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JORDI CONDOM

Avec un Catalan sur le banc et des petits formats sur le terrain, Eupen détonne dans la compétition belge. L’occasion pour son entraîneur de faire le point sur sa découverte de la Pro League.

1 Après quinze matches disputés, quelle impression vous laisse la D1 belge ?

Déjà, contrairement à ce qu’on peut connaître en Espagne, c’est un championnat qui ne comporte pas beaucoup d’équipes. Je dirais qu’elles se divisent en deux groupes. Le premier groupe vise les play-offs 1 et évolue à un très bon niveau, avec des équipes qui font de bonnes prestations en Coupe d’Europe en plus de quelques  » surprises  » comme Charleroi ou Zulte Waregem, qui travaillent depuis plusieurs années autour de la même philosophie. Et puis, il y a le deuxième groupe, dans lequel se trouve Eupen, et où toutes les équipes ne luttent pas pour les play-offs, mais seulement pour éviter la dernière place. Mais là où le championnat est intéressant, c’est que des surprises semblent possibles chaque semaine, malgré ces différences de niveau entre les deux groupes. C’est la preuve que le championnat est compétitif, mais aussi que les noyaux des grands clubs ne sont parfois pas assez larges pour gérer l’accumulation des matches tous les trois jours.

2 Le manque d’expérience, c’est ce qui vous coûte le plus de points ?

On est encore une équipe irrégulière, parce que certains de nos joueurs n’ont jamais évolué dans un vrai championnat. Ils ne savaient pas vraiment ce que c’était de lutter pour des points. Bien sûr, cela peut nous coûter des unités quand on fait une erreur tactique, ou qu’on concède un penalty, parce que c’est le genre de chose qui s’apprend avec l’expérience et qui n’arrive pas dans une équipe plus âgée. Mais contrairement à ces équipes-là, on sait qu’on a encore une marge de progression très grande dans ce domaine.

3 Dans le  » deuxième groupe « , Eupen évolue dans un style très différent de ses concurrents. Le manque de taille et de force physique, ça peut être préjudiciable dans ce championnat ?

Avant même que la saison commence, on savait déjà que ces paramètres nous feraient défaut. Mais on travaille toujours autour de la même idée de jeu, qui nous convient très bien. Eupen joue un football offensif, avec la possession, et on ne peut pas changer ça. Au Qatar, en Afrique, toutes nos académies forment des joueurs pour évoluer comme ça. Alors, ici, on doit surtout être fort dans ce qu’on fait. Par rapport à la concurrence, on présente d’autres qualités : de la vitesse, de la jeunesse, du talent individuel… Nos joueurs jouent comme ça depuis qu’ils sont petits. On souffre parfois, c’est vrai, mais on prend aussi du plaisir.

4 Jouer le maintien, c’est aussi nouveau pour la plupart de vos joueurs. C’est une nouvelle étape dans leur apprentissage ?

Quand tu joues avec la pression du haut du tableau, comme l’an dernier, et que tu ne peux pas te permettre de perdre le moindre point chaque semaine, ce n’est pas facile mentalement non plus. Cette année, c’est différent. Bien sûr, on commence chaque match avec la volonté de le gagner, mais si tu vas en déplacement à Anderlecht, ce n’est pas aussi grave si tu perds. Mes joueurs doivent surtout apprendre à vivre avec la réalité d’une compétition comme celle-ci : la pression de gagner de l’argent, de jouer devant un public, d’être jugés dans la presse… Tout ça, c’est nouveau pour eux. Maintenant, ça commence à devenir plus normal, et cela se ressent sur le terrain.

5 Vos attaquants font des ravages en contre, mais c’est difficile pour Eupen de défendre devant son rectangle. Vous cherchez encore le bon compromis ?

C’est sûr qu’on doit utiliser les espaces quand ils s’offrent à nous pour arriver devant le but mais dans notre philosophie, on essayera toujours d’avoir le ballon. Et même sans espaces, on a assez de talent individuel pour faire des différences. Donc cette possession, on la veut plus souvent et plus loin de notre rectangle, parce qu’on manque encore d’expérience et de communication pour bien défendre dans cette zone. Des garçons comme Diallo, Diagne, ont seulement 20 ans et ont peu de vécu dans la gestion d’un match. Savoir quand faire une faute ou quand l’éviter, ce sont des choses qu’ils apprennent encore. Mais notre idée restera toujours de marquer un but de plus que l’adversaire. Gagner 5-4, c’est très bien pour moi.

PAR GUILLAUME GAUTIER

 » Notre idée restera toujours de marquer un but de plus que l’adversaire. Gagner 5-4, c’est très bien pour moi.  » JORDI CONDOM

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