5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À RACHID BOURABIA

Tu brilles avec le Lierse comme autrefois à Waasland : sept buts la saison passée, déjà quatre cette saison. Tu parais plus épanoui en Flandre qu’à Mons, c’est étonnant pour un joueur franco-marocain !

C’est tout à fait vrai. Je me sens plus libéré ici. J’ai l’impression que les joueurs wallons ou français sont considérés autrement quand ils arrivent en Flandre et ça explique en partie mon épanouissement. Au Lierse, on sait que je ne suis pas issu de la région, que j’ai une autre culture, et donc on fait tout pour me mettre dans les meilleures conditions, pour me donner confiance. On fait en sorte que tout se passe pour le mieux, sur le plan sportif et extra-sportif. On nous cajole un peu, on fait le maximum pour nous éviter les petits soucis, administratifs par exemple. L’accompagnement est idéal. J’avais été très bien accueilli à Mons mais ce n’était quand même pas la même chose.

Ton entraîneur Stanley Menzo a longtemps joué à l’Ajax, ton directeur sportif Tomasz Radzinski a été une star d’Anderlecht. Dans quelle mesure l’élégance légendaire de ces deux clubs se retrouve-t-elle dans le jeu du Lierse actuel ?

Leur griffe saute aux yeux dans notre jeu. Radzinski a clairement fait son recrutement en visant un football agréable à regarder. Menzo, qui a entraîné plus de dix ans aux Pays-Bas, fait le reste. Ceux qui ont vu le Lierse l’année passée et cette saison doivent être sidérés, ce n’est plus du tout la même chose, même si c’est évidemment compliqué de produire du beau jeu quand on est menacé jusqu’à la dernière journée. Maintenant, ça joue au foot. Le gardien et les défenseurs ne sont jamais censés expédier de longs ballons, le coach demande de construire dans toutes les parties du terrain. Et les résultats suivent. Il nous est arrivé de perdre des matches dans lesquels nous n’étions pas inférieurs à l’adversaire, mais d’un autre côté, nous avons aussi gagné sans très bien jouer, comme contre Mons.

Comment fait le Lierse pour ne pas avoir une défense plus trouée que celle d’Anderlecht alors que dans votre dernier match, votre ligne arrière était composée d’un Egyptien, un Hollandais, un Tunisien et un Estonien ?

(Il rigole). Comment on fait ?… Euh… Des automatismes se sont assez vite créés, l’organisation est bonne et la barrière de la langue est inexistante parce que chez nous, tout ou presque se fait en anglais. Aussi bien les théories que les échanges sur le terrain.

Quand le procès des matches truqués a commencé en septembre, on a un peu abordé le sujet au Lierse ?

Pas du tout. Honnêtement, je n’étais même pas au courant que ce procès avait débuté. Et je ne pourrais pas dire grand-chose sur cette histoire, je ne l’avais suivie que de très loin. J’ai bien entendu parler d’un Chinois mais je m’en fous complètement ! C’est normal que ça ne soit pas un sujet de conversation au Lierse vu qu’il ne reste plus personne de cette période trouble du club. En plus, les joueurs viennent pour la plupart de l’étranger, donc ils n’ont pas de raisons d’être au courant du scandale.

Vous venez de battre Mons, tu as même marqué. Tu as eu l’impression d’affronter l’équipe la plus menacée du championnat ?

Ça ne m’amuse pas de voir Mons à la dernière place mais c’est l’adversaire qui m’a le plus déçu cette saison. Ils sont venus chez nous avec Cedomir Janevski comme nouvel entraîneur, et quand il y a un changement de coach, ça se traduit généralement par un choc psychologique, par une remobilisation. Je n’ai rien vu de tout ça. Je n’ai pas eu l’impression d’affronter des joueurs prêts à se défoncer pour rester en D1. Le bilan de Mons est catastrophique, ce sera compliqué. Je suis persuadé qu’il y a assez de potentiel dans ce noyau mais l’état d’esprit n’est pas bon. Ils doivent redescendre du nuage sur lequel ils sont montés la saison dernière, comprendre que leur septième place ne compte plus, qu’un nouveau championnat a commencé. Ce serait dommage de retourner en D2. De ce club, je retiens un bon premier tour, avec des buts et des assists, puis une éviction que je n’ai toujours pas comprise. Dès qu’Enzo Scifo est arrivé, j’ai compris qu’il ne croyait pas trop en moi. Il m’a mis sur le côté, rien n’a changé pendant la préparation de l’été suivant, alors j’ai choisi de partir. Et je n’ai jamais regretté d’être venu au Lierse. Ici, j’ai franchi un palier.

PAR PIERRE DANVOYE

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