Une femme âgée de 32 ans est morte de la rougeole dans un hôpital de l’ouest de la France, amenant les autorités sanitaires à relancer des messages en faveur des vaccins dans un pays méfiant à leur égard.
Cette jeune mère de famille, non vaccinée, est morte le 10 février, selon le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers, dans la région de Nouvelle-Aquitaine.
« Je l’ai emmenée aux urgences le 1er février, elle était bleue, elle avait 41°C de fièvre ! Ma fille faisait partie de ces enfants qui étaient passés à côté de la vaccination. A cette époque-là on nous disait que ça n’était pas nécessaire », a témoigné dans la presse locale la mère de la jeune femme, Yolande Riquelm.
Ce décès intervient alors que la France vient de légiférer pour porter de trois à onze le nombre de vaccins obligatoires, dont celui de la rougeole, pour les enfants, après de vifs débats.
L’épidémie de rougeole qui sévit en Nouvelle-Aquitaine depuis le début novembre 2017 « persiste » dans cette région, selon l’Agence régionale de santé, qui recense à ce jour 269 cas confirmés, dont un sur quatre (66) a nécessité une hospitalisation, et pour quatre des patients une admission en réanimation.
Ces chiffres ont plus que doublé depuis le 24 janvier.
L’annonce du décès mardi « renforce la nécessité, pour l’ensemble de la population, de vérifier rapidement sa vaccination, seul moyen de stopper l’épidémie », souligne l’ARS, rappelant qu’il « n’existe pas de traitement pour soigner cette maladie » très contagieuse puisqu’un malade peut contaminer jusqu’à 20 personnes.
« La rougeole n’est pas une maladie bénigne, notamment pour les nourrissons et les adultes et peut entraîner des complications respiratoires (pneumopathies) et neurologiques (méningo-encéphalite) pouvant avoir des conséquences très graves », insiste l’ARS.
Selon l’ARS, « la couverture vaccinale en Nouvelle-Aquitaine est actuellement insuffisante pour faire face à cette épidémie : selon les données de Santé publique France, elle varie de 70,8% à 81% selon les départements quand l’Organisation Mondiale de la Santé recommande une couverture de 95% ».
« C’est le reflet de l’histoire de la vaccination en France: il y a des gens de 20 à 40 ans qui ont grandi sans être vaccinés et se retrouvent aujourd’hui non immunisés. Il reste un énorme réservoir de sujets non immunisés », a expliqué à l’AFP Daniel Lévy-Bruhl, de l’agence Santé Publique France.
La France, pays de Louis Pasteur, pionnier de la vaccination, est aussi celui où l’on se méfie le plus des vaccins: 41% des Français interrogés pour une étude internationale de 2016 estiment qu’ils ne sont pas sûrs, un record mondial.
Les anti-vaccins les jugent dangereux (notamment en raison de leurs adjuvants, particulièrement l’aluminium) et se méfient des laboratoires, accusés de privilégier la rentabilité à la santé des enfants.
Avec ce décès, selon Daniel Lévy-Brühl, 21 personnes sont mortes de la rougeole en France depuis 2008, essentiellement de jeunes adultes.