LE BESOIN DE CHANGEMENT

Le VfB Stuttgart est un club allemand de tradition qui a été rétrogradé en deuxième Bundesliga en mai dernier et joue devant une moyenne de 45.000 personnes. Il y a deux semaines, il a rompu avec son entraîneur néerlandais, le spécial Jos Luhukay. Quelques jours plus tard, Stuttgart présentait un parfait inconnu, Hannes Wolf. Jusqu’alors, il entraînait les jeunes du Borussia Dortmund. Jürgen Klopp l’avait repéré dans les divisions régionales du football allemand. Il fournissait un travail remarquable à Dortmund et le VfB Stuttgart le savait. Il a décidé de renouveler complètement son staff. Il a même permis à Wolf d’emmener l’adjoint avec lequel il travaillait en U19 du Borussia.

Pourquoi n’y a-t-il jamais de réflexion en ce sens en Belgique ? Pourquoi les clubs puisent-ils constamment dans le même vivier ? Il y a dix jours, quand Mouscron avait préparé le C4 de Glen De Boeck, Mircea Rednic se trouvait dans la tribune. Le Roumain avait déjà déclaré qu’il espérait revenir rapidement en Belgique. Quand Westerlo a renvoyé Bob Peeters, il n’a pas vraiment surpris en enrôlant Jacky Mathijssen. Dimanche, le Limbourgeois a beau avoir réalisé un exploit à Anderlecht grâce à sa tactique, il reste à voir si elle aura de l’effet à terme. Mathijssen a été un entraîneur prometteur mais après son passage au Club Bruges, il a été limogé par ses cinq employeurs consécutifs.

En dix saisons, les seize clubs de D1 actuels ont procédé, ensemble, à 138 remplacements d’entraîneurs. Les clubs les prennent constamment dans le même cercle. Ils ont trop peu de connaissance du football pour innover et offrir leur chance à de jeunes talents. Car personne ne sait où sont ces talents. Avant, le Cercle Bruges faisait exception. C’est lui qui a offert sa chance à Georges Leekens au poste d’entraîneur, qui a permis à Glen De Boeck de débuter et qui a repéré Bob Peeters en espoirs de La Gantoise. Si De Boeck et Peeters n’ont pas éclaté, c’est à cause d’un planning erroné : ils ont voulu courir avant de savoir marcher.

Avec sept entraîneurs de plus de 50 ans, il n’est pas vraiment question de rajeunissement en Jupiler Pro League. L’expérience est évidemment nécessaire mais il n’empêche : on a besoin de sang neuf. Qui n’arrive pas. Ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent. Une volée d’entre eux est déjà dans la salle d’attente. Dans l’espoir d’une nouvelle chance. Même s’ils ont souvent été renvoyés.

En ce sens, Anderlecht s’est distingué en choisissant René Weiler, inconnu sur la scène internationale. Le Suisse n’était pas un premier choix mais il se distingue par sa droiture et sa conséquence. Il y a dix jours, on l’a porté aux nues pour avoir plié le match contre Genk, d’un changement offensif.

Suite à la douloureuse défaite contre Westerlo, c’est de nouveau le désenchantement. Un football lent et dépourvu de piment. Anderlecht retombe toujours dans ses travers. Laxisme, nonchalance, mépris de l’adversaire. Quel que soit l’entraîneur, le Sporting est poursuivi par ses péchés mignons. Mais ça cadre bien avec un championnat parsemé de rebondissements, avec une seule constante : le bon football développé par Zulte Waregem. Samedi, la force mentale des Flandriens a été impressionnante. Menés 2-0 par Malines, ils n’ont cessé de croire en leurs possibilités et ils ont refait leur retard pour s’imposer 2-3.

Voilà Olivier Deschacht soupçonné d’avoir parié sur ses matches, ce qui soulève une nouvelle tempête dans le paysage footballistique. Le défenseur affirme être droit dans ses bottes.

Il aurait été bien stupide de prendre des risques de ce point de vue mais trois autres footballeurs sont également soupçonnés. Les sportifs aiment les kicks et vivent dans leur propre univers, souvent irrationnel. Ils flirtent avec l’extrême, se sentent souvent intouchables et perdent le sens des réalités.

Cela vaut-il aussi pour Olivier Deschacht ? Il faut clarifier la situation le plus vite possible. Ce genre d’enquête se retrouve souvent coincé dans les rets de l’administration, ce qui entraîne insinuations et spéculations et entache le football.

PAR JACQUES SYS

138 changements d’entraîneurs en dix ans.

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