Nanorobot removes deposition in a blood vessel, symbolic image for nano technology, modern medicine and life science (computer graphic)

Soigner sans abîmer: les nanorobots, espoir de la médecine ciblée

Face à la difficulté de cibler les cellules cancéreuses sans endommager les tissus sains, la recherche médicale se tourne vers des solutions innovantes. Parmi elles, les nanorobots suscitent un réel engouement. A Stockholm, des chercheurs du Karolinska Institutet expérimentent des particules capables de libérer un traitement uniquement au cœur des tumeurs.

Les traitements actuels contre le cancer se heurtent à un dilemme de longue date: comment éliminer efficacement une tumeur sans affecter les tissus avoisinants? Pour répondre à ce défi, l’équipe de chercheurs du Karolinska Institutet a mis au point un «véhicule thérapeutique» activé uniquement dans l’environnement acide caractéristique des cellules tumorales. Construit à partir d’ADN replié selon la technique de l’origami moléculaire, ce nanodispositif libère ses agents toxiques de manière ciblée. Testé sur des souris atteintes d’un cancer du sein, il a permis de réduire la croissance tumorale jusqu’à 70%.

Cette innovation illustre plus largement le principe des nanorobots: des dispositifs minuscules conçus pour interagir directement avec les cellules malades. L’idée est d’encapsuler une molécule active dans une nanoparticule capable de circuler dans l’organisme, puis de libérer son contenu précisément au niveau de la tumeur. «Le vrai défi, c’est de libérer les particules uniquement là où c’est nécessaire», explique Sébastien Penninckx, maître de conférence à la faculté polytechnique et à la faculté de médecine de l’ULB. Pour donner un ordre de grandeur, une nanoparticule, c’est comme si l’on divisait un mètre un milliard de fois.

Comment les nanorobots transforment la lutte contre les tumeurs

Plusieurs stratégies de ciblage sont à l’étude. Parmi elles, l’utilisation de particules magnétiques que l’on tente de guider par des aimants extérieurs, ou encore l’emploi de particules métalliques activées à distance par radiothérapie. Une des approches explorées consiste à utiliser des particules d’or qui, par elles-mêmes, n’ont pas d’effet. Une fois injectées dans la circulation sanguine, ces particules se dispersent dans l’organisme. Elles peuvent ensuite être activées à distance par radiothérapie. «L’interaction entre le rayonnement et la particule métallique génère un effet thérapeutique ciblé. Ce mécanisme permet de concentrer l’action sur la tumeur, tandis que les particules restantes sont naturellement éliminées par l’organisme», explique Sébastien Penninckx.

Aucun type de cancer n’est actuellement exclu d’une application future, mais son efficacité pourrait dépendre de l’adaptation des particules aux spécificités de chaque tumeur. Si l’oncologie constitue aujourd’hui le principal domaine exploré, les chercheurs entrevoient déjà un potentiel plus large. «On pourrait imaginer des capsules adaptées à d’autres types de traitements ciblés, c’est ce qui fait tout l’intérêt de la nanomédecine», souligne l’expert.

Une technologie prometteuse, encore loin du patient

Malgré des résultats prometteurs, cette technologie reste pour l’instant confinée au stade préclinique. Au-delà de l’efficacité du traitement, des questions persistent quant aux effets secondaires et le devenir des particules dans l’organisme. «Il reste un aspect important à explorer: comment garantir que ces particules soient bien éliminées de l’organisme dans un délai raisonnable», ajoute Sébastien Penninckx.

A l’intersection de la biotechnologie, de la physique et de la médecine, les nanorobots incarnent une piste ambitieuse dans la lutte contre le cancer. S’il reste encore de nombreux défis à relever avant un usage plus large, ces avancées ouvrent la voie à une médecine plus précise et, à terme, moins invasive. Une révolution encore expérimentale, mais porteuse d’espoirs concrets pour les traitements de demain.

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