vertu de l’endroit où ils sont nés. Pas moins de 60 % sont originaires des Flandres, 30 % de Wallonie et 10 % de la Région de Bruxelles-Capitale. C’est à peu de choses près un pourcentage identique à la répartition démographique du pays.
C’est la province de Liège qui compte le plus de joueurs au sommet du football belge : 25. C’est d’autant plus frappant que la principauté ne compte qu’un représentant en Jupiler Pro League (le Standard) alors que la Flandre-Occidentale en compte 4. Pourtant, en matière de chiffre de population, cette province n’occupe que la 6e place à l’échelon de la gent masculine.
Si cette donne devait être respectée, Anvers (avec deux représentants en D1) serait censée compter le plus de footballeurs pros en D1. Mais cette province n’arrive qu’au troisième rang, devant la Flandre-Occidentale.
La présence de 4 clubs de Flandre-Occidentale en Jupiler Pro League (ainsi que de leurs centres de formation) n’a donc pas pour effet de doper la présence de joueurs issus de cette province en D1.
Ce qui est frappant aussi, c’est que le Hainaut est sous-représenté (deux clubs et troisième position au niveau de la population masculine). Le Brabant wallon, Luxembourg et Namur ont peu de représentants en D1 mais se situent également loin derrière en matière d’hommes.
PAR JONAS CRETEUR ET PETER T’KINT – PHOTOS : BELGAIMAGE
» Une enquête a démontré que la règle home grown était inefficace. » STIJN BOEYKENS DU SYNDICAT DES JOUEURS ACV-CSC
» Les clubs doivent cesser de voir à court terme. » BOB BROWAEYS, ENTRAÎNEUR DES U17 NATIONAUX