C’est plus que jouable

Marc Wilmots aurait-il donc hérité de la fameuse patte de lapin chère à Guy Thys autrefois ? On peut tout doucement se poser la question. Car après avoir été gâtés déjà par le tirage lors des qualifications pour la Coupe du Monde, avec la seule Croatie comme épouvantail, le sort nous aura été une fois de plus extrêmement favorable à l’occasion de la composition des groupes de la phase finale.

Notre sélectionneur national peut même s’estimer doublement verni. Au plan sportif d’abord, car l’Algérie, la Russie ainsi que la Corée du Sud, nos opposants dans la poule H, ne sont pas des foudres de guerre, même si toute équipe présente sur la grande scène brésilienne a bien sûr ses mérites.

Logistiquement aussi, les dieux du football se seront montrés tout particulièrement cléments avec nous. Car être versé dans la dernière urne, c’était l’assurance de disputer tous ses matches à moins d’une heure de route ou d’avion du camp de base, à Mogi das Cruzes, dans la grande banlieue de Sao Paulo.

Et comme le dicton dit qu’il n’y a jamais deux sans trois, les partisans des Diables Rouges se frottent les mains aussi. Car Belo Horizonte, lieu de l’entrée en matière de nos représentants, ne se situe, toutes proportions gardées, qu’à un jet de pierre de Rio de Janeiro, où la plupart séjourneront.

Idem pour Sao Paulo, théâtre de la 3e rencontre des nôtres face à la Corée du Sud. Entre les deux, les fans seront encore un peu plus aux anges avec une visite au mythique Maracana, où Vincent Kompany et ses partenaires en découdront devant la Russie. L’Union Belge espérait un contingent de 5000 sympathisants pour appuyer le team Belgique. Eu égard à la tournure des événements, ils devraient être encore plus nombreux sur place.

La frénésie qui entoure notre équipe représentative contraste évidemment avec la morosité footballistique sur notre sol. Le Racing Genk et Zulte Waregem font, certes, office de lueurs dans la grisaille, tant en Jupiler Pro League (même si la dernière journée ne leur a pas été favorable) qu’en compétition européenne.

Mais c’est tout de même des trois grands traditionnels, lisez Anderlecht, le Club Bruges et le Standard (classés de manière alphabétique, histoire d’éviter les susceptibilités) que l’on était en droit d’attendre le plus. Et sous cet angle-là, il faut bel et bien déchanter. La preuve, notamment, par les 1/8e de finale de la Coupe de Belgique que les trois ténors n’ont pu franchir.

Si les Bleu et Noir de Michel Preud’homme méritent encore une once d’indulgence face à un giant-killer comme Courtrai, le Standard, lui, n’a guère d’excuses contre le Cercle Bruges. Les épreuves de coupe, qu’il s’agisse de l’Europa League ou de celle qui mène traditionnellement au Heysel, n’ont manifestement pas l’heur d’inspirer Guy Luzon.

Mais à quelque chose ce double malheur devrait être logiquement bon : puisque le calendrier s’éclaircit, l’entraîneur des Rouches pourrait se passer, théoriquement, de son sacro-saint principe de rotation, destiné à ménager ses troupes depuis le début de la saison. Avec une équipe-type, articulée autour de valeurs stables comme Kawashima, Kanu, Ciman, Van Damme, Buyens, Vainqueur et les deux flèches en front de bandière que sont Batshuayi et Ezekiel, les Liégeois possèdent ce qu’il faut, à l’évidence, pour tenir le haut du pavé.

A l’image de la phalange principautaire, Anderlecht n’a, lui aussi, aujourd’hui, plus qu’un seul lièvre à courir. Mais pour dégager un onze performant, son coach, John van den Brom, n’est manifestement pas sorti de l’auberge. On a beau pointer un doigt accusateur sur son vis-à-vis de Sclessin, coupable de changer de compo comme de chemise, le Néerlandais, dans le genre, ne fait pas mal non plus.

Face à Waasland-Beveren, il en était ainsi à sa 23e équipe de départ différente sur 26 matches. Et on ne peut pas dire qu’il ait trouvé la panacée dans l’intervalle. Avec 10 revers subis, le Sporting est loin d’être conquérant. Quant à ses statistiques sur penalty, elles sont ni plus ni moins indécentes : 21 ratés sur 39 sous les ordres du Batave. Soit plus de la moitié. Incroyable mais vrai !?

PAR BRUNO GOVERS

Les Diables Rouges et leurs fans sont vernis sur tous les tableaux.

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