Les secrets des milliardaires

Les 10 plus grosses fortunes de la D1classées dans le désordre. Comment sont-ils devenus riches ? Pourquoi ont-ils investi dans le sport ? Qu’ont-ils obtenu comme résultats sportifs ?

Standard Luciano D’Onofrio, l’ex-agent dont on parle tant

Fortune faite, Luciano D’Onofrio répond à l’appel du duo Duchêne-Lesman en 1998, qui cherche de nouveaux investisseurs pour sortir le Standard du gouffre financier. Par son entremise, la société Eric Soccer de son ami Robert Louis-Dreyfus est contactée. Celle-ci va introduire plus de 25 millions d’euros dans le sauvetage du vieux club liégeois. Il se chuchote que Luciano D’Onofrio aurait lui-même investi quelque 5 millions d’euros dans la reprise du matricule 16. Toutefois, dans les statuts, D’Onofrio (53 ans) n’est  » que  » le vice-président du conseil d’administration du Standard de Liège, le poste de président étant laissé au discret Reto Stiffler, patron du Club Hôtel basé à Davos. La présidence  » opérationnelle  » est laissée logiquement à Luciano D’Onofrio, grand connaisseur du football de par sa longue expérience en tant qu’ancien agent de joueurs.

Constituée en société anonyme, le chiffre d’affaires du club de la Principauté s’élève à 18 millions d’euros en 2007 pour une perte nette de plus de 3 millions. Malgré ce statut juridique, il lui reste du chemin à parcourir en matière de transparence. Jusqu’en juin 2001, Dreyfus était encore le propriétaire du Standard. Pour se conformer au règlement de l’UEFA qui interdit à deux clubs, détenus par la même personne, de se rencontrer en coupe d’Europe, RLD a cédé une partie de ses actions à son ami Tom Russel, un homme d’affaires américain. Depuis lors, Dreyfus n’a plus investi à Sclessin et le club doit boucler son budget sur ses fonds propres (sponsoring, merchandising, droits tv, transferts…). Aujourd’hui, Dreyfus, Russel et, dans une petite mesure, Stiffler, détiennent toujours 89,23 % des parts du club via la Société Anonyme Financière du Standard et D’Onofrio 10,77 %.

Outre cette participation, le mystère entoure les avoirs de Luciano D’Onofrio. Officiellement, il ne possède que trois mandats, sous le nom de Licio D’Onofrio et domicilié Rua Antonio Cardozo à Porto, dont deux pour des sociétés de restauration (L’Adriatique et l’Europa) et une société active dans les services financiers, hors assurance et caisses de retraite (Pacando). Seule cette dernière dégage des bénéfices (215.893 euros en 2007). Le reste de sa fortune est difficilement chiffrable.

Si l’ascension de ce self-made man a tout d’une success story, elle est toutefois entachée de problèmes avec la justice. Ainsi, dans l’affaire de plusieurs transferts frauduleux effectués à l’Olympique de Marseille entre 1997 et 1999, la Cour de cassation a rendu définitives les condamnations prononcées en octobre 2007 par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence, à savoir 6 mois ferme (18 mois avec sursis), 200.000 euros d’amende, et 2 ans d’interdiction d’activité liée au football en France. Cette fois, il ne devrait pas bénéficier d’une grâce présidentielle comme ce fut le cas pour son rôle d’intermédiaire dans les comptes du club des Girondins de Bordeaux.

Rappelons aussi que depuis quatre ans, une instruction a été ouverte à Liège par le juge Philippe Richard concernant des soupçons de blanchiment dans le cadre de la gestion du Standard. En juin dernier, l’ensemble des biens immobiliers, quatre immeubles situés à Liège et Ans, propriété de la société Alalunga Anstalt avaient été placés sous saisie conservatoire pénale par le juge d’instruction. Alalunga Anstalt est, en fait, une société de droit du Liechtenstein dont le bénéficiaire économique est Luciano D’Onofrio et son gestionnaire un réviseur d’entreprise suisse du nom de Maurizio Delmenico, ex-administrateur du Standard jusqu’en mars 2005. Enfin, notons qu’Alalunga Anstalt est domiciliée chez Henri Lafosse, ancien réviseur du Standard, qui dispose du pouvoir de signature pour la société chez nous. Ce sont donc les biens de cette société, soit une partie des sommes apportées par Robert-Louis Dreyfus au Standard en 1998-1999, qui font l’objet de la saisie conservatoire. Reste à savoir maintenant pour la justice si, oui ou non, Alalunga a joué au niveau des transferts de joueurs du Standard, le même rôle qu’International Administration Management pour les transferts des joueurs de l’OM, c’est-à-dire une caisse de transit pour le payement et la réception de commissions occultes.

l Licio D’Onofrio, dit Luciano ou Lucien, est âgé de 53 ans.

l Ancien médian, il a porté de 1965 à 1981 les couleurs d’Ans, de Tilleur, Bas-Oha et de Winterslag qui l’avait acquis sur les recommandations de son coach, Robert Waseige. Il joua huit matches en D1 pour le compte des Limbourgeois. D’Onofrio entretenait des bonnes relations avec les monstres sacrés du foot liégeois : Waseige, Henri Depireux (qui l’employa dans son magasin d’articles de sport), Roger Claessen, etc. Il admirait ce dernier, joueur du siècle du Standard, qui joua aussi à Bas-Oha et fut proche de toute la famille D’Onofrio. Après Winterslag, D’Onofrio migra à Houston (USA) avant de se fixer à Portimonense (D1 portugaise) où il est victime en 1984 d’une double fracture de la malléole. Sa carrière de footballeur s’achève à 28 ans et il se tourne vers les activités de conseiller sportif à l’Inter Milan (1984) avant de s’occuper de relations extérieures de Porto dont il fut ensuite le manager général (1985-91). Au Portugal, il ne vécut que de grands succès : Ligue des Champions, Supercoupe d’Europe et Coupe Intercontinentale en 1987, 3 x champion (1985, 88, 90), 2 Coupes (19 88,91), 3 Supercoupes du Portugal (1986, 90, 91). Il fut agent de joueurs de stars de 1991 à 2004 : Zinédine Zidane, David Trezeguet, Christophe Dugarry, etc.

