©PHOTOPQR/LA PROVENCE/VALLAURI Nicolas ; Marseille ; 29/01/2025 ; Illustration sur la consommation de protoxyde d'azote ( ou gaz hilarant ), une drogue qui se présente sous forme de capsules ou de bonbonnes utilisées en cuisine pour les siphons. Surtout plébiscité par les jeunes, le gaz est consommé à des fins récréatives et inhalé à l'aide ballons gonflables. Il peut causer des dommages neurologiques irréversibles. Ici consommation sur la voie publique

Protoxyde d’azote: des usages récréatifs aux conséquences dramatiques

Largement banalisé, le protoxyde d’azote fait aujourd’hui l’objet d’une alerte sanitaire majeure. En France, deux nouveau-nés ont présenté des troubles neurologiques après une exposition in utero. En Belgique, malgré l’interdiction partielle, l’usage récréatif du gaz reste largement répandu, notamment chez les jeunes.

Le mercredi 16 avril, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en France a publié un rapport préoccupant sur l’augmentation des cas d’intoxication au protoxyde d’azote. Pour la première fois, le rapport mentionne que deux bébés sont nés avec des troubles neurologiques liés à la consommation récréative de ce gaz par leur mère pendant la grossesse.

Déjà dans le viseur depuis plusieurs années, le protoxyde d’azote plus connu sous le nom de «gaz hilarant» a cessé d’être un phénomène marginal. Facilement accessible via les cartouches pour siphons à chantilly, les aérosols d’air sec ou les bonbonnes issues du milieu médical ou industriel, il est aujourd’hui massivement détourné pour un usage récréatif. Inhalé à l’aide de ballons de baudruche, il est recherché pour ses effets euphorisants.  

Une consommation en hausse, des risques bien réels

Le Centre antipoison de l’hôpital militaire Reine Astrid, à Bruxelles, observe une certaine persistance du phénomène. Après une augmentation des appels liés au protoxyde d’azote entre 2018 et 2021 passant de 40 à 72 appels, les chiffres se sont relativement stabilisés. En 2023 et 2024, le Centre a enregistré respectivement 65 et 67 appels, des chiffres toujours élevés, mais inférieurs au pic atteint en 2021.

Selon une enquête de Sciensano réalisée en 2021, 16,3% des Belges âgés de 18 à 25 ans déclaraient avoir consommé du protoxyde d’azote au cours de l’année écoulée, une proportion plus élevée que dans les autres tranches d’âge. «Ce n’est pas facile à expliquer. Je pense qu’il s’agit d’une drogue accessible, bon marché et facilement disponible», commente Patrick De Cock, coordinateur en communication du centre antipoison.

Mais derrière cette banalisation se cache une réalité bien plus préoccupante. Les effets secondaires du protoxyde d’azote sont loin d’être anodins, à court comme à long terme. Vertiges, malaises, désorientation ou crises d’anxiété peuvent survenir après une consommation ponctuelle. En cas d’usage prolongé, les conséquences deviennent nettement plus graves: troubles neurologiques, engourdissements, faiblesse musculaire, perte de coordination, douleurs nerveuses, complications cardiovasculaires. Certains patients perdent même temporairement la capacité de marcher.

Les troubles psychiatriques ne sont pas en reste: hallucinations, épisodes délirants et variations brutales de l’humeur peuvent également apparaître. En cause, une carence sévère en vitamine B12, provoquée par l’usage répété du gaz. Or, cette vitamine est indispensable au bon fonctionnement du système nerveux et à la stabilité psychologique.

Les limites de la réponse politique

Face à ces dérives, la Belgique a commencé à réagir. En 2022, la vente de protoxyde d’azote a été interdite aux mineurs. Un an plus tard, le gouvernement fédéral franchissait une étape supplémentaire, en 2023, la vente, l’achat, l’importation, le transport et la détention du gaz sont interdits, sauf usage médical, technique ou alimentaire. Mais ces mesures peinent encore à freiner la diffusion du produit. «Nous ne pouvons que recommander de dissuader l’usage du protoxyde d’azote. Il reste toutefois très difficile de l’interdire complètement, car il a de nombreuses utilisations légales», reconnaît Patrick De Cock.

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