© INGE KINNET

On a très vite parlé du gamin, de ce jeune garçon à la tête de premier de classe qui a débarqué dans le noyau A du Club Bruges. J’avoue, au début, j’ai pensé qu’on faisait beaucoup de foin avec le petit De Keteleare. J’ai eu peur qu’on fasse trop vite une vedette d’un nouveau Thibault Vlietinck. J’ai pensé à Brecht Capon, Nikola Storm, Thibaut Van Acker, Birger Verstraete, Ignace Van der Brempt, Dion Cools ainsi que tous ces autres jeunes que le Club a essayé de nous vendre comme des futurs grands en les faisant débuter tôt dans l’équipe première. Car c’est un symptôme de l’époque de confondre jeunesse, talent et potentiel #SambiLokonga. Rapidement pourtant, il m’a été inévitable de changer d’avis au vu de ses prestations toujours plus affirmées, de la justesse de son jeu de passes et de son instinct de finisseur. Jusqu’à en gêner mes potes quand je leur dis maintenant depuis deux ans que CDK est un futur grand et qu’il a peut-être la trempe d’un De Bruyne. Les similitudes sont évidentes. En plus des qualités citées plus haut, de son air de « je m’en bats les couilles », il a occupé tous les postes offensifs avec un naturel déconcertant, un sens du jeu inné et une technique étonnante.

Ça fait deux ans que je dis que CDK est un futur grand et qu’il a peut-être la trempe d’un De Bruyne.

Charles De Ketelaere est sans aucun doute l’un des joueurs les plus classieux que les supporters de Bruges ont pu voir évoluer. Il a la tête sur les épaules et mène une vie équilibrée. Du côté de Milan, quand le génie semble si facile, on pense tout de suite à Kaká. Et les supporters mettent beaucoup d’espoir dans celui qui partage avec le Brésilien bien davantage qu’une coupe de cheveux hors du temps et un visage de gendre idéal. On n’en est pas encore là, mais en tant que Belges, on se doit d’espérer qu’il réussisse à Milan malgré les quelques 34 millions tatoués sur son front. C’est le transfert sortant le plus cher de l’histoire de la Jupiler Pro League. Devant Jonathan David, qui a réussi à confirmer à Lille. Mais aussi devant Doku et Wesley qui prouvent que la valeur du transfert ne certifie pas plus l’explosion de la carrière que celle des cartilages du genou.

Son coéquipier Stanley Nsoki signe quant à lui le départ le plus improbable du mercato. Il quitte le Club contre douze millions d’euros. Sujet aux fantaisies et aux manquements, il a aussi prouvé qu’il était un défenseur solide et qu’il avait une bonne relance quand il est concentré. Mais douze millions, putain, c’est la valeur d’une défense à quatre Nsoki ça, non? Bruges revend, d’autres achètent. Et parfois même rackettent. À Barcelone, on ne sait plus payer les salaires des soldats venus prêter main forte quand tout s’effondrait. Et dans le même temps, ça se paie la moitié de la planète foot sans aucune vergogne. Comment de telles pratiques sont-elles laissées impunies? Dans un autre monde, il me semble avoir un jour entendu parler de fair-play financier, ou d’un truc du genre. Ici, on ne paie plus Frenkie de Jong pour qu’il dégage, sous prétexte de caisses vides, mais on embauche coup sur coup Lewandowski, Raphinha, Kessié, Christensen, Koundé, on prolonge Dembélé. Et cela six mois après avoir fait Aubameyang, Ferran Torres et peut-être avant les arrivées d’Azpi et de Bernardo Silva. Une « stratégie financière » qui ressemble plus à un coup de poker inconscient ou à un tour d’honneur lamentable: revendre tous ses avoirs pour acheter une équipe qui gagnera la Champions League plusieurs fois d’affilée et ainsi éponger les dettes. Autant miser toute sa fortune sur le chiffre 13 et croiser fort les doigts de chaque membre. À moins que le plan soit plus lucide et parfaitement cynique: continuer à s’endetter jusqu’à la fin du monde. Une stratégie à long terme, en somme. Quoique.

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