l En 1998, D’Onofrio trouve les appuis et les finances pour reprendre le Standard dont la trésorerie est en grosse difficulté. Avec l’aide de son ami Tomislav Ivic, il réorganise le club de fond en comble. Le géant de Sclessin passe par quelques crises : départ de Guy Hellers, colères des supporters, relations difficiles avec l’Union Belge, défenestration de Waseige, mise à l’écart de Johan Boskamp, trois défaites en finale de Coupe de Belgique (1999, 2000, 2006), etc. Mais à partir de 2003, le Standard réintègre définitivement le Top 3 de la D1 sous la houlette de Dominique D’Onofrio puis de Michel Preud’homme (Entraîneur de l’année en 2008). La saison passée, après 25 ans d’attente, le Standard fête son 9ème titre. C’est le début d’une nouvelle époque, symbolisée aussi par l’Académie Robert Louis-Dreyfus : la formation est désormais une priorité et l’effectif est plus stable. Cette saison, Everton a dépensé 20 millions d’euros pour s’offrir un jeune du Standard : Marouane Fellaini.

l Ses joueurs essentiels de 1998 à 2008 : Vedran Runje, André Cruz, Ivica Mornar, Ali Lukunku, Ivica Dragutinovic, Ole-Martin Aarst, Johan Walem, Eric Van Meir, Almani Moreira, Michaël Goossens, Emile Mpenza, Milan Rapaic, Igor de Camargo, Sergio Conceiçao (Soulier d’Or en 2005), Eric Deflandre, Oguchi Onyewu, Mohammed Sarr, Dante, Steven Defour (Soulier d’Or en 2007), Milan Jovanovic (footballeur pro de l’année 2007-08), Wilfried Dalmat, Benjamin Nicaise.

l Ses coaches de 1998 à 2008 : Tomislav Ivic, Zeljko Mijac, Jean Thissen, Robert Waseige, Dominique D’Onofrio, Michel Preud’homme, Johan Boskamp, Laszlo Bölöni.

Mons Dominique Leone : un capitaine d’entreprise qui pèse 60 millions d’euros

A la tête de la holding montoise SGI (Société de gestion industrielle), Dominique Leone possède un petit empire actif dans la métallurgie, les matériaux réfractaires et l’immobilier. Lourde de 13 mandats, la galaxie business de Dominique Leone est pleine d’une constellation de sociétés qui s’enchevêtrent. Le holding basé à Bernissart (Hainaut) s’articule autour d’une petite dizaine de PME spécialisées qui réalisent ensemble un chiffre d’affaires de plus de 60 millions d’euros par an.

Peu avant avril 2004, les activités de Leone pesaient davantage mais la cession de ses parts dans le secteur environnemental (Cydis a été cédé au groupe familial français Barisien) a amputé d’un tiers son chiffre d’affaires consolidé. L’argent de cette vente sera en partie englouti dans l’acquisition de nombreux joueurs pour le club de Mons.

Fils de l’immigration italienne, né en Sicile, qui a arrêté ses études à 15 ans, un simple diplôme de secondaire inférieur en poche, le futur président mécène de l’Albert imagine en 1980 une société active dans la fumisterie industrielle : Fusiman Construction, transformée depuis en Fusiref. Le business est juteux car peu exploité. Sa petite société spécialisée dans la réparation et l’entretien des parties réfractaires des fours industriels connaît une croissance immédiate grâce à d’importants contrats d’entretien, notamment auprès des usines Boël à La Louvière. Trois ans plus tard, confronté à la défection d’un partenaire spécialisé dans le nettoyage industriel, le Montois crée sa propre unité sous l’appellation Fusiman Industrial Cleaning. Une société revendue en 1989 à Sita, filiale commune de la Lyonnaise des Eaux (Suez) et de Cockerill, contrôlée depuis par le groupe anglais Shanks. Dernièrement, Leone a décidé d’investir 30 millions d’euros à Mons, via sa société Ceydis, pour créer 300 nouveaux logements, dont 10 maisons individuelles à proximité de la gare.

Depuis son arrivée à la présidence du club en 2001, il se dit qu’il a injecté massivement ses deniers personnels dans le puits sans fond des Dragons.  » J’investis beaucoup d’argent mais avec une vue à long terme « , affirme le président sans dévoiler la taille de ses investissements. Car pour Leone, le club se devra d’être autonome d’ici 2011. En attendant, le Royal Albert Elisabeth Club affiche un budget de 6,5 millions d’euros, en hausse de 35 % par rapport à la saison 2006-2007…

l Dominique Leone a 53 ans.

l Le président montois est le Monsieur Miracle de l’Albert. Sans lui, le stade Charles Tondreau n’aurait jamais été modernisé. Victime d’un accident à la hanche durant sa jeunesse, Leone ne pratiquait pas le foot mais suivait le club de Bernissart où il habitait. Son frère l’y attira et il en sera le président de 1985 à 89. Puis, Elio Di Rupo l’invita à rejoindre l’AEC Mons.

l Sa première saison présidentielle se termine en 2002 par la montée en D1 forgée par Marc Grosjean. Après une bonne première campagne, les épines étouffent les fleurs : règne houleux de Sergio Brio, incidents entre le coach italien et le groupe (dont le clash Nutella avec Olivier Suray), descente en D2 après trois ans. Mons se tourne vers José Riga (T1) et Jean-Paul Colonval (directeur technique) avec à la clef un retour immédiat en D1. Il y aura encore de grosses crises : un vestiaire difficile à gérer, la mise à l’écart de Colonval, un long combat pour le maintien obtenu par le para-commando Albert Cartier (successeur d’un Riga éreinté), le rapide départ de Philippe Saint-Jean cette saison, remplacé par Thierry Pister, etc.

l Ses joueurs essentiels en D1 : Olivier Berquemanne, Olivier Suray, Liviu Ciobotariu, Eric Joly, Pascal De Vreese, Cédric Roussel (meilleur buteur de D1 en 2003 à égalité avec Wesley Sonck : 22 buts), Wamberto, Alessandro Cordaro, Roberto Mirri, Wilfried Dalmat, Benjamin Nicaise, Adriano Duarte, Frédéric Herpoel, Fadel Brahami, Hocine Ragued, Mohamed Dahmane, etc.

l Ses coaches : Marc Grosjean, Sergio Brio, Jos Daerden, Michel Wintacq, José Riga, Albert Cartier, Philippe Saint-Jean.

