Cela fait bientôt quatre mois que Johan Vermeersch, président du FC Brussels, a créé l’ASBL Centre de Formation Brussels. Le point.
Le Centre de Formation Brussels compterait déjà près de 4.500 jeunes âgés de moins de 16 ans disséminés dans une quinzaine de clubs, bruxellois pour la plupart, et cela fait bien plaisir à son inventeur, Johan Vermeersch : » Mon objectif est de mettre en place une école de jeunes à la française mais en ajoutant l’aspect social, qui me semble primordial. Actions, sponsors, événements, stages, tournois et équipementier seraient dès lors mis en commun. Une de nos premières concrétisations au niveau sportif est l’organisation, le 3 janvier, d’un grand tournoi pour les Minimes. Le centre a déjà trois sponsors principaux : TotalFinaElf, SN Brussels Airlines et Euromut. Il a également obtenu un subside de 1.000.000 d’euros de la Région Bruxelles-Capitale pour l’année 2004 « .
Vermeersch a confié la gestion administrative à Guy Debisschop, un ancien journaliste sportif, qui précise : » L’ASBL compte 14 clubs. Parmi eux, dix sont fondateurs car ils font partie des 19 communes bruxelloises. Il s’agit du FC Brussels, d’Etterbeek, d’Evere, de Saint-Michel, des Gunners de Woluwe-Saint-Pierre, d’Uccle Léopold Forestoise, du Scup-Dieleghem Jette, d’Auderghem, de Saint-Josse et du Maccabi Brussels. Pour le subside, Daniel Ducarme, Ministre-président de la Région Bruxelles-Capitale, a logiquement demandé de se limiter à ceux-ci. Les quatre autres sont donc seulement des clubs partenaires : Rhode-Verrewinkel, le CS Brainois, le club de Deux-Acren et celui du Collège de Bonne Espérance à Binche, dont l’école des jeunes est dirigée par Jean-Paul Colonval « .
Les infrastructures
Vermeersch voit grand pour le centre et veut attirer encore d’autres clubs. Selon ses propos, il serait en tractations avec des clubs tels que l’Union, Ganshoren et Neder-Over-Heembeek. Il envisage aussi de travailler avec des Foot-Etudes et va commander une évaluation des infrastructures de la plupart des clubs bruxellois.
» Les terrains de Boitsfort et de Schaerbeek sont quasiment à l’abandon. C’est inadmissible ! Il y a vraiment un travail immense à réaliser dans Bruxelles et ses alentours « , dit-il.
Vermeersch a déjà signé un contrat avec Baliston qui court sur trois ans. Cet équipementier français offre 500.000 euros de matériel et ce, chaque année. Debisschop et Vermeersch se sont également déplacés à Bruges pour se renseigner sur les terrains synthétiques construits par la firme Domo. Ceux-ci sont effectivement idéaux pour la formation des jeunes.
» Quand on pense que certaines équipes de Saint-Michel s’entraînent encore sur un terrain en sable, on se rend compte qu’il y a un immense travail à effectuer à ce niveau-là. On espère faire construire deux ou trois pelouses synthétiques par an à Bruxelles « , avance Debisschop. » Elles coûtent extrêmement cher : 420.000 euros. Pourtant, elles me semblent être indispensables pour des clubs qui comptent plusieurs équipes de jeunes. On peut sans problème y évoluer durant 24 heures et cela ne porte pas vraiment à conséquence. Pour ce qui est de Baliston, chaque club va, par exemple, recevoir des jeux de maillots pour chacune de leurs équipes. Ce sont les mêmes modèles avec lesquels le FC Brussels et Mouscron évoluent. Cette marque française a envie de se faire connaître en Belgique et a décidé de centrer sa tactique marketing sur Bruxelles. Les 14 clubs concernés reçoivent donc une dotation gratuite et j’espère qu’ils ne sont pas seulement intéressés par celle-ci. Un des buts du centre est de donner des moyens matériels à ces entités pour améliorer la formation des jeunes. Il faut qu’elles s’investissent réellement et qu’elles participent « .
Le sportif
Tout le secteur sportif doit encore être mis en place, cependant. Mais si le centre n’a pas encore déterminé de directeur technique, Vermeersch a déjà trouvé un accord avec l’école des entraîneurs de la fédération qui va lui en fournir et Said Haddouche, un des responsables de l’école, va participer à la vie sportive du centre.
» Il fait partie de ces personnes qui ont des idées révolutionnaires en matière d’entraînements « , affirme Debisschop. » Il va s’impliquer grandement dans la direction technique du centre qui va être confrontée à la difficulté de propager ses directives. Un centre de formation classique ne rencontre jamais ce problème car il est situé à un seul endroit et non pas divisé en plusieurs entités. En fait, chaque club va recevoir un ou deux entraîneurs diplômés. Ils vont dès lors y effectuer leur stage et assumer la fonction de coordinateur sportif, sauf s’il y a déjà un élément compétent. C’est là qu’entrera logiquement en jeu notre futur directeur technique qui va donner des directives aux coordinateurs pour assurer que les clubs travaillent dans la même direction « .
On peut légitimement se demander si ce centre de formation n’a pas pour but caché d’exercer un monopole sur la formation des jeunes à Bruxelles et, de ce fait, d’attirer les meilleurs jeunes au FC Brussels. A cela Debisschop répond : » Si un jour, il y a un petit Enzo Scifo dans un des clubs, il serait logique que ses dirigeants l’oriente vers le FC Brussels. Mais chaque joueur restant libre, il n’y a aucune obligation. A long terme, on envisage des entraînements avec les six ou sept meilleurs éléments, choisis parmi tous les clubs, de chacune des catégories d’âges, des Diablotins aux Scolaires. Des colloques, des séminaires et des stages dans les grands centres de formation français tels que Lille ou Lens sont aussi des idées pour l’avenir « .
Le social
D’après Vermeersch, l’objectif principal du Centre de Formation Brussels reste cependant le social, principalement dans les communes bruxelloises : » A la base, on ne s’intéresse pas aux qualités des joueurs. N’importe quel enfant peut s’inscrire dans un des clubs. Avant la formation sportive, on vise surtout l’éducation de nos jeunes. A Bruxelles, trop de jeunes traînent la rue. L’école termine vers 16 heures et ils sont livrés à eux-mêmes et souvent confrontés à des problèmes tels que la drogue ou le vandalisme. Le décrochage scolaire est également très important. Par ce projet, on veut effectuer de la réinsertion en attirant ces jeunes par le foot. Or, ils sont vraiment laissés à l’abandon. Tout le monde les critique mais personne ne fait rien ! Nous allons essayer de développer un esprit social dans le foot des 19 communes bruxelloises. J’espère aussi dans le futur pouvoir proposer d’autres sports aux jeunes et on pourrait aussi travailler avec des organisations de quartiers « .
Debisschop va aussi introduire une cellule sociale dirigée par Souad Razzouk, la conseillère en santé mentale, toxicomanie et matières sociales de Didier Gosuin, ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale. Le rôle des assistants sociaux sera de déterminer les jeunes réellement en difficultés. Ces derniers bénéficieront de la gratuité de la cotisation dans un des clubs et d’un suivi social et scolaire. Ils seront ensuite orientés vers des études pratiques comme l’Infac et l’Infobo.
» Il faut vraiment effectuer un travail de fond avec les jeunes en difficultés et ne plus baser la réinsertion sur des théories occupationnelles. Je pense que leur réintégration peut passer par le sport. On travaille à une petite échelle évidemment mais si on peut réinsérer 50 jeunes par an, ce sera déjà un succès « , conclut Debisschop.
Tim Baete