» Il y a un peu plus de 40 ans, le 23 février 1969, la Belgique recevait l’Espagne, en match qualificatif pour le Mundial 70 au Mexique. C’était le cinquième match de Raymond Goethals comme coach des Diables Rouges. Avant lui, l’équipe développait du beau jeu et était qualifiée de championne du monde des matches amicaux mais il lui manquait quelque chose pour arracher sa place dans un grand tournoi. Goethals resserra l’organisation défensive, perfectionna le travail tactique, détailla les points forts et les faiblesses de nos adversaires, etc. En 1968, la Belgique entama en force la campagne : 1-2 en Finlande, 6-1 chez nous face au même adversaire, 3-0 contre la Yougoslavie au Parc Astrid (terrible bataille avec trois exclus : DobrivojeTrivic, Dragan Dzajic et moi-même), 1-1 en Espagne où Pierre Hanon fut renvoyé au vestiaire à un quart d’heure de la fin car il contesta l’égalisation de José Eulogio Garate qui s’était aidé de la main. La Guardia civil l’évacua de force. Le retour ne pouvait qu’être poivré. Après mon exclusion contre la Yougoslavie, j’avais été suspendu pour deux matches. Je n’étais pas à Madrid, la fédé conclut une rencontre amicale Luxembourg A-Belgique B… que l’UEFA considéra comme mon deuxième match de suspension !
Pour jouer l’Espagne, Goethals préférait Sclessin ou Anderlecht car l’ambiance y était plus chaude qu’au Heysel. En février 1969, les terrains étaient gelés et nous nous sommes entraînés sur la plage à Ostende. Roger Petit eut une bonne idée : un hélicoptère tournoya au-dessus de la pelouse de Sclessin et la neige s’envola. Le terrain était lourd mais jouable. Nous avons vite mis la pression indispensable pour mériter la queue et les oreilles du taureau espagnol. La Belgique s’imposa 2-1 (deux buts de Johan Devrindt en forme lors de cette campagne de qualification) mais il y eut du grabuge avec l’exclusion d’ Eladio Silvestre et des tas de fautes. Le public de Sclessin fut extraordinaire et assuma pleinement son rôle de 12e homme. Ce soir-là, j’ai livré mon meilleur match en équipe nationale. Ce succès constitua un déclic. La Belgique se qualifia ensuite pour la Coupe du Monde, ce qui n’était plus arrivé depuis 1954.
Les Anderlechtois regagnèrent Bruxelles en train où nous avons bu de la bière avant de nous retrouver dans un établissement du Quartier Louise propriété d’un amateur de foot, Jacky Dupont. »
né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing).
propos recueillis par pierre bilic