Charleroi Abbas Bayat a fait du Sporting une entreprise rentable

Président du Sporting de Charleroi, le parcours business du bouillant Abbas Bayat (61 ans) débute dans les années 1980 lorsqu’il lance une entreprise d’import et de consultance aux Etats-Unis. Fin 87, il fonde sa propre société pour mettre la main sur Looza, une entreprise de jus de fruits basée dans le Limbourg. Pendant six ans, il fait grimper le chiffre d’affaires de 500 millions de francs belges (12,5 millions d’euros) à 3 milliards (75 millions d’euros). Une croissance qui l’encourage à revendre l’affaire à Dole qui, un an plus tard, la cédera à Seagram, bien qu’il reste cependant dans la direction de l’entreprise.

En 1997, Interbrew cède Chaudfontaine Monopole (ses eaux de la marque Chaudfontaine mais aussi Duke ainsi que les limonades Limo’h et Parasol) à l’homme d’affaires irano-étasunien. Par le biais de Chaudfontaine Distribution, le holding qu’il a créé, il reprend alors Ben Shaws fin 98, producteur britannique d’eau minérale ainsi que Sunnyland Belgique (Turnhout) et France qu’il rachète, début 99, à McCain. Le succès tarde à venir malgré de nombreux investissements comme dans l’outil de production avec notamment la mise au point une ligne de production de bouteilles en PET réutilisables. Coût de cette installation qui ne sera jamais développée : 25 millions d’euros. A défaut d’un bon réseau de distribution, Abbas Bayat renonce et encaisse le chèque proposé par Coca-Cola qui cherche alors à s’attaquer au marché de l’eau partout dans le monde. Le 1er juin 2003, avec Chaudfontaine Monopole la cession est réalisée. Le groupe Coca-Cola récupère des actifs matériels et immatériels pour un total d’environ 33,5 millions, générant au passage des plus-values comptables pour 23 millions d’euros.

Aujourd’hui, Abbas Bayat possède encore 5 mandats, tous inscrits à l’adresse de la Blue Heron Way au Massachussetts. On notera encore que le patron du Sporting de Charleroi est encore propriétaire des marques suivantes : Sunland (jus de fruits), Duke (eau), Lim’Oh (limonade), Parasol (limonade) et Aquaforce (boisson sportive) via Duke Distribution, du nom de la source située à Francorchamps, et Sunnyland Distribution. Deux entreprises qui ont affiché des pertes cumulées de 1,2 million d’euros pour 43 millions de chiffre d’affaires lors du dernier exercice. A la question de savoir ce qui poussait un homme d’affaires qui a ses entrées aux Etats-Unis à investir dans un club en Belgique, la réponse d’Abbas Bayat est limpide :  » Pas pour gagner de l’argent, vous vous en doutez. « 

Toutefois, depuis deux ans, son club, constitué en société anonyme, affiche des bénéfices. L’année dernière, le Sporting Club de Charleroi a ainsi dégagé 9 millions de chiffre d’affaires pour un bénéfice net de 1,6 million d’euros. Ce qui fait dire à son propriétaire  » qu’en terme de finances, nous sommes le club en meilleure santé de Belgique. « 

l Abbas Bayat est âgé de 61 ans.

l Américain d’origine iranienne, il adore le football et cette passion décuple lors de ses études en Angleterre. Bayat débarque à Londres à 7 ans et son collège est situé à deux pas des temples de Chelsea et de Fulham. Enfant, il est très marqué par la catastrophe aérienne qui, en 1958, décime la grande équipe de Manchester United. Le foot anglais est sa référence pour le jeu, la gestion ou les droits de TV. Logiquement, il se tourne vers le foot pour faire connaître ses sociétés. Il ne cache pas son côté supporter et se met du monde à dos (la Ligue Pro, la Ville, une partie de la presse) en raison de son agressivité.  » Il ne manque que l’allumette de quelques beaux résultats pour enflammer le brasier et faire revenir le monde au stade « , déclare-t-il en juillet 2000. Ce ne sera pas aussi simple.

l Le président de Charleroi parle de ses objectifs avec la foi d’un businessman américain. Il songe au titre mais la récolte des trophées est nulle. Ses colères en font une vedette : il enguirlande ses coaches et les arbitres ! Les Zèbres recrutent du talent en France et sont sur la balle en Belgique (François Sterchele) mais Charleroi ne sort pas du lot.

l Ses joueurs essentiels : Enzo Scifo, Frank Defays, Miklos Lendvai, Greg Dufer, Christian Negouai, Sergio Rojas, Daryush Yazdani, Eduardo, Istvan Dudas, Mahamadou Kéré, Bertrand Laquait, Sébastien Chabaud, Laurent Macquet, Abdelmajid Oulmers, Toni Brogno, Laurent Ciman, Izzet Akgül, Orlando, Fabien Camus, François Sterchele, Tim Smolders, Dante, Joseph Akpala, Cyril Théreau, Geoffrey Mujangi Bia.

l Ses coaches : Manu Ferrera, Enzo Scifo, Etienne Delangre, Khalid Karama et Mario Notaro, Dante Brogno, Robert Waseige, Jacky Mathijssen, Philippe Vande Walle, Thierry Siquet.

Anderlecht Roger Vanden Stock, le rentier pensionné

Rentier pensionné et passionné, Roger Vanden Stock possède une fortune difficilement estimable. La richesse de la famille est issue du petit empire de la gueuze et de la kriek (bière fermentée avec ou sans cerises) lancé par Philémon, son grand-père, puis développé par son père Constant. Au milieu des années septante, Belle-Vue et ses satellites couvraient 80 % du marché de la gueuze et de la kriek dans notre pays. A l’époque, la brasserie réalisait plus d’un milliard et demi de francs belges de chiffre d’affaires (37,2 millions d’euros), et 90 millions nets (2,25 millions) de bénéfice.

