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Paul Breitner

Ils n’étaient pas toujours les plus grands, mais on les adulait quand même. Parce qu’ils avaient ce petit quelque chose en plus : de l’humour, un avis bien tranché, voire un côté tragique. Place aux figures cultes du foot. Aujourd’hui : Paul Breitner.

Hallucinant, titrait Bild à l’automne dernier, lorsqu’on apprenait que Paul Breitner était persona non grata dans la tribune d’honneur de l’Allianz Arena. Uli Hoeness, le président, qui a été son équipier au Bayern et au sein de la Mannschaft, estimait qu’il se montrait trop critique envers le club. Max, le fils de Breitner, a cependant conservé son emploi au sein de la cellule communication du club bavarois.  » Hoeness parle toujours de famille du Bayern mais à présent, les enfants de la famille doivent avoir honte de leur père « , répliquait Breitner.

Le Bayern est un club aristocratique pour nouveaux riches qui ne pensent qu’à l’argent.  » Paul Breitner

Ensemble, ils ont remporté la Coupe d’Europe des Clubs Champions (1974), le championnat d’Europe des nations (1972) et la Coupe du monde (1974) avec l’Allemagne de l’Ouest. Ils ont partagé le même appartement à Munich mais, dès 1983, leur relation s’est détériorée. Breitner disputait sa dernière saison et son  » ami  » était devenu manager du club. Au repos d’un match, au cours d’une tournée de promotion en Asie, Breitner a jeté ses chaussures à la tête du boss en hurlant :  » Ici, tu n’as rien à dire.  » Jamais on n’allait lui confier de fonction importante au sein du club…

Comme Roten Paul s’intéressait de près au maoïsme et sortait ostensiblement le Petit Livre Rouge de Mao Zedong, le New York Times l’a baptisé  » le nouveau héros de la culture allemande de l’opposition.  » À l’âge de 18 ans, il a réussi à échapper à la police pendant plusieurs jours mais pas au service militaire. C’est pourquoi il n’est devenu titulaire qu’en février 1971, après un an à  » balayer les chiottes de la caserne.  » À son grand désespoir, il était aligné au poste d’arrière gauche.  » Je n’avais jamais imaginé jouer un jour en défense « , disait-il. Trois mois plus tard, il devenait international à ce poste.

Avec son style de jeu audacieux, sa coiffure afro, sa grande barbe et ses idées politiques très claires, Breitner était très présent.  » Tant qu’on joue bien, on peut tout dire « , affirmait-il. Jusqu’à ce qu’après un titre en Bundesliga, des photos de lui dansant nu au bord d’une piscine fassent scandale. On lui infligea une amende mais ça ne l’a pas impressionné.  » Dans ce club de m…, ils ne savent même pas faire la fête.  »

Pourtant, en Bavière, il y avait des choses à fêter : un troisième titre, une Coupe d’Europe des Clubs Champions et une Coupe du monde au cours de laquelle Breitner avait remis la Mannschaft dans le match en transformant un penalty lors de la finale face au Pays-Bas… avant de se retirer directement de l’équipe nationale.  » Je ne me sens plus allemand « , a-t-il dit cet été-là en quittant aussi le Bayern ( » Un club aristocratique pour nouveaux riches qui ne pensent qu’à l’argent « ) pour le Real Madrid.

Ses détracteurs l’ont cloué au pilori, surtout lorsqu’ils ont appris que ce soi-disant communiste réclamait une partie du montant du transfert, faisait de la publicité pour une marque de cigarettes et se faisait même grassement payer pour raser sa barbe. On l’a traité d’hypocrite mais Breitner, aligné aux côtés de Günter Netzer, a répondé sur le terrain en décrochant deux titres de champion d’Espagne. Il était le général de l’entrejeu. Avec Karl-Heinz Rummenigge, il a signé le retour au plus haut niveau du Bayern et emmené l’équipe nationale en finale de la Coupe du monde 1982. L’Allemagne s’est inclinée face à l’Italie (3-1) mais Breitner a inscrit un but. Avec Vavá, Pelé, Zinédine Zidane et Ronaldo, il fait partie du cercle très fermé des joueurs ayant marqué dans deux finales. Depuis 1994, il figure également dans la FIFA All-Time Team, au poste d’arrière latéral, aux côtés de  » l’auto-sélectionné  » Franz Beckenbauer, qu’il a qualifié de  » fossoyeur du football  » lorsqu’il était sélectionneur de l’équipe allemande. Encore un ancien équipier avec qui il ne partira pas en vacances.

Bio

Né le : 5 septembre 1951 (Allemagne)

Clubs : Bayern Munich, Real Madrid (ESP), Eintracht Braunschweig, Bayern Munich

Caps : 48 (10 buts)

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