L'ashwagandha, cette plante aux nombreux bienfaits de plus en plus populaire en Europe
L'ashwagandha, cette plante aux nombreux bienfaits de plus en plus populaire en Europe

Stress, sommeil, libido: ce que les influenceurs ne vous disent pas sur l’ashwagandha, nouvelle star des compléments alimentaires

Plébiscitée sur TikTok, Instagram et YouTube comme plante miracle contre le stress, l’ashwagandha promet détente, sommeil réparateur et meilleures performances physiques. Mais que révèle réellement la science derrière cet engouement?

Originaire d’Asie et utilisée depuis des millénaires dans la médecine ayurvédique indienne, l’ashwagandha ou Withania somnifera se consomme traditionnellement en jus ou en pâte. En Europe, on la trouve presque exclusivement en gélules, propulsée au rang de phénomène grâce à une armée d’influenceurs vantant ses vertus sur les réseaux sociaux. Une recherche sur Google suffit à comprendre: des dizaines de pilules à base de cette plante sont en vente.

Classée parmi les plantes «adaptogènes» censées aider l’organisme à mieux gérer le stress, l’ashwagandha est présentée comme un allié polyvalent. Les défenseurs de ce complément alimentaire lui prêtent un éventail d’effets: amélioration du sommeil, prévention du diabète, augmentation des performances sportives, voire stimulation de la libido masculine. Parmi cette avalanche de promesses, certaines semblent avoir un fondement scientifique. «Des études récentes et sérieuses démontrent que l’ashwagandha permet de réduire le cortisol, l’hormone du stress. Il semble aussi agir positivement sur la qualité du sommeil et sur les performances physiques», explique Valentine Verdin, diététicienne.

Le revers de la médaille: effets secondaires et automédication

Les effets indésirables les plus fréquents restent généralement bénins: troubles digestifs, nausées ou somnolence. Mais d’autres, plus rares, ont été rapportés, comme un jaunissement de la peau ou des atteintes hépatiques. Pour Valentine Verdin, ces risques existent mais ne sont pas encore suffisamment documentés. «Tous les médicaments peuvent avoir un effet négatif sur le foie si l’on en abuse, puisque c’est l’organe principal de détoxification. Cela vaut aussi pour l’alcool, le sucre ou les graisses», rappelle-t-elle.

Cependant, le véritable danger pourrait se situer ailleurs: l’automédication. En Belgique, un adulte sur deux de plus de 17 ans consomme régulièrement des compléments alimentaires, souvent achetés librement sur Internet, sans encadrement médical. Une liberté de vente qui ouvre la porte aux excès… surtout lorsqu’elle est amplifiée par la promotion massive des influenceurs, ciblant en priorité les jeunes. «Beaucoup voient dans ces compléments une pilule magique censée régler tous leurs problèmes, sans jamais consulter un professionnel de santé», avertit la diététicienne. Par ailleurs, cette automédication prive souvent les consommateurs d’un regard médical essentiel. Notamment concernant les contre-indications. «Par exemple, l’ashwagandha est fortement déconseillé aux personnes souffrant d’hyperthyroïdie… encore faut-il le savoir», explique Valentine Verdin.

Un marché européen peu encadré

Selon l’organisation de défense des consommateurs Testachats, l’Union européenne porte une part de responsabilité dans cette situation. Elle devrait, selon elle, légiférer plus strictement sur la vente libre des compléments, afin d’éviter qu’ils ne circulent sans avertissements clairs ni contrôle.

Autre problème pointé: la grande latitude laissée aux fabricants dans leurs arguments publicitaires. Testachats recense plus de 1.500 allégations de santé utilisées pour promouvoir ces produits… alors même qu’aucune décision officielle de l’UE n’a encore été rendue à leur sujet. «L’utilisation d’allégations de santé ne devrait pas être autorisée avant qu’une décision de la Commission européenne ne soit rendue», martèle l’organisation. Aujourd’hui, c’est l’inverse: les slogans marketing prolifèrent librement, et Bruxelles ne tranche qu’après coup, parfois plusieurs années plus tard.

En attendant un encadrement plus strict, les spécialistes rappellent que l’ashwagandha, comme tout complément alimentaire, n’est ni une potion magique, ni un substitut à un mode de vie sain. Si la plante fascine sur les réseaux, son efficacité réelle et ses risques potentiels devront encore être étudiés… loin des filtres et des hashtags.

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