C’est alors qu’en échange d’un accord de coopération pour l’exportation, la brasserie louvaniste Artois obtient 43 % des parts de la société. Au fil du temps, Interbrew (futur Inbev) devint l’actionnaire majoritaire. Quant au montant de la transaction, c’est un secret bien gardé par le patron de la maison mauve.

Bien qu’il possède une douzaine de mandats comme président ou administrateur, RVDS concentre son énergie sur son club de football. Devenu un rentier pensionné et passionné, il ficelle annuellement un budget situé entre 35 et 40 millions d’euros, dont 48 % est ponctionné par la masse salariale des joueurs. Président depuis 1997, Roger Vanden Stock ne puise plus dans ses deniers personnels depuis 2003, date à laquelle le club s’autofinance.

Bien que discrète, la ventilation du budget est fort tributaire des résultats sportifs et des transferts. De façon générale, quatre pôles d’activités se partagent approximativement un quart des rentrées chacun. Première source : la billetterie et les abonnements. Deuxième poche : le sponsoring avec Fortis et Adidas. Un florilège d’autres sponsors s’affichent dans et autour du stade (Coca-Cola, Opel, Belgacom,…). Un autre package comprend les droits télé (3,4 millions d’euros), diverses manifestations et le fan-shop (4 millions de chiffre d’affaires). Enfin, les activités business-to-business comme la location des 39 loges (35.000 euros/an), les 1.600 business seats (2.500 euros le siège par an) et le catering qui va avec (4,6 millions d’euros de chiffre d’affaires).

Dernier projet en date : le changement de structure juridique. L’idée du président Vanden Stock est de passer d’une ASBL en une société anonyme (SA). L’objectif visé étant d’ouvrir le capital du club de l’ordre de 49 % afin de permettre à des familles belges fortunées d’injecter des capitaux frais. Autre avantage : apporter de la transparence dans la structure du club car actuellement, une flopée de sociétés gravitent autour de l’ASBL : Simone Defloor Media, Football Academy, Saint-Guidon, RSCA Center Brussels, Winners,… Toutefois, le projet de SA traîne depuis quelques années déjà. En cause : la difficulté de décrocher un ruling auprès du ministère des Finances et ce, sans débourser trop d’impôts  » car si l’on valorise les actifs comme le stade ou les joueurs à la valeur du marché, c’est intenable « , affirme René Trullemans, directeur financier du club.

l Roger Vanden Stock est âgé de 65 ans.

l En 1996, il succède à la présidence d’Anderlecht à son père, feu Constant Vanden Stock. RVDS a toujours été amateur de beau football et n’a jamais joué en D1 mais bien à Anderlecht (Réserves) et à l’Union… où il était fan de Paul Vandenberg. Bon élève souvent premier de classe, il joue également bien au tennis et révèle son caractère de décideur. En 1997, il achève sa première saison présidentielle avec les problèmes d’un Josip Weber qui stoppe, perclus de blessures, et un Gilles De Bilde qui frappe un adversaire en match. On apprend qu’il s’est aussi battu en coulisses contre des maîtres-chanteurs qui terrorisaient son père dans l’affaire de Nottingham (prêt d’argent – 25.000 euros à un arbitre). Il gagnera le procès.

RVDS (qui a des mandats à l’UEFA et à la FIFA) mesure vite que l’Union Belge et les clubs doivent se moderniser. Avec l’aide de Michel Preud’homme, il secoue en vain le cocotier. Déçu par le manque de soutien des clubs pros, RVDS retire sa candidature à la présidence de l’Union Belge (il remet tous ses mandats fédéraux) et se consacre désormais à sa famille et à son club qui a besoin d’un plus grand stade. RVDS vient de signer un grand coup en finalisant le transfert de Tom De Sutter.

l Son bilan national est brillant avec 5 titres et 10 podiums en 10 ans, sans oublier une Coupe de Belgique en 2008, 3-2 contre Gand. Si Anderlecht se qualifie chaque année pour une coupe d’Europe, la gloire est loin et l’élimination face à Bate Borisov au deuxième tour qualificatif de la Ligue des Champions a traumatisé les Mauves.

l Ses joueurs essentiels : Lorenzo Staelens (Soulier d’Or 1999), Daniel Zitka, Jelle Van Damme, Olivier Deschacht, Lucas Biglia, Jan Polak, Bart Goor, Nicolas Frutos, Mbark Boussoufa (Footballeur Pro et Soulier d’Or 2006), Ahmed Hassan, Guillaume Gillet, Filip De Wilde, Glen De Boeck, Par Zetterberg (Footballeur Pro 1997 et 1998 ; Soulier d’Or 1997), Mbo Mpenza, Vincent Kompany (Footballeur Pro 2005 ; Soulier d’Or 2004), Anthony Vanden Borre, Mohammed Tchité (Footballeur Pro 2007), Alin Stoica, Enzo Scifo, Tomasz Radzinski, Jan Koller (Soulier d’Or 2000), Olivier Doll, Yves Vanderhaeghe, Aruna Dindane (Footballeur Pro 2004 ; Soulier d’Or 2003), Besnik Hasi, Nenad Jestrovic, Gilles De Bilde, Ivica Mornar, Walter Baseggio (Footballeur Pro 2001), Hannu Tihinen, etc.

l Ses coaches : Johan Boskamp, René Vandereycken, Arie Haan, Jean Dockx et Frank Vercauteren, Aimé Anthuenis (Entraîneur de l’année 2000 et 2001), Hugo Broos (Entraîneur de l’année 2004), Frank Vercauteren, Ariel Jacobs.

Lokeren Roger Lambrecht : le Napoléon du pneu

S’il y a bien un club de football belge dont le sort dépend quasiment entièrement de son président, c’est Lokeren. En 1995, alors que le Sporting végète en fond de classement de D2 et qu’il a une dette d’un million d’euros, Roger Lambrecht s’associe à une petite dizaine d’investisseurs pour le remettre à flot. Mais depuis lors, c’est lui et lui seul qui tient les rênes – certains le décrivent même comme un dictateur – et il aurait déjà injecté plusieurs millions d’euros dans le club. A 75 ans, Lambrecht concède lui-même qu’il a quelques ennuis de santé (au c£ur), mais il ambitionne de rester président de Lokeren encore au moins trois ans.

