Code de conduite du hooliganisme

Le hooliganisme ne se résumerait donc pas à des attaques sauvages, à une anarchie totale dans la violence. Nos trois hooligans sont bien d’accord sur quelques règles. « C’est la castagne, mais on respecte les supporters adverses qui s’en tiennent au règlement », signale M. « Le hooliganisme est une mafia avec ses règles propres. Il y a un contrat moral entre nous ».

On ne touche pas aux supporters normaux.

Pas question d’agresser un fan pacifique ou d’ennuyer un enfant sur le chemin du stade. « Ça me fait bien rire quand j’entends des petits vieux dire qu’ils ne vont plus au foot à cause des hooligans », explique E. « Nous ne ferons jamais de mal aux supporters qui se déplacent dans le seul but de voir le match. Nos affrontements ont lieu dans des endroits déserts: des petites rues, des parkings d’autoroute, etc. Le but est de se retrouver après avoir échappé à la vigilance de la police ».

Un même nombre de combattants de chaque côté.

Il ne peut pas y avoir de disproportion entre les deux camps. Si cinq Wallon’s Boys cherchent l’affrontement avec l’Antwerp, le X-Side n’enverra que cinq hommes au combat. E.: « J’ai une fois passé un match Standard-Charleroi au cachot. A ma sortie, une vingtaine de gars du Hell m’attendaient et m’ont tabassé. C’est ce qui s’appelle ne pas respecter les règles du jeu. Les hooligans du Standard ne savent pas respecter le règlement et c’est pour cela qu’ils sont aussi mal vus dans notre milieu ».

Il arrive qu’un hooligan ait un copain ou un collègue dans une bande rivale. Si les deux hommes se retrouvent face à face lors d’une bagarre collective, ils s’évitent tout simplement et passent à l’adversaire suivant.

Pas d’arme.

Les hooligans se battent à mains nues. E.: « Il y a dans le Hell Side des crapules qui n’hésitent pas à frapper avec des crics ou d’autres armes. Intolérable! »

On ne frappe pas un homme à terre.

Une fois qu’un hooligan est à terre, on n’y touche plus. Pas de coup de pied au visage ou de coup de grâce.

On sort l’adversaire de sa voiture avant de le frapper.

Les hooligans ne boxent pas dans les voitures. Ils arrêtent le véhicule de l’adversaire et en sortent celui-ci avant de commencer le combat.

Pas de dénonciation.

« Il y a très peu de condamnations de hooligans parce que les plaintes sont très rares », explique E. « C’est une des règles de notre code moral: on ne vend personne à la police. Même si on s’est retrouvé aux soins intensifs ».

Les spotters sont tolérés.

Les groupes de hooligans ont des taupes, des membres qui s’infiltrent dans les gangs adverses pour apprendre de nouvelles façons de « travailler ». Et le noyau dur de chaque club belge est accompagné en permanence, le jour des matches, de spotters (policiers et gendarmes) qui observent, écoutent et répriment au besoin. Ils suivent les hooligans dans leur café, dans la rue, dans le stade. « Nous les acceptons à la seule condition qu’ils n’essayent pas de jouer aux malins », signale E.

Tentatives d’union admises.

Elles ont déjà eu lieu dans le cadre des matches de l’équipe nationale. Mais cela se passe rarement bien. M.: « En général, on finit quand même par se taper dessus. Au Pays de Galles, nous avons fait cause commune avec le X-Side de l’Antwerp pour affronter les Gallois. Mais en Ecosse, la police de Glasgow a dû séparer les Anversois et les Standardmen ».

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