Il est vrai que ses fils prennent petit à petit la relève en ce qui concerne la gestion de son entreprise spécialisée dans les pneus. Passionné de football depuis toujours (il a joué lui-même étant jeune), Lambrecht a commencé sa carrière professionnelle chez Michelin, où il a appris à bien connaître le secteur des pneumatiques. Tant et si bien d’ailleurs qu’au milieu des années 60, il devient lui-même grossiste en vente de pneus, transformant petit à petit sa société en une véritable chaîne de magasins spécialisés dans l’équipement et l’entretien automobile. Cette chaîne, rebaptisée QTeam, a pris de l’ampleur ces dernières années grâce à des alliances avec la société wallonne VP (Verviers Pneus) puis la société flamande VDK (Vandekerckhove). Aujourd’hui, la chaîne QTeam compte 87 points de vente en Belgique, avec un chiffre d’affaires qui tournerait autour des 110 à 120 millions d’euros.

On notera aussi que le président de Lokeren est administrateur délégué d’Euro African Consultancy, une société  » récréative et de loisirs  » qui a affiché une perte d’un demi-million l’année dernière, de Lambefimmo, une société en conseil pour les affaires légèrement bénéficiaire, d’Andrimo, une société active dans les études de marché et sondages d’opinion, de Lambemar, une entreprise dans le commerce de gros d’équipements de véhicules automobiles ou encore de LottoCenter II, une société d’organisation de jeux de hasard et d’argent…

A noter que Lambrecht, qui n’est jamais avare de déclarations fracassantes, est un fervent défenseur d’une régionalisation du football belge et qu’il ne désespère pas de réussir un jour à créer un grand club dans le pays de Waes en fusionnant Lokeren, Beveren et Saint-Nicolas. Selon lui, cela permettrait de réunir un budget de 12 millions d’euros et de jouer en permanence devant 12.000 personnes. A titre de comparaison, le budget du Sporting Lokeren tourne cette saison autour des 7 millions d’euros.

l Roger Lambrecht est âgé de 75 ans.

l Gardien de but, a évolué dans différents petits clubs (Standard Lokeren, Vigor Hamme, Jeunesse Arlon), porta le maillot de l’équipe nationale militaire avant de devenir joueur/entraîneur au Standard Lokeren puis d’y abandonner la pratique pour se consacrer à ses affaires.

l Nommé président de Lokeren à 10 matches du terme de la saison 1994-1995, et ancien président de la Ligue pro, il a fêté le retour de son club en D1 en mai 96. Lokeren est une valeur stable mais sans saveur de l’élite avec une troisième place en 2002-2003. Il expose des jeunes talents inconnus d’Afrique, de Scandinavie, d’Europe centrale et des Balkans. Durant les années 70, le club recrutait des stars étrangères affirmées comme les internationaux polonais Wlodek Lubanski et Grzegorz Lato, etc. Récemment, Jan Koller et Daniel Zitka (tous deux cédés à Anderlecht) ou Sambegou Bangoura (transféré au Standard) ont rapporté gros.

l Les principaux joueurs qu’il a fait venir : Staelens, De Brul, Lembi, Koller, Ekakia, Bangoura, Olufade, Zitka, Kristinsson, Vidarsson, Gretarsson, Katana, De Wilde, De Beule, Milojevic, Doll, Overmeire, Bancé, Copa, Mbayo, Maâzou.

l Le président de Lokeren a confié son effectif aux entraîneurs suivants : Chris Van Puyvelde, James Storme, Fi Van Hoof, Willy Reynders, Paul Put, Franky Van Der Elst, Slavoljub Muslin, Aimé Anthuenis, Rudi Cossey, Ariel Jacobs et Georges Leekens

Gand Ivan De Witte, du networking à la présidence

Considéré comme l’un des gourous du recrutement en Belgique, Ivan De Witte est le cofondateur de la société De Witte & Morel, qu’il a créée avec son associé Maarten Morel en 1983. Revendue d’abord à Ernst&Young puis au groupe américain Hudson, dont elle a adopté le nom il y a peu, cette société emploie aujourd’hui quelque 300 personnes et a enregistré un chiffre d’affaires de 33,7 millions d’euros en 2007. Elle est toujours dirigée par De Witte lui-même, même si celui-ci voudrait prendre un peu de recul dans les mois à venir pour ne conserver que la fonction de président du conseil d’administration.

Il est vrai que le football a pris beaucoup de place dans sa vie. Devenu administrateur de La Gantoise en 1988  » pour établir des contacts commerciaux « , il s’est manifestement pris au jeu puisqu’il est devenu président du club en 1999, puis président de la Ligue Pro en 2007. Désireux de professionnaliser le football belge, De Witte trouve que ce n’est pas une bonne chose qu’un club dépende des moyens financiers d’une seule personne. S’il se dit satisfait d’avoir refait de La Gantoise un club ambitieux et d’être parvenu à sortir le club d’une situation financière  » désespérée  » (22 millions d’euros de dettes en 1999), De Witte reconnaît que le temps qu’il a consacré au football a eu un impact tant sur sa vie familiale que sur sa santé.

Homme de réseaux, il connaît tout le monde dans l’économie flamande, particulièrement dans la région de Gand, où il entretient aussi de très bons contacts avec le monde politique. C’est cette habileté dans le networking qui explique sans doute pourquoi la première pierre du nouveau stade de Gand a déjà été posée, alors que les dossiers piétinent à Bruxelles, à Anvers ou à Liège. A noter que le budget de La Gantoise, qui a revu à la hausse ses ambitions sportives en engageant Michel Preud’homme, est passé de 8 millions d’euros à 11,5 millions cette année.

l Ivan De Witte est âgé de 61 ans.

l Bien soutenu par le manager des Buffalos Michel Louwagie (parfois discuté par les joueurs), ce grand chef blanc, moins bonhomme qu’on pourrait le croire, a su acquérir des joueurs à bas prix avant de les vendre pour des fortunes. De même, après quelques échecs, il a su mettre la main sur des coaches de renom et seul Georges Leekens l’a surpris en donnant son accord verbal pour une prolongation de contrat avant de filer à l’anglaise vers Lokeren. Il recruta alors Trond Sollied qui resta une saison (2007-2008) marquée par une présence en finale de la Coupe de Belgique avant que le Norvégien parte de façon houleuse. La direction des Buffalos apprit via son réseau et l’agent de joueurs Milan Broceta que Michel Preud’homme ne resterait pas au Standard et exploita ce temps d’avance sur la concurrence.

l Le manitou de Gand n’a pas encore eu grand-chose à fêter (3e en 1999-2000) mais les Buffalos se rapprochent du top 3. La saison passée, Gand a disputé la finale de la Coupe devant 20.000 supporters (défaite 2-3 contre Anderlecht), 24 ans après leur précédente finale (1983-84 : succès 2-0 contre le Standard).

l Ses joueurs essentiels : Ole-Martin Aarst, Ivica Dragutinovic, Laurent Delorge, Cédric Roussel, Marc Degryse, Gunther Schepens, Frédéric Herpoel (Gardien de l’année 2004), Nicolas Lombaerts, Davy De Beule, Christophe Grégoire, Bryan Ruiz, Dominic Foley, Marcin Zewlakow, Mbark Boussoufa (Footballeur pro 2006), Adekanmi Olufade, Dario Smoje, Sandy Martens, Stephen Laybutt, Jacky Peeters, Nordin Jbari, Milos Maric, Alexandros Kaklamanos, Gaby Mudingayi, etc.

l Ses coaches : Johan Boskamp, Herman Vermeulen, Trond Sollied, Henk Houwaart, Patrick Remy, Jan Olde Riekerink, Georges Leekens, Michel Preud’homme.

Mouscron Philippe Dufermont,  » l’Espagnol  » qui bouche les trous

Kiné de formation, Philippe Dufermont s’est exilé en Espagne en 1985, où il a monté une société active dans le luminaire et l’aménagement intérieur. Devenu président du club l’Excelsior Mouscron en mars 2007 (lorsqu’on lui demande d’emblée d’éponger 4 millions de dettes), il a laissé cette présidence à son cousin Jean-Pierre en juillet dernier, en invoquant des raisons liées à la structure de ses sociétés. Le club, fragile depuis plusieurs années (on avait même évoqué l’arrivée d’investisseurs kazakhs), paraît très dépendant du bon vouloir de Philippe Dufermont.

Quelques-unes de ses déclarations :  » C’est vrai qu’il y a des moments où je me demande ce que je suis venu faire dans cette galère, mais je reprends très vite le dessus « .  » Pas de problème, je serai toujours là pour combler les trous comme je l’ai fait quand il a fallu effacer les dettes du passé, mais j’aimerais que l’on arrête de compter uniquement sur moi. On a trop tendance à dire : s’il y a des trous, l’Espagnol les bouchera « .  » L’Excel m’a déjà coûté 5 millions, je sais que je ne les récupérerai jamais.  »  » Ma nouvelle échéance, c’est juin 2009. Si les résultats sont bons, cela voudra dire que j’aurai bien travaillé et je devrais donc continuer mon investissement. Par contre, si ça ne tourne pas sur le plan sportif, je devrai tirer mes conclusions : je ne suis pas compétent et je n’ai donc plus rien à faire dans ce milieu « .

A noter qu’avant d’entrer dans le club, Philippe Dufermont avait acheté un ancien bâtiment Sarma, situé dans le centre de Mouscron et qui appartenait à la Ville, pour 600.000 euros, afin de le transformer en surface commerciale et en appartements (il possède aussi une société immobilière qui s’appelle Frinvest, qui est d’ailleurs sponsor du club). Le problème est qu’il a payé l’intégralité du montant d’achat dès la signature du compromis via une de ses sociétés en Espagne, et que cette somme a été virée sur le compte de l’Excelsior. Une transaction bizarre qui fait hurler l’opposition à Mouscron, qui dénonce les  » chipotages  » à répétition entre le club et la ville. Le budget du club est de 8,5 millions d’euros.

l Philippe Dufermont est âgé de 56 ans.

l Il n’a pas joué au foot mais installé à Valence, il adore Liga. Ses débuts en 2007 ne furent pas faciles. A peine avait-il annoncé le retour de Georges Leekens au Canonnier que Mac-the-Knife s’empressa de signer à Lokeren. Son choix se porta ensuite sur Marc Brys mais le climat se gâta vite : n’avait-il pas assez  » soigné  » les jeunes Espagnols que le président avait dégottés en prêt à Valence ? Il contacta alors Enzo Scifo et consulta même Stéphane Pauwels qui l’encouragea à ne pas renoncer à cette idée. Après des débuts en dents de scie, Scifo renforça sensiblement son effectif lors du dernier hiver. Le train était sur les rails.

l Mouscron a obtenu la 11e place 2007-2008. Son cousin et successeur au poste présidentiel, Jean-Pierre Dufermont, dépassera-t-il Philippe dans la quête du Graal européen ?

l Ses joueurs essentiels : Mark Volders, Jérémy Sapina, Alexandre Teklak, Gonzague Vandooren, Walter Baseggio, Daan Van Gijsegem, Jonathan Walasiak, Matthieu Assou-Ekotto, Jaycee, Adnan Custovic, Christophe Lepoint et parmi ceux qui sont partis en été : Bertin Tomou, Steve Dugardein, Geoffrey Toyes, Alin Stoica.

Genk Jos Vaessen, des radiateurs aux stades surchauffés

Jos Vaessen est sans doute un des patrons de club les plus riches de Belgique. Notamment parce qu’il a revendu sa société Vasco, un fabricant de radiateurs créé au début des années 70, au groupe américain Masco Corporation en 1998. Une opération qu’il a rapidement regrettée, tant il tenait à son entreprise. Ce qui explique pourquoi le 30 avril dernier, il a finalement racheté Vasco (et l’ensemble des activités chauffage de Masco) pour 155 millions de dollars, en profitant de la faiblesse de la devise américaine. Avant cela, Vaessen n’était pas resté inactif puisqu’il avait racheté cinq autres entreprises (E-Max, LMP, Kreon, Vektron, Zan-Zenon) qui, ensemble, emploient environ 600 personnes et ont un chiffre d’affaires cumulé de 350 millions d’euros. Il envisage également d’investir dans le secteur de l’énergie solaire.

Il a songé à racheter le Standard de Liège, lorsque celui-ci était en difficulté il y a 10 ans. Depuis le passage très tumultueux de Steven Defour de Genk au Standard, il est fâché à mort avec Luciano D’Onofrio, et dénonce publiquement sa manière de faire des affaires. C’est également lors de cet épisode, en juin 2006, qu’il a quitté avec fracas la présidence du club de Genk (un poste qu’il occupait depuis 2001), en se réjouissant de redevenir  » un industriel à 100 %  » et en criant haut et fort que le milieu du football est un  » monde pourri « . Ce qui ne l’empêche pas de continuer à jouer un rôle de premier plan au Racing Genk, dont il est toujours le président du conseil d’administration.

 » Avant, je consacrais sept à huit heures par jour au club, maintenant ce n’est plus qu’une heure et demie « , précise-t-il. Vaessen affirme avoir injecté près de 10 millions d’euros dans le club limbourgeois, mais il assure avoir récupéré 80 % de cette mise. Il se réjouit par ailleurs du fait que la Cristal Arena de Genk est devenue un endroit où on fait du business :  » Toutes les deux semaines, 3.000 hommes d’affaires y mangent bien et y font du networking « . Selon lui, il a réussi dans le football parce que c’est un milieu qu’il connaît très bien, et où il est actif depuis 30 ans, d’abord à Rotem (en Provinciale) puis au Patro Eisden et enfin à Genk. Il dit que quand son équipe gagne, il est sur un nuage pendant quelques jours, et que cela lui donne davantage d’énergie pour affronter le monde des affaires. Le budget du Racing Genk est passé de 18 millions d’euros à 19 millions cette année.

l Jos Vaessen est âgé de 64 ans.

l Il a joué jusqu’à ses 18 ans à Stokkem (P2 du Limbourg) et suivait Waterschei et Winterslag avec ses trois frères et son père. Depuis dix ans, sous sa gouverne, Genk a changé de statut. En 1998-99, le Racing comptait une moyenne de 14.288 spectateurs. Elle est aujourd’hui de plus de 23.000. Même si la présidence est désormais occupée par Harry Lemmens, on devine l’importance du rôle assumé par cet industriel belge d’origine néerlandaise.

l En 1999 et 2002, Genk s’empare du titre. En 2002-2003,Genk accueille la Ligue des Champions : Real Madrid, AS Rome, AEK Athènes. Le club a deux Coupes de Belgique (1998, 2000) et huit qualifications européennes (3 en C1, 1 en C2, 2 en C3, 2 en Intertoto). Il y a eu des couacs comme le renvoi de René Vandereycken en 2005 (Vaessen voulait un jeu spectaculaire), même si Genk écarta le… Standard de l’UEFA au bout de deux test-matches. VDE aurait touché un dédit de 900.000 euros mais Vaessen a toujours démenti.

l Ses joueurs essentiels : Besnik Hasi, Marc Hendrikx, Domenico Olivieri, Souleymane Oulare (Footballeur pro 1999), Branko Strupar (Soulier d’Or 1998), Thomas Chatelle, Koen Daerden, Josip Skoko, Wesley Sonck (Soulier d’Or 2001, Footballeur pro 2002), Bernd Thijs, Moumouni Dagano, Logan Bailly, Koen Daerden, Steven Defour, Sébastien Pocognoli, Orlando Engelaar, Tom Soetaers, Barda Elianiv, Joao Carlos.

l Ses coaches : Aimé Anthuenis (Entraîneur de l’année 1999), Jos Heyligen, Johan Boskamp, Pierre Denier, Sef Vergoossen (Entraîneur de l’année 2002), Pierre Denier & Ronny Vangeneugden, René Vandereycken, Hugo Broos (Entraîneur de l’année 2007), Ronny Van Geneugden.

Cercle Bruges Frans Schotte, le libraire millionnaire

Né à Lendelede en 1947 et titulaire d’un diplôme en sociologie à la KUL ainsi qu’en management à la Vlerick Management School et à Fontainebleau, Frans Schotte, le discret président du Cercle Bruges, dirige la chaîne de librairie Standaard Boekhandel depuis près de 25 ans. A l’instar de son patron, cette enseigne est peu connue en Wallonie. Pourtant, en Flandre, c’est un véritable rouleau compresseur. Quintuplant le nombre de filiales en vingt ans (20 en 1984 ; 125 en 2008), Schotte a dessiné une toile d’araignée qui permet aujourd’hui à 90 % des Flamands de trouver une librairie Standaard Boekhandel à moins de 10 kilomètres d’où ils résident. Résultat : un tiers des livres vendus en Flandre s’effectuent auprès des comptoirs de Frans Schotte.

Une position dominante qui permet à l’entreprise de générer près de 147 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un bénéfice net de 10 millions d’euros. Grâce à une politique de prix serrés, via une centrale d’achat performante, Standaard Boekhandel s’arroge une grande partie des contrats à destination des institutionnels, comme les bibliothèques et les écoles. Notons que Standaard Boekhandel n’est plus une entreprise familiale depuis que Schotte a cédé en 2004 sa minorité de blocage de 15 % à Zuid-Nederlandse Uitgeverij pour un montant resté secret mais qui assure les arrières familiaux pour plus d’une génération. Outre son statut de président du Cercle et de Standaard Boekhandel, Schotte est également administrateur du holding Verihold qui chapeaute la chaîne de détaillants Veritas et de leur grossiste fournisseur Veriac, dont les ventes ont bondi de 40 % ces cinq dernières années et le bénéfice opérationnel est passé de 500.000 à 1,5 million d’euros. Schotte a également mis sur pied sa société Schotte Management. C’est cette dernière qui lui sert de véhicule pour assurer ses différents mandats qui lui rapporte près d’un million d’euros de bénéfice annuel.

Parallèlement, il préside également le Gouden Uil, le plus important prix littéraire en Flandre… et le plus contesté étant donné que parmi les sponsors de ce prix on retrouve le groupe Standaard Boekhandel. Un sponsoring qui ne cache pas son intérêt à voir gagner une star littéraire à forte présence médiatique. En 2000 il rejoignit le conseil d’administration du Cercle Bruges, assumant la responsabilité de la gestion financière de l’association. Début 2002, il succéda à Paul Ducheyne pour présider aux destinées du Cercle. Son mandat de président se termine en 2008.

l Frans Schotte est âgé de 61 ans.

l Le président brugeois n’a pas de passé balle au pied mais en 2000, il cherche un hobby pour sa pension. Gand tente de l’attirer mais trouve chaussure à son pied dans un club très tranquille : le Cercle Bruges dont il est président depuis 2002. Schotte se sent bien au Jan Breydel Stadion qu’il partage avec le Club Bruges. Il ne souhaite pas quitter cette enceinte alors que le Club oui. Schotte a rapidement effacé une ardoise de 700.000 euros et sa société investit 75.000 euros par an comme sponsor : une partie de cette somme est déduite de son salaire !

l Après le retour en D1 (2002-2003), le Cercle a navigué dans l’indifférence avant de casser la baraque en 2007-2008 (4e) sous la direction de Glen De Boeck. Cet essor a suscité l’intérêt et Anderlecht a déjà acquis la vedette de l’attaque Tom De Sutter. Il changera de club en janvier contre un chèque de 3,5 millions.

l Ses joueurs essentiels : Frederik Boi, Vital Borkelmans, Harold Meyssen, Denis Viaene, Dieter Dekelver, Tom Van Mol, Stijn Desmet, Darko Pivaljevic, Djordje Svletlicic, Stijn Desmet, Jimmy De Wulf, Tom De Sutter, Thomas Buffel, Bram Verbist, Honour Gombani, Besnik Hasi, Sergyi Serebrenikov, Tony Sergent, Oleg Iachtchouk.

l Ses coaches : Jerko Tipuric, Harm van Veldhoven, Glen De Boeck.

G. Beerschot Jos Verhaegen :  » Un hobby, ça coûte « 

Jos Verhaegen est un entrepreneur dans l’âme. En 1964, à seulement 23 ans, il fonde la société Vimmo, spécialisée dans les cuisines, le chauffage et les installations sanitaires. En pleines golden sixties, celle-ci se développe rapidement. En 1969, il s’associe avec son frère Albert et son ami René Snelders pour créer la société de construction Versnel, qui connaît elle aussi une croissance rapide.

C’est avec ces deux mêmes complices qu’il se lance dans le football en 1976, en réussissant l’exploit de parvenir à faire monter le petit club du Germinal Ekeren de P3 jusqu’en D1 et en parvenant même à atteindre la coupe d’Europe. En 2003, après trois ans passés un peu plus en retrait comme actionnaire minoritaire du club, il reprend la présidence du GBA (né de la fusion entre le Germinal Ekeren et le Beerschot), en rachetant les 72,5 % détenus par l’Ajax. Un club avec lequel il a de grandes ambitions.  » Je ne sais pas faire autrement que de viser le plus haut, tant dans le football que dans le monde des affaires « , dit-il.

Quand on lui demande combien il a déjà investi dans le football, il prétend qu’il n’y a pas fait attention mais qu’il a surtout mis beaucoup de temps et d’énergie.  » Un hobby, ça coûte « . A noter que les sociétés Vimmo et Versnel existent toujours aujourd’hui : la première est gérée par Verhaegen lui-même avec son beau-fils Gunther Hofmans (une ancienne gloire du Germinal Ekeren) et a enregistré en 2007 un chiffre d’affaires de près de 2,5 millions d’euros, tandis que la seconde est gérée par René Snelders et deux fils Verhaegen, Petrus et Jozef, avec un chiffre d’affaires plus conséquent de près de 24 millions d’euros en 2007. Jos Verhaegen est également administrateur délégué de la société Verbrouw.

A noter que Roderick Duchâtelet, le fils de l’homme d’affaires flamand RolandDuchâtelet (qui est aussi président du club de Saint-Trond), est administrateur au GBA. Le budget du club, resté inchangé cette saison, tourne autour des 9 millions d’euros.

l Jos Verhaegen est âgé de 66 ans.

l Le dirigeant anversois est un enfant de la balle qui a vécu une jeunesse portuaire à Wilmardonck. Avant de se fixer à Ekeren, il étala sa technique de frêle attaquant à Olse Merxem. Il admirait les footballeurs costauds et, comme dirigeant, a toujours réussi des mariages entre jeunes anciens de leur carrière. Parmi les nombreux exemples, il y a celui de Jos Daerden. Il allait signer à Prayon et Verhaegen le détourna vers Ekeren avant d’embrigader Simon Tahamata. Pour cet homme qui n’aime pas s’exposer, il n’y a qu’un secret : prudence, patience et travail.

l Son club a gagné la Coupe de Belgique en 1997 (Germinal Ekeren) et en 2005 (Germinal Beerschot). La fusion date de 1998 et le club est un habitué du ventre mou de la D1 malgré un style technique et offensif. Survivre à Ekeren (très peu de public) était impossible mais la fusion avec le Beerschot rendra-t-il ses lettres de noblesse au foot anversois ? Deux mauvais signes : le club du Kiel a stoppé son alliance avec le puissant Ajax d’Amsterdam et en fin de saison passée, les Anversois se sont défaits de leur directeur technique, Aimé Anthuenis, car trop cher !

l Ses joueurs essentiels depuis le Germinal Beerschot en 1998 : Kenny Steppe (Gardien de l’année en 2008), Didier Dheedene, Daniel Cruz, Tosin Dosumnu (meilleur buteur en 2006 : 18 buts), Sabah Malki, Khalilou Fadiga, Faris Haroun, François Sterchele (meilleur buteur de D1 en 2007 : 21 buts), Hernan Losada, Jan Moons, Marc Schaessens, Mike Verstraeten, Cvijan Milosevic, Gunther Hofmans, Wesley Sonck, Marc Degryse, Luciano, Jurgen Cavens, Kristof Snelders, etc.

l Ses coaches : Herman Helleputte, Franky Van der Elst, Marc Brys, Jos Daerden, Harm van Veldhoven.

par valéry halloy et mathieu van overstraeten (trends/tendances, portraits financiers), et pierre